Jean-Charles Ducrot à Changy : « c'est l’animal qui va marquer ma carrière ! »
Jean-Charles Ducrot est l’un des éleveurs de la Saône-et-Loire sélectionnés pour représenter la race charolaise au Salon de l’agriculture. Il y exposera une génisse bouchère exceptionnelle et bien charolaise.

Jean-Charles Ducrot élève un troupeau charolais de 50 – 55 vaches ainsi qu’une troupe de 35 brebis charollaises sur la commune de Changy, tout près de Charolles. Le cheptel bovin est inscrit au Herd Book Charolais et il l’était déjà du temps de l’arrière grand-père de Jean-Charles. Depuis son installation en 1992, l’éleveur a continué d’inscrire ses femelles au HBC, de sorte à poursuivre le travail de sélection entamé de longue date par ses aïeux. S’occupant seul de ses animaux, Jean-Charles n’a jamais participé à des concours de reproducteurs. Il a malgré tout vendu quelques futurs taureaux, surtout des mâles de 18 mois à la foire d’octobre de Charolles. Dans sa ferme, Jean-Charles a toujours veillé à limiter les frais et la vente de broutards a souvent été pour lui la meilleure option économique. Un choix conforté aujourd’hui avec l’envolée des cours, fait-il valoir.
Finition à l’herbe
En revanche, l’éleveur engraisse toutes ses vaches de réforme, la quasi-totalité de ses génisses et quelques bœufs. Ces animaux sont finis à l’herbe ; l’exploitation pouvant compter sur de bonnes prairies au bord de l’Arconce. En général, les bêtes à l’engrais reçoivent un peu de céréales produites sur la ferme ainsi qu’un complémentaire. Mais quand l’herbe est bonne, certaines vaches n’ont même pas besoin de ration, fait valoir Jean-Charles. L’élevage est agréé pour les cahiers des charges AOP Bœuf de Charolles et Charolais Label Rouge. L’éleveur a pour habitude de fournir une supérette locale avec des vaches bouchères et des agneaux en circuit court. Une partie des agneaux sont également valorisés auprès de la SAS Métrop de Charolles. Jean-Charles participe régulièrement au Festival du Bœuf.
Le grain de viande est l’un des critères de sélection de Jean-Charles qui est aussi très attaché aux qualités de race et au gabarit pour avoir des animaux complets sans excès. Chez lui, les vaches sont sélectionnées pour vêler, tout en étant capables de donner de belles carcasses classées R +, U-.
Une petite jumelle de 35 kg à la naissance !
Ritournelle est une femelle qui va sur ses 5 ans et dont l’allure illustre bien ce que recherche Jean-Charles. « Elle est née le 10 mai 2020 de jumelles. Elle ne pesait que 35 kg à la naissance et sa sœur était plus grosse qu’elle. Ritournelle était venue au monde la seconde et par le siège ce qui aurait pu lui coûter la vie », raconte l’éleveur. Mais cette minuscule jumelle déjà pleine de vie a tout de suite montré les signes d’une future bonne femelle bouchère. Et en grandissant, elle a aussi révélé de remarquables qualités de race avec de très bons aplombs : autant d’arguments qui permettaient postuler au salon de l’agriculture.
La finition a débuté au printemps 2024 car, « une bonne bête, il faut s’y prendre à l’avance », confie Jean-Charles. Pour cette génisse tardive qui n’a jamais été mise à la reproduction, il a fallu attendre un an de plus, « parce qu’elle continuait de grossir encore », confie l’éleveur. Un an de finition donc, « doucement, sans forcer… ».
Une commission de deux éleveurs experts est venue voir Ritournelle à la mi-novembre. Début décembre, Jean-Charles recevait un appel de l’Organisme de Sélection Charolais France pour lui annoncer que sa génisse était retenue.
Lui apprendre à marcher au licol
L’émotion d’être sélectionné pour le salon de l’agriculture à peine passée, l’éleveur s’est immédiatement retrouvé confronté à la condition sine qua non de l’accès au SIA : Ritournelle devait être parfaitement dressée. Par bonheur, la génisse a toujours été très gentille, confie Jean-Charles. Toute petite, l’éleveur avait pris pour habitude de la rentrer tous les jours pour la faire téter. Et puis ses deux géniteurs – le père est né dans l’élevage de Michel Prost — avaient eux-mêmes de très bons caractères. C’est d’ailleurs un critère auquel Jean-Charles est très attentif car c’est autant de « confort de travail », fait-il valoir. Pour habituer cette imposante charolaise à se laisser guider au milieu de la foule parisienne, Jean-Charles et son stagiaire Louis prennent leur génisse au licol chaque jour pour une promenade ponctuée d’arrêts dans le couloir de la stabulation. Sur les conseils d’autres éleveurs habitués au salon parisien, Jean-Charles a prévu une radio pour imiter le brouhaha d’un salon. Ce dressage est une étape clé puisqu’une vidéo de la bête à la marche est demandée par les organisateurs.
Sollicitations des médias
L’éleveur a dû se plier à d’autres obligations comme cette réunion organisée par l’OS Charolais France au siège de la race à Magny-Cours (58). Il a notamment été question des aspects sanitaires incontournables en de pareilles circonstances. Comme les autres exposants, Jean-Charles a aussi été briefé sur la communication et les médias. Un volet que l’éleveur avoue avoir un peu de mal à supporter. Promu au rang des porte-drapeaux de la race et du label rouge (ACLR), Jean-Charles s’est retrouvé du jour au lendemain à faire l’objet de beaucoup de sollicitations de la part des médias, avoue-t-il. Une pression à laquelle il estime ne pas être préparé. Heureusement, il a pu compter sur l’équipe de l’ACLR pour prendre le relai lorsque les journalistes se montraient trop insistants.
À une quinzaine de jours du salon, la dernière inconnue demeurait ces quatre nuits à passer loin de la ferme de Changy. C’est le jeune Louis qui assurera la surveillance du cheptel et le pansage pendant cette absence. Indiscutablement, ce séjour à Paris aura généré beaucoup de stress, convient Jean-Charles. Mais l’éleveur ne boude pas son plaisir malgré tout, convaincu que Ritournelle sera l’animal qui va marquer sa carrière, comme lui ont promis ses collègues ayant déjà vécu la même aventure.
Concours général agricole : une cinquantaine de charolais s’affronteront à Paris
Le Salon International de l’Agriculture se tiendra du 22 février au 2 mars à Paris.
Cette année, le concours charolais organisé et animé par le Herd-Book Charolais réunira, pour la première fois, des animaux issus des deux programmes de sélection agréés en France. Ce concours aura lieu le dimanche 23 février de 11h à 14h. La race dispose cette année de 56 places avec rotation. 47 animaux sont issus du programme de sélection OS Charolais France : 41 reproducteurs inscrits (taureaux, génisses et vaches), accompagnés de 6 femelles bouchères (5 génisses et une vache de moins de 8 ans). Ces femelles inscrites au livre généalogique et labellisées « Association Charolais Label Rouge », seront exposées de l’ouverture du salon jusqu’au mardi soir. Cette année, la race accueillera un nouveau contingent de 5 animaux issus du programme de sélection OS Union Gènes Diffusion.
À partir de mercredi, il ne restera à Paris que 5 animaux reproducteurs issus du programme de sélection OS Charolais France. Ces animaux qui représenteront la race jusqu’à la fin du salon seront sélectionnés à l’issue du concours.
Animaux de Sâone-et-Loire sélectionnés pour le concours de reproducteurs : Union, Marie-Agnès Degueurce, L’Hôpital-le-Mercier ; Timotei, Michel Prost, Saint-Vincent-Bragny (réserve) ; Princesse, SCEA Pichard Hugues, Montceau-les-Mines ; Unprince, EARL du Grand Monetois/Gaec du Tremblay/Didier Giraud (71) ; Plus Fort, Hugues Aumeunier (71)/Alexandre Ribault (63).
Femelles bouchères : Trinité, Gaec Maréchal, Toulon-sur-Arroux ; Tatoma, EARL Gaudet Fabien, Marly-sur-Arroux (réserve) ; Seignorita, Gaec Vincent père et fille, Oudry ; Sucrette, EARL Ducert Claude, Martigny-le-Comte ; Ritournelle, Jean-Charles Ducrot, Changy ; Reine Des, Frédéric Morin, Saint-Vincent-Bragny.