L’atout "maïs"
+1,5 %/an
Analysé à froid, ce record n’a rien d’exceptionnel, il s’inscrit naturellement dans la pente ascendante du rendement moyen mesuré en France depuis les années 1950. Premier contributeur de cette performance, le progrès génétique est un moteur de croissance permanent dont les sources ne sont encore que partiellement exploitées. Outre l’amélioration du rendement, la recherche de rusticité permettant l’expression d’un potentiel dans des conditions limitantes (froid, verse, stress hydrique) et sur des sols moins productifs, constitue la priorité des sélectionneurs. Ces variétés plus tolérantes, associées à des semis précoces, permettent de limiter l’exposition aux sécheresses estivales durant la floraison tout en améliorant les humidités à la récolte (baisse des frais de séchage). En 2011, 80 % des agriculteurs ont semé avant le 13 avril.
Le réchauffement climatique et le progrès génétique des variétés précoces vont dans le sens d’une meilleure adéquation des conditions de culture dans les zones septentrionales.
Intégrer le maïs dans l’assolement
Progressivement, le maïs retrouve sa place en rotation avec des cultures d’hiver. D’un point de vue agronomique, il permet de palier les limites de potentiel du blé quand celui-ci revient souvent dans la rotation. Bonne tête d’assolement, le maïs offre des possibilités de désherbage variées et sécurise la maîtrise des adventices sur les cultures suivantes. Le maïs nécessite peu de traitements : pas de régulateur de croissance et aucun fongicide, c’est un avantage pour l’organisation du travail comme pour l’environnement. L’introduction de maïs dans la parcelle abaisse les indices de fréquence de traitement (IFT) et grâce à l’avancée du cycle du maïs, les terres sont libérées suffisamment tôt pour l’implantation des céréales d’hiver.
Une plante multifonctionnelle
La multifonctionnalité du maïs constitue une garantie en termes de débouchés. L’extension de sa production en Europe, du Portugal à la Baltique, s’explique notamment par son adaptabilité : maïs fourrage, maïs grain utilisé sec ou humide pour l’alimentation animale, l’amidonnerie, la semoulerie, maïs ingrédient pour les industries agroalimentaires et la production d’éthanol, maïs "biogaz" en Allemagne constituent autant d’usages qui alimentent une demande en croissance, relayée par un courant d’affaires naissant et potentiellement important avec les pays du Maghreb. Ces pays - qui augmentent leur production de volailles - ont des besoins croissants en maïs et constituent ainsi un nouveau marché pour l’offre d’origine française. Comme Rhône-Alpes, la Bourgogne est, en l’occurrence, particulièrement bien placée pour ce marché.
Véritable assurance tous risques pour les éleveurs
Dans un contexte où les risques de déficits hydriques hivernaux devraient augmenter parallèlement à l’évolution du climat, la production du maïs fourrage représente une sécurité. Le réchauffement climatique est bénéfique à la plante qui a la capacité de limiter sa transpiration en fermant partiellement ses stomates, sans ralentir sa photosynthèse. Celle-ci reste donc efficace au-delà de 30°C contrairement aux autres graminées. Celle-ci permet de sécuriser la ressource en fourrage avec un rapport qualité/prix incomparable. Lorsque la récolte est plus abondante, le maïs fourrage peut être récolté en grain pour être utilisé sur l’exploitation ou commercialisé. Ce transfert du fourrage vers le grain permet d’assurer un complément de revenu.
En 2011, on estime que 70.000 ha initialement destinés à l’ensilage ont été vendus en grain. A l’inverse, durant la sécheresse de 2003, c’est près de 200.000 ha de maïs grain qui avaient été ensilés.
Contact : Jean Molines, Arvalis - Institut du végétal : tél. : 04.72.23.85.10 ; courriel : j.molines@arvalisinstitutduvegetal.fr
A télécharger également sur Agri71.fr, le spécial Maïs Bourgogne Franche-Comté.
Bernard Paillet Côte-d’Or 15 ha de maïs irrigué
« J’ai réintégré le maïs dans mon exploitation depuis 2008, suite à l’arrêt de la sucrerie d’Aiserey. Economiquement, la culture s’est imposée pour valoriser les infrastructures d’irrigation dans lesquelles j’avais investi pour la culture de la betterave. Depuis, nous avons développé les surfaces et le maïs est aujourd’hui notre principale tête d’assolement. Son excellente capacité à valoriser l’eau en matière sèche et la simplicité du travail restent des facteurs essentiels pour mon exploitation. Mise en place de couverts végétaux, encadrement du maïs par de la féverole, réduction des intrants… Les progrès techniques réalisés aboutissent à un rendement de l’ordre de 110 à 115 q en moyenne et 135 cette année ».
Michel Portier directeur général d’Agritel
« Le marché du maïs est actuellement un marché leader sur la scène internationale car c’est la céréale qui a le ratio stock/consommation le plus bas. La consommation de maïs croît en effet de manière régulière tous les ans et si la production augmente également, les stocks restent bas. Aux Etats-Unis, premiers producteurs de maïs, le stock américain est estimé à 18 jours de consommation à juin 2012. Par ailleurs, la demande s’accroit en Asie et la Chine, importatrice de maïs depuis 2011 est susceptible d’en acheter 5 à 10 millions de tonnes cette année ».
Jean-Paul Renoux responsable du maïs Arvalis-institut du végétal
« En monoculture comme dans les assolements, du nord au sud, le maïs a montré son aptitude à s’adapter à tous les territoires et sa capacité à produire du rendement de façon régulière. Dans un contexte de réchauffement climatique, le maïs (plante en C4) n’a pas de limite à son fonctionnement (jusqu’à plus de 40°C !). Il profite au contraire des effets du réchauffement. Dans des zones au nord de la Loire, dans des sols difficiles (hydromorphes, argileux, terres lourdes, sols profonds), il offre des possibilités intéressantes. Pouvant être semé de plus en plus précocement, des maïs plus tardifs offrent une fin de cycle rapide, permettant de récolter à des taux d’humidité suffisamment bas pour bénéficier de frais de séchage réduits. Fort de ces atouts, les surfaces de maïs devraient se développer dans les années à venir au nord de la Loire et de la seine et aussi se conforter dans les autres régions ».