L’outil central du maïsiculteur
• mise en place de l’hybride : densité, profondeur, précocité, potentiel, caractéristiques essentielles de la variété ;
• choix de la protection insecticide : traitement de semence, micro-granulé, anti-limace ;
• utilisation d’engrais starter ;
• désherbage ; les herbi-semis sont en fort développement.
Parallèlement à ces aspects techniques, viennent s’ajouter des contraintes règlementaires (déflecteurs, lire à ce sujet notre article publié en page 20 de notre édition du 11 mars dernier) ou bien de nouvelles fonctions (équipements d’application spécifiques aux microgranulés pyréthénoïdes, nouvelle gamme d’engrais starter…).
Ainsi, le semoir à maïs devient de plus en plus complexe et requiert pour l’utilisateur une très grande attention au moment des semis alors qu’on cherche à augmenter le débit des chantiers. Tous ces éléments ont conduit Arvalis à créer un groupe d’étude autour de cette thématique et à revoir tous les usages.
Semer plus vite ?
Les constructeurs ont sans cesse fait évoluer les semoirs en répondant aux demandes des agriculteurs.
La première des évolutions a été l’augmentation de la vitesse tout en essayant de garder la même précision, et c’est ainsi que la vitesse moyenne de semis est passée de 5 km/heure à quasiment 7 km/heure. Aujourd’hui, apparaît même sur le marché un nouveau type de semoir à sélection et distribution pneumatique des graines, qui sera testé cette année, permettant des semis à plus de 10 km/heure: il est intéressant de pouvoir gagner du temps au semis (surtout si la contrainte "Vent beaufort > 3" est maintenue), mais cela ne doit pas se faire au détriment de la qualité d’implantation. En effet, la vitesse de semis est le principal facteur explicatif d’une moindre régularité d’implantation de la culture, le maïs étant une plante très compétitive qui nécessite un enterrage très régulier pour assurer une levée synchrone et un peuplement homogène.
Le maïsiculteur ne peut donc pas se permettre une erreur. Une des premières conséquences d’une vitesse excessive concerne le système de distribution des graines avec une difficulté certaine à respecter la densité de semis programmée.
Dans les différents essais menés avec des semoirs conventionnels, et pour un objectif de départ de 95.000 graines/ha, les diminutions varient entre 1.000 et 4.000 graines/ha lorsque l’on passe de 6 à 9 km/h. Par contre, on peut "perdre" jusqu’à 11.000 graines/ha entre 6 et 12 km/h !
Le deuxième grand type de semoir testé est le "Twin-Row". Ce mode de semis, développé Outre-Atlantique par la société Monosem, consiste à dédoubler un rang de semis classique. La semence est ainsi implantée sur deux lignes espacées de 20 cm tous les 60 cm. Les graines y sont disposées en quinconce grâce à un dispositif mécanique. Ce dispositif permet de maintenir un inter-rang à 80 cm ou bien à 75 cm, de garder la même voie des tracteurs et de permettre une récolte par des cueilleurs classiques (reste à vérifier la faisabilité du broyage sous cueilleur). D’autres essais, toujours Outre-Atlantique, ont montré que l’utilisation de ce semoir en maïs grain permettrait d’augmenter les rendements de 10 à 15 % et un meilleur état sanitaire des plantes. Cette augmentation de rendement n’est permise que par l’augmentation de la densité : en effet, la répartition en quinconce permettrait une meilleure utilisation de l’espace et donc d’augmenter le nombre de plantes au m2.
Revoir les écartements ?
Un des avantages collatéraux des semoirs "Twin-Row" est la présence d’inter-rangs plus petit et donc plus rapidement recouverts par le maïs. Limiter la concurrence des adventices est en effet un avantage non négligeable pour le désherbage tant ce poste devient de plus en plus coûteux et malgré cela pas toujours aussi efficace que ce qui est espéré par l’agriculteur. Cette stratégie d’écartement réduit peut tout aussi bien s’envisager en maïs grain et fourrage même si la panoplie de molécules herbicides est encore importante, le désherbage n’en demeure pas moins difficile. De plus, les variétés actuelles sont elles aussi de plus en plus à port dressé (ce qui n’était pas le cas il y a dix ans) et on sait que les semis précoces apportent plus de rendement mais avec des installations beaucoup plus lentes : les semis à écartements réduits peuvent trouver là aussi un intérêt.
Arvalis étudiera également des semis à écartements de 60 cm, et cela pour plusieurs raisons :
• testée il y a très longtemps, cette méthode avait montré qu’elle n’engendrait pas de perte de rendement, voire un bénéfice, notamment avec la variété à port de feuille dressé qui avait été choisie à l’époque dans les essais ;
• la demande croissante des régions de production où la culture du maïs n’est pas dominante : les agriculteurs souhaitent en effet avoir un semoir polyvalent pouvant semer tournesol, colza, soja…
• la récolte ne pose pas de problème pour le maïs fourrage puisque les becs Kemper peuvent ramasser tous les écartements. Cette stratégie, si elle est payante, peut donc facilement se mettre en œuvre en maïs fourrage contrairement au maïs grain qui nécessitera un cueilleur spécifique. Mais, dans les deux cas, il faudra adapter la voie des tracteurs pour les interventions en culture (désherbage, binage, correction de carence, insecticide).
La sécurité…
Lors de ses différents voyages d’étude à l’étranger, Arvalis a observé l’utilisation croissante de "Smart Box". Il s’agit de boîtes contenant un insecticide microgranulé qui vient se clipper sur le semoir avec deux vannes quart de tour permettant l’écoulement du produit. Ce système, qui est loin d’être un gadget, est fortement utilisé aux Etats-Unis et permet l’utilisation d’insecticide en évitant tout risque de contact du produit avec la peau, et sans le moindre risque d’inhalation par l’agriculteur. Pas moins de six produits insecticides micro-granulés sont disponibles en "Smart Box" (essentiellement des pyréthrinoïdes et quelques organo-phosphorés). Ce système fonctionne de manière électrique ce qui permet un dosage assez fiable et aussi d’effectuer rapidement et facilement des changements de quantités utilisées à l’hectare. Une fois vide, ces boîtes sont récupérées pour être utilisées à nouveau.
Pourquoi pas demain sur nos semoirs en France ? A suivre…
Déflecteur : où le trouver ?
Les obligations liées à l’utilisation de semences de maïs traitées s’appliquent aux utilisateurs de semoir monograine pneumatique à dépression (c’est à dire la quasi-totalité du parc matériel actuel). Ceux-ci doivent équiper leur semoir d’un déflecteur dont l’objectif est de canaliser le flux d’air à la sortie de la turbine et le ramener vers le sol.
Pour mettre leur semoir en conformité avant les prochains semis de maïs, les agriculteurs peuvent se procurer le déflecteur approprié à leur modèle auprès de leur concessionnaire, ou bien acheter un déflecteur standard auprès de fournisseurs de kit (ex : Merlett, Creatis…). Enfin, les déflecteurs réalisés par les agriculteurs eux-mêmes, indispensables pour les semoirs pour lesquels le concessionnaire et aucun fournisseur de kit ne proposent de déflecteur adapté, permettent aussi de respecter la réglementation actuelle.
Insérer ici le tableau en pièce jointe
Voir aussi des vidéos de montage sur www.syngenta-agro.fr
15 grains à la seconde
C’est le nombre de grains de maïs que doit déposer avec la plus grande précision chaque élément semeur lorsque la vitesse de semis est de 7 km/h ! A chaque seconde, chaque élément des quelques 80.000 semoirs français promettent de récolter 800 à 1.000 tonnes de grains 180 jours plus tard.