La baisse s’est accélérée
La baisse de consommation de vin, régulière en France depuis des années, s’est accélérée pendant le confinement, selon l’association Vin & Société. Une étude de l’agence nationale Santé publique France rappelle le lien qui existe entre la consommation d’alcool et la convivialité, laquelle a beaucoup pâti du confinement.

Dans une étude diffusée le 13 mai, l’agence nationale de santé Santé publique France fait apparaître que pour 65 % des personnes interrogées la consommation d’alcool a été stable, pour 24 % en baisse et pour 11 % en hausse. Pendant les six premières semaines du confinement, la consommation de vins tranquilles a fléchi de 6 % et celle de vins effervescents de 45 %, selon l’Iri Wordlpanel, cité également par Vin & Société. Dans les cas, minoritaires, où l’augmentation de la consommation d’alcool a eu lieu, elle est plus fréquemment mentionnée par les moins de 50 ans et par les individus vivant dans une ville de plus de 100.000 habitants, ajoute l’étude de Santé publique France.
Consommation d’alcool et convivialité
« Les Français se sont concentrés sur les achats de première nécessité alimentaire, se détournant de la consommation-plaisir faute de moments de convivialité et de partage entre amis ou en famille. Ce constat ébranle le stéréotype du Français buveur de vin », a commenté Joël Forgeau, président de l’association. Un révélateur de l’effondrement de la convivialité pendant le confinement a été la hausse de la consommation de tabac, laquelle se prête moins au partage. Santé publique France indique ainsi que chez 27 % des répondants la consommation de tabac a augmenté depuis le confinement (cette augmentation étant plus fréquemment mentionnée, à 41 %, par les 25-34 ans), et que chez seulement 19 % elle a diminué.
La consommation de vin a baissé de façon structurelle de 50 % en cinquante ans, « le vin étant devenu un produit culturel et occasionnel », rappelle Vin & Société. « La relation des citoyens par rapport à l’alcool était devenue mature dans une très large majorité des cas, et ce bien avant le confinement. Face à ce constat, nous, filière vitivinicole, sommes face à notre devoir de transmission de ce produit exceptionnel aux générations futures », résume-t-on chez Vin & Société.
Quelles ventes dans les pays voisins ?
« Contrairement à ce que l’on a pu constater dans d’autres pays, les ventes réalisées en grande distribution ne sont pas venues compenser le marché des CHR (cafés-hôtels-restaurants), avec une baisse marquée des achats sur l’ensemble du rayon alcools », note aussi Vin & Société. L’association cite plusieurs pays où les achats en magasins ont fortement augmenté. En Allemagne, la vente de boissons alcoolisées aux particuliers, et particulièrement de vin (+ 34 %) et spiritueux (+31 %) a augmenté depuis le début de la crise du Covid-19. En Italie, la vente d’alcool aux particuliers a également augmenté depuis le début de la crise, l’Instituto superiore di sanità parlant d’une hausse de 180 % des ventes aux particuliers depuis le début du confinement, poussée par les livraisons à domicile. Au Royaume-Uni, les ventes de boissons alcoolisées ont bondi de 22 % en mars 2020, par rapport à mars 2019, selon une étude du cabinet Kantar. En Espagne, ces dernières semaines ont enregistré une forte hausse de la consommation de vin, par rapport aux mêmes semaines de l’an dernier : + 52 % la semaine 16 (celle du 13 avril), + 59 % la semaine 17, + 37 % la semaine 18, + 67 % la semaine 19 (la semaine du 4 mai), d’après le ministère de l’Agriculture du pays.