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Dégâts aux cultures

Il est temps d'agir !

Les attaques d’oiseaux sont en croissance sur de nombreuses cultures. Ils sont en passe de devenir un bioagresseur majeur pour le maïs comme pour le tournesol. Pour apporter la preuve de la réalité du problème, une vaste enquête a été lancée l'an dernier auprès d’agriculteurs et vous avez été nombreux à y participer. Les résultats montrent ainsi aux pouvoirs publics que l’accès à des moyens de régulation des populations est crucial. Toutes autres solutions permettant d’éloigner les oiseaux des cultures seront également les bienvenues.
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Face aux nombreux dégâts d’oiseaux signalés en 2009 sur maïs, tournesol et autres cultures, Arvalis - en partenariat avec l’AGPM, la FNPSMS, le Cétiom et l’Unip - a lancé une vaste enquête nationale auprès d’agriculteurs ayant observé des dégâts pour mieux identifier les problèmes d’oiseaux sur les grandes cultures (récolte 2009). Les réponses de pas moins de 2.750 agriculteurs, avec près de 4.500 cas couples "culture/oiseaux déprédateurs", concernent essentiellement les cultures de maïs (45 %) et de tournesol (26 %).
Les principaux oiseaux responsables des dégâts sur maïs sont des corbeaux (corneilles noires et corbeaux freux, parfois associés à des choucas). Sur une même parcelle, plusieurs types d’oiseaux déprédateurs peuvent être observés, des dégâts de pigeons (pigeon ramier, pigeon biset) peuvent ainsi venir s’ajouter à ceux provoqués par les corbeaux.
Sur maïs, les attaques ont essentiellement lieu autour du semis et de la levée, elles sont parfois prolongées au-delà du stade 4 feuilles. Sur maïs fourrage, des dégâts d’étourneaux sont déplorés sur les silos ou même à l’auge.
Pour la moitié des maïsiculteurs qui ont signalé des dégâts, la surface faisant l'objet d'attaques après le semis ne dépasse pas 25 % de leur sole maïs. Mais la surface attaquée peut dépasser 50 % : c'est le cas chez près d'un agriculteur sur six en maïs grain ou fourrage. Suite à ces attaques, un resemis partiel est assez fréquemment effectué, il concerne plus rarement la totalité de la surface mais il peut être répété suite à de nouvelles attaques. Le coût et les pertes de potentiel de la culture s'en trouvent alors accrus.
En l’absence de resemis, la nuisibilité estimée (jugée difficile à évaluer !) indique une perte moyenne de 5 à 20 % de la récolte, mais des agriculteurs ont subi des dégâts très importants, supérieurs à 50 %.

Se protéger



La première protection consiste à éviter d’attirer les oiseaux notamment autour du semis : éviter ainsi un semis décalé par rapport aux parcelles environnantes ou un semis très proche du travail du sol, bien contrôler la profondeur de semis et ne pas laisser de graines en surface. Si certaines situations à risque sont difficilement prévisibles, quelques unes peuvent néanmoins être identifiées : parcelle isolée ou grande parcelle avec vue dégagée, culture peu présente dans la région, proximité de bois, de cours d’eau, présence de corbeautières, sol argileux empêchant une bonne pénétration des graines lors du semis…
Il existe des techniques répulsives, mais aucune n’est efficace à 100 % ! Le traitement de semences Gustafson 42 S (ou Royalflo Orange) à base de thirame, substance active fongicide et corvifuge, est homologué sur maïs à la dose de 0,335 l/q pour un usage répulsif Corbeaux (160 g de thirame/q). Ce traitement peut présenter un intérêt mais son efficacité reste modérée et somme toute très variable selon le contexte, c'est-à-dire d’une parcelle à l’autre ou même au sein de la parcelle (voir figure 1). Cette protection est insuffisante face à des attaques importantes, notamment quand le semis est décalé par rapport aux parcelles de maïs environnantes. Un essai conduit en collaboration avec le SRAL d’Alsace témoigne ainsi de l’incidence prépondérante de l’effet date de semis : le semis le plus tardif (le plus décalé par rapport aux semis sur les parcelles environnantes) a été totalement détruit, quelle que soit la protection appliquée sur les semences (semis du 3 juin comparé au 27 ou 28 avril).
Face à une présence soutenue de ces prédateurs, il peut être mis en place des systèmes d’effarouchement : canon à gaz émettant des détonations, cerf-volant ou ballon à yeux de rapace, ou canon Tonnfort associant les méthodes sonores et visuelles. Les corbeaux s’adaptant très rapidement, il convient de les diversifier et de les alterner ou de les combiner.
Cette méthode de lutte - active - nécessite un suivi pour remédier aux adaptations des corbeaux ! Enfin, ne pas oublier que les techniques répulsives, traitements de semences ou effaroucheurs, qui ne font que déplacer les populations d’une parcelle à une autre, peuvent être associées à d’autres techniques réglementées ayant pour objectif de réguler certaines populations à l’origine de dégâts importants.

Surtout, réguler les populations !



La corneille noire, le corbeau freux, le pigeon ramier et l’étourneau sansonnet font partie des espèces inscrites sur la liste nationale des animaux "nuisibles". Ces espèces peuvent, par arrêté préfectoral annuel, faire l’objet d’une dérogation pour une destruction à tir ou par piégeage, après la fermeture de la chasse, avec des modalités spécifiques par département (se renseigner auprès de la Fédération départementale des chasseurs ou de l'Association des piégeurs agréés de Saône-et-Loire : tél. : 03.85.LL.MM.NN).
Attention : le classement préfectoral pour une espèce ne peut être pris qu’en présence de dégâts identifiés. La lutte démarre donc par une déclaration des dégâts, avec identification précise des espèces déprédatrices. Les formulaires pour la déclaration des dégâts sont disponibles auprès de l’administration, ils ne permettent pas des dédommagements mais sont nécessaires pour identifier les besoins et initier des campagnes de régulation.




Le chiffre du mois



20 ans, c’est la longévité moyenne du corbeau freux et de la corneille noire, les deux principaux déprédateurs aériens du maïs. Partiellement migrateur pour le freux et plutôt sédentaire pour la corneille, cela représente une demie carrière de face à face avec un agriculteur !



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