« Gare à la faible récolte 2012 »
2012 », prévient Mathilde Fonteneau. En système coopératif, pour
atteindre la rentabilité, il faut atteindre une productivité minimum de 350 hl
par unité de main-d'oeuvre (UMO). Ce volume - « critère déterminant pour le prix de
revient et donc le revenu du coopérateur » - a dépassé la barre des 700
hl en 2011. Les charges s’élèvent à 10.300 €/ha contre 8.000 il y a dix
ans. L’EBE est « presque au plus haut » depuis 10 ans, se réjouit la
conseillère en gestion. Ramené à l’hectolitre, il en coûte 164 € de
charges en 2012 et après rémunération et remboursements, le prix
d’équilibre est de 193 €/hl. Après ces moyennes, « il y a des
extrêmes ». La moitié des viticulteurs en coopératives gagne plus de
40.000 € ou moins de 10.000 €. La capitalisation continue (30.000 €/ha)
avec l’agrandissement et passe par un recours au salariat
qui occupe déjà plus de deux UMO. Le taux endettement est de 43 % et donc 92 %
présentent donc des risques faibles auprès des banques.
La commercialisation 2010/2011 est globalement stable avec une tendance positive sur les marchés. Le millésime 2009 a été négocié à des prix assez bas alors que le suivant bénéficie des premières retombées de la reprise des marchés à l’exportation. Les mâcons blancs passent de 484 € (millésime 2009) à 500 € la pièce, les bourgognes rouges de 528 € (millésime 2009) à 621 € la pièce. Comme prévu par le CER, la performance économique des coopérateurs se traduit par une baisse des résultats. L’effet de la légère augmentation des charges (+3 % sur la récolte 2010) et la baisse du produit viticole par hectare de 9 % (acomptes sur la récolte 2009 et soldes 2008) réduisent le revenu viticole/Utaf de 17 % et le positionnent à 27.000 €.
Le revenu disponible reste toutefois correct à un montant proche de 2.000 € mensuel.
La barre des 700 hl récoltés dépassée
Ces exploitations cultivent en moyenne 11,61 ha de vignes et emploient 2,12 unités de main-d’œuvre, dont 0,76 salariée. Les structures de production se développent légèrement et régulièrement avec une main-d’œuvre de plus en plus productive. L’agrandissement est devenu incontournable chez les coopérateurs, ce dernier doit être couplé à la rentabilité de chaque appellation. Pour la première fois, la barre des 700 hl récoltés en moyenne par exploitation est dépassée avec la généreuse récolte 2011. Ce volume est déterminant en matière de prix de revient par hl et de revenu du viticulteur.
Progressivement on se rapproche des 6 ha de vignes par unité de main-d’œuvre et des 350 hl récoltés.
Hormis le mode de faire-valoir en métayage et les aléas climatiques, produire 350 hl par UMO exige à la fois un bon parcellaire, une organisation des chantiers et une mécanisation adaptée. Les meilleurs résultats affichent 33 hl de plus par UMO.
La baisse des revenus annoncée s’est effectivement produite sans toutefois remettre en cause l’équilibre économique des entreprises. L’EBE par ha décroche de 10 % et le revenu agricole par Utaf se situe à un niveau encore acceptable et proche de 27.000 €. Les situations financières, dans leur ensemble, saines, sont marquées par un léger désendettement malgré une capitalisation toujours croissante. Les viticulteurs coopérateurs bénéficient depuis 2008 de revenus assez réguliers et supérieurs à 25.000 €/Utaf. Récoltes et prix de vente expliquent ce contexte favorable. Cette situation risque de se retourner en 2013 et 2014 lorsque la faible récolte 2012 entrera en paiement, des situations très disparates seront observées.
Rester vigilant en raison des manques de récolte
La plus faible valorisation de la récolte 2009, vendue au plus fort de la crise, et le solde de la récolte 2008 expliquent, en partie, la baisse de la rentabilité. L’EBE/produit repasse légèrement en dessous des 40 %. L’efficacité économique reste correcte. La progression des annuités bancaires augmente le service de la dette sur l’EBE, ce ratio passe de 42 à 43,6 %. Annuités et prélèvements consomment la totalité de l’EBE, aucune réserve financière n’est laissée à l’entreprise !
La disparité des résultats, en général plus réduite chez les coopérateurs, s’est accrue. Le premier quartile approche 13.000 € par Utaf alors que le quartile supérieur atteint 42.700 €.
Les meilleurs résultats sont obtenus par des viticulteurs ayant un produit brut/ha supérieur de 700 € (effet rendement et valorisation), une plus forte productivité de la main-d’œuvre (+33 hl/UMO) et légèrement moins de charges (-58 € / ha).
Le rapport EBE/Produit atteint chez eux 46 % contre 38 % en moyenne. Les meilleurs résultats s’accompagnent très souvent d’une situation financière moins endettée.
92 % des viticulteurs ont des entreprises encore saines. Il faudra néanmoins rester extrêmement vigilant car les retournements de situation seront très rapides avec les manques de récolte 2012.