L’agriculture et sa jeunesse toujours porteuses de dynamisme
Prévue le vendredi 13 mars, l’assemblée générale des JA 71 a pu in extremis être maintenue à Viré. En cette année élective, le conseil d’administration a été renouvelé mais le nouveau bureau ne sera cependant élu que plus tard, une fois la crise coronavirus passée… Joffrey Beaudot, à la tête des JA71 pour quelques semaines encore, a présidé la réunion, entre table ronde consacrée au lien entre la Saône-et-Loire et son agriculture suivie de la signature d’une nouvelle charte installation multipartite.

L’assemblée générale des JA a une nouvelle fois réuni de nombreux représentants de la jeunesse agricole départementale, toutes filières et tous secteurs confondus. Plusieurs temps forts ont marqué ce rendez-vous, parmi lesquels la table ronde consacrée aux atouts que l’agriculture représente pour un département comme le nôtre. Pour répondre à la thématique "comment l’agriculture contribue au dynamisme de la Saône-et-Loire ?", André Accary, le président du conseil départemental, François Legros, président de la FCCBJ (caves coopératives de Bourgogne Jura), Christian Bajard, président de la FDSEA et Sylvain Chopin, éleveur caprin du côté de Chissey-lès-Mâcon.
La mosaïque agricole
À l’image de la notion de climats, propre aux vins de Bourgogne, la Saône-et-Loire représente une « mosaïque de terroirs » comme s’est plu à la présenter François Legros, président de la FCCBJ. « Ce terme évocateur est synonyme de produits de qualité, accrochés à la terre et donc indélocalisables ». Et si les caves coopératives et particulières du département marquent un ancrage territorial fort, elles en sont aussi les porte-paroles à l’international « avec la moitié du volume des vins vendue à l’export ».
Si le vin représente au niveau départemental un chiffre d’affaires important, ce n’est cependant pas la production qui occupe, et de loin, la plus grande surface agricole. Sur ce terrain-là, il faut plutôt regarder du côté de l’élevage charolais « qui a marqué et continue à le faire, l’histoire et le paysage du département », est intervenu Christian Bajard.
Cette vache charolaise, mise à l’honneur lors du dernier Salon international de l’agriculture et pour autant dans une situation économique fragile, n’en reste pas moins « l’un des piliers économiques du territoire ». Ceci notamment grâce « au véritable savoir-faire local en termes de sélection et d’engraissement développés depuis longtemps ».
Surtout qu’au niveau départemental, nombre d’outils ont été développés tels la Ferme de Jalogny, l’Institut du Charolais, le marché de Saint-Christophe, etc.
Les attentes des consommateurs
Ce marché au cadran qui, en matière d’attractions touristiques, « est incontournable le mercredi », rappelle encore Christian Bajard.
Sur ce domaine touristique, « la Saône-et-Loire a tellement de richesses » que la réponse « est complexe à mettre en place ». Cependant, et André Accary poursuit son propos, « le Département répond présent et se montre à l’écoute des agriculteurs dans leurs projets et leurs difficultés ».
Ainsi le président du Conseil départemental a cité, entre autres, la mise en place de l’application Route71, la candidature au patrimoine de l’Unesco basé sur le bocage charolais.
Et l’éleveur caprin Sylvain Chopin a le premier témoigné de l’intérêt de la manne touristique dans le bilan financier d’une exploitation comme la sienne : « 7.000 personnes ont visité la chèvrerie en 2017 ». En très grande majorité des croisiéristes étrangers navigant sur la Saône et invités à cette petite virée « incongrue », notamment lorsqu’il s’agit de touristes américains... : « à la descente du bus, ils arrivent dans la réalité du terrain. Surpris à l’arrivée, ils repartent toujours ravis » et donc ambassadeurs de la Saône-et-Loire, de ses produits et de ses producteurs.
Cette activité est rémunérée sur l’accueil des visiteurs et non sur la vente de produits. L’éleveur a bien rappelé « de ne jamais oublier pour autant notre cœur de métier », c’est-à-dire l’élevage. L’actualité n’a pu que confirmer ses propos : « ce poste reste soumis aux aléas », en référence à toutes les réservations annulées jusqu’en mai…
Des annulations qui touchent aussi tout le secteur de l’œnotourisme… Pour autant, une fois cet épisode aussi grave qu’inédit passé, Christian Bajard souhaite voir « la viande s’inspirer du vin : nous avons 20 ans de retard ! ». Notamment en répondant au plus près à l’attente des consommateurs et surtout en leur fournissant les informations qu’ils recherchent, à l’image des appellations citant les villages, les terroirs, les vignerons, etc., à l’origine du contenu de chaque bouteille de vin…
Le nécessaire optimisme
Ainsi si Sylvain Chopin fait « confiance aux générations qui arrivent », Christian Bajard a complété en plaçant sa confiance « dans la capacité d’adaptation formidable » de l’agriculture. Il ne reste plus qu’à accompagner ceci d’une politique cohérente, nécessité d’autant plus mise en perspective par le CoVid-19 qui aura bouleversé l’économie planétaire poussant « à un retour à l’autonomie alimentaire ». « Je suis optimiste pour la profession en général », a conclu pour sa part François Legros, car en référence à la baisse du nombre d’agriculteurs, « la population aura cependant toujours besoin de se nourrir ».
Le président de la FDSEA l’avait rappelé un peu plus tôt, l’agriculture, à tous les niveaux, représente aussi « une réponse à tout un ensemble de problématiques environnementales et climatiques ».
Ainsi, rajouter à cela les apports économiques, territoriaux, touristiques, l’agriculture semble bien une source de solutions sur laquelle le dynamisme de la Saône-et-Loire peut compter.


Faciliter l’installation des moins de 40 ans

L’année 2019 a vu le nombre d’installations augmenter passant de 97 en 2018 à 103. Si la Saône-et-Loire témoigne ainsi d’une belle dynamique, les efforts doivent pour autant être maintenus. D’où l’élaboration d’une charte.
Tout ce qui est fait pour faciliter l’installation des jeunes agriculteurs est désormais synthétiser dans un document : « la charte départementale pour l’installation-transmission », visant à assurer « le renouvellement des générations en agriculture par des installations viables, vivables et transmissibles ».
Le travail, lancé il y a plusieurs mois, a été officialisé lors de l’assemblée générale du 13 mars par sa signature par les différents acteurs départementaux qui participent, aident et facilitent l’installation des agriculteurs et agricultrices et la transmission des exploitations. L’idée a été de mettre au point « une politique départementale commune en faveur du renouvellement des générations », les signataires s’étant « fixé pour objectif l’accompagnement de tous les projets d’installation ».
Si l’un des objectifs est l’installation d’un jeune de moins de 40 ans pour tout départ à la retraite, il s’agit aussi d’accompagner les cédants, soutenir et former les preneurs qu’ils soient ou non bénéficiaires d’aides, utiliser le salariat agricole comme passerelle à l’installation. Pour cela, sept leviers sont utilisés parmi lesquels la préservation du foncier agricole, l’amélioration du revenu des agriculteurs, la reconnaissance du rôle alimentaire et environnemental de l’agriculture, l’adaptation permanente des dispositifs d’accompagnement, etc.
Outre JA, la chambre d’agriculture, la FDSEA et L’Exploitant Agricole, cette charte a aussi réuni la Safer, Groupama, le Crédit Agricole, Pacifica, Cerfrance, la MSAB, le service remplacement et Cuma Compost et les Cuma BFC.
La communauté de ceux qui aiment l’agriculture

En conclusion de l’assemblée générale, Luc Jeannin, représentant la chambre d’Agriculture, a appelé à changer de paradigme et de posture : « arrêtons de nous focaliser sur l’agribashing. Place à l’agriloving et à la communication positive ».
D’ailleurs, Agriloving est véritablement un mouvement parti à l’automne dernier de jeunes de Côte-d’Or, « pas tous agriculteurs d’ailleurs, souligne Aurore Paillard, mais tous avec la même volonté de parler positivement de l’agriculture ».
Ce groupe auquel chacun peut adhérer, « sévit » pour l’instant sur les réseaux sociaux en diffusant infos, photos, vidéos positives sur l’agriculture et les agriculteurs, leurs pratiques, leurs animaux, leurs quotidiens, toute filières confondues, tout secteur du territoire national concerné.
Dans un premier temps, l’ambassadrice saône-et-loirienne d’Agriloving relate que « la communication passe essentiellement par les jeunes, plus orientés réseaux sociaux, mais le but est bien de toucher tout le monde », quel que soit son lien avec l’agriculture, quel que soit son lieu de résidence. Trois premières vidéos humoristiques sont déjà sorties et permettent aux agriculteurs de l’afficher haut et fort « on ose tout », même « créer des emplois », « innover », « lutter contre les clichés »…
En attendant la quatrième, ces vidéos décalées sont à découvrir de toute urgence si vous ne les avez encore pas vues sur agro-loving.fr.