Accès au contenu
Cruiser OSR

Interdit

Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a annoncé le 1er juin
vouloir « retirer l'autorisation de mise sur le marché du Cruiser OSR »
utilisé pour l'enrobage des semences de colza.
Par Publié par Cédric Michelin
123643--jpg_MaisCruser.jpg
Cette déclaration fait suite à un rapport de l'Anses, remis ce même jour au ministre, qui met en évidence un impact « néfaste » de l'insecticide du groupe suisse Syngenta sur le comportement des abeilles butineuses : celles exposées à une dose sublétale du produit ont été plus nombreuses que celles non exposées à ne pas retrouver le chemin de leur ruche, a expliqué Marc Mortureux, directeur général de l'Anses. « Conformément à la procédure contradictoire réglementaire, Syngenta dispose désormais d'un délai de quinze jours pour me faire part de ses observations », a indiqué Stéphane Le Foll. Passé ce délai, la commercialisation de la substance pourrait être interdite. Le ministre prévoit par ailleurs de « saisir sans attendre la Commission européenne de ces questions », son but étant de faire en sorte qu'à l'échelle de l'Europe qui autorise l'insecticide « on tienne aussi compte de cet avis ». Les agriculteurs seront quant à eux « aidés très vite à trouver d'autres substituts », « il n'est pas question de les mettre en difficulté ».















La décision n'est pas fondée selon Syngenta



Le producteur du Cruiser OSR, Syngenta, dénonce la décision du ministre de l'Agriculture de vouloir retirer l'autorisation de mise sur le marché de son insecticide, dans un communiqué du 1er juin. Cette décision « utilise comme prétexte une seule expérience non validée et très éloignée de la pratique agricole ». La dose utilisée dans l'expérience menée par l'Inra est en effet très largement supérieure à celle mesurée en pratique : « l'expérimentation a conduit à une exposition à 1,34 nanogramme/abeille, alors que les observations de terrain montrent des expositions de 0,1 à 0,3 », a confirmé l'Anses qui a conclu par ailleurs son avis sur « un manque de sensibilité du cadre réglementaire, sans toutefois le remettre en cause ». Pour le numéro un mondial de l'agrochimie, la décision est ainsi infondée : il prévient qu'il « s'emploiera à défendre ses autorisations de mise sur le marché ».




Une réaction disproportionnée pour la Fop




A la suite de la communication de Stéphane Le Foll faisant part de son intention de suspendre l’autorisation de mise en marché du Cruiser OSR, le président de la Fédération française des oléoprotéagineux (Fop), Gérard Tubéry, s’est étonné de la décision du ministre de l’Agriculture. Elle « lui semble disproportionnée par rapport aux conclusions contenues dans le rapport de l’Anses ». Si l’organisation syndicale accorde une importance « toute particulière à la protection des abeilles », elle estime aussi nécessaire « de permettre aux producteurs de disposer des moyens de protection des cultures efficaces qui leur permettent de disposer des mêmes solutions que leurs homologues européens ». « Le retrait unilatéral d’une molécule soit s’apprécier dans un contexte de concurrence intra-européenne » ajoute-t-elle. En tout cas, la Fop insiste sur la démarche concertée qui doit prévaloir en la matière. Et souhaite que le ministre de l’Agriculture attende les réponses et précisions complémentaires sur l’utilisation du produit demandées à la firme Syngenta et à la Commission européenne « avant d’arrêter définitivement sa décision ».