La Bourgogne brille à Wine Paris
La Bourgogne garde la plus haute place sur le podium des régions viticoles Françaises adorées de tous et particulièrement de l’export. Tous les exposants font le même constat : le salon Wine Paris est devenu la référence en matière de salon international. A l’image du Salon de l’Agriculture qui prendra la suite au Parc des expositions fin du mois.

Le salon des vins Wine Paris a ouvert ses portes le 10 février pour trois jours intenses. Mercredi soir, à la clôture, les 220 exposants de Bourgogne faisaient part de leurs satisfactions générales. Outre ses clients qu’elle a invités, Céline Robergeot-Cienki, du Domaine La Pascerette à Sologny, était heureuse de retrouver « quatorze nanas » soudées et solidaires sur l’espace de l’Association Femmes et vins de Bourgogne. N’ayant pas forcément « les mêmes appellations », elles vont même jusqu’à « faire des palettes communes » pour livrer des clients communs. Dans cet espace règne donc une « super synergie », elles qui n’hésitent à se refiler des clients et des bons tuyaux. « On échange si untel est un mauvais payeur » aussi. Outre les invitations des importateurs, des grossistes, Céline en profite pour aller voir ses clients parisiens.
« C’est un très beau salon » professionnel, avec des allées pleines dès le lundi, jour de fermeture de nombreux cavistes et restaurants à Paris. « Ça marche bien et j’ai déjà pas mal de contacts », se réjouit Antonin. Venu avec son père Jean-Marc, le domaine Battault a Dezize-lès-Maranges venait pour la première fois et n’est pas déçu. Ce domaine de 14 ha, « cherche à développer la bouteille » pour ses vins d’appellations allant des Hautes-Côtes de Beaune jusqu’à Santenay, en passant par ses Maranges. Avec mardi matin déjà 16 rendez-vous au compteur avec des cavistes, agents et importateurs, Antonin accélère sur la « clientèle professionnelle » qui est le cœur de Wine Paris, qui semble supplanter Prowein ou Vinexpo dorénavant. « Je pense revenir tous les ans, car il y a beaucoup de monde ». Surtout, ce sont le « bon rapport qualité-prix » que viennent chercher de nouveaux professionnels « ne pouvant plus acheter les vins de Côte d’Or » et voyant là des appellations moins connues, mais aussi qualitatives.
Un nouveau look "Tellement" Bourgogne
C’est tout le message de l’Interprofession des vins de Bourgogne qui tenait à faire découvrir une dizaine d’appellations « où il est possible de se faire plaisir » : maranges donc, mais aussi petit chablis, côte de nuits village, irancy, montagny, pouilly-vinzelles et marsannay, avec le crémant de Bourgogne. Nicolas et Delphine du BIVB servent au bar de l’Interprofession et donnent les grandes différences de ces terroirs. Un formateur officiel va ensuite plus loin dans les explications pour orienter précisément, par exemple sur les 27 identifications géographiques en mâcon ou les 13 en bourgogne ou la méthode traditionnelle des crémants. « L’objectif est de vulgariser la Bourgogne qui n’est pas si compliquée, avec des cépages emblématiques, des terroirs et des vignerons », rappelle le président-délégué François Labet. La chambre de commerce régionale a mis en place la nouvelle signalétique « qui représente les Climats de Bourgogne » sur tout le pavillon, « beaucoup plus claire et plus jeune que l’ancienne avec des tuiles vernissées ». La CCI régionale organisant aussi le mobilier et habillage des stands.
Mathilde Sève a d’ailleurs affiché la nouvelle campagne promotionnelle du BIVB. « Tellement Bourgogne », et ses déclinaisons, s’affiche partout : du métro à l’entrée du salon Wine Paris, impossible pour les prescripteurs de les rater. Mathilde et son frère Antoine, ont repris le domaine familial à Solutré-Pouilly. « J’étais venu en 2020, mais après, on a eu moins de récoltes avec 2021. Je ne vais pas à Prowein qui est trop loin. On a reconstitué des stocks depuis avec 2022-2023. Si on fait 2-3 bonnes touches, ce sera bien », explique Antoine qui s’occupe des 9 ha de vigne avec sa sœur Mathilde. « On a des cuvées pouilly-fuissé qui sont passées en premier cru. On veut en vendre une exclusivement à l’export. Et une autre exclusivement en France », eux qui procèdent par « améliorations continues » tous leurs process, de la vigne à la cave. De quoi raconter de « belles histoires » aux clients friands, notamment les cavistes.
Confrères plus que concurrents
Sur les 220 exposants bourguignons, une trentaine a des stands individuels plus imposants à proximité, surtout des négociants (Boisset, Bichot, Delaunay, Moreau…) et caves (Terres Secrètes et Nuiton-Beaunoy, Compagnie de Burgondie…). Mais pas que. Avec deux autres domaines – du Beaujolais et de Savoie -, Damien Martin, du Domaine de la Denante à Davayé, voit la complémentarité. « On faisait les mêmes salons. On s’est mis à trois pour avoir un budget pour un "vrai" stand » qui leur permet d’avoir la place pour accueillir plusieurs clients en même temps et ne perdre aucun prospect. « Chacun de nous connaît les vins des autres et argumente pour l’autre si besoin ». Depuis le début de Wine Paris, Damien estime voir ici « de plus en plus d’étrangers venant chercher des vins français », lui qui veut valoriser encore plus à l’export (déjà 80 % de ses 200.000 bouteilles annuelles). « C’est un gros travail en amont, on invite nos importateurs et généralement ils disent oui ». L’effet des JO à Paris et l’image glamour faisant aussi son petit effet touristique. Son voisin presque en Bourgogne et à Wine Paris, Michel Barraud, président des Vignerons des Terres Secrètes confirment : « On est plus collègues que concurrents. On est blindé, on a plein de rendez-vous supers avec nos offres abordables. Aucun désamour pour la Bourgogne », lui qui sent plus de morosité dans d’autres régions viticoles et caves coopératives de France. Avec Nuiton-Beaunoy, ils venaient aussi présenter la refonte des « habillages » de leur gamme de crémants, Victorine de Chastenay, principalement destinée à l’export. Mais Wine Paris est aussi l’occasion de travailler avec la grande distribution française présente.
Sur les stands et en dehors
Le négociant et vigneron, Amaury Devillard du Château de Chamirey à Mercurey et Domaine des Perdrix en Côte-d’Or enchaînait lui-aussi les rendez-vous. « On avait préparé en amont 55 rendez-vous sur les trois jours », redisant la base de la réussite d’un salon. Mais les allées sont « pleines » et ils ne cessaient de croiser des clients entre deux dégustations. « L’avantage de Wine Paris est qu’il est tôt dans la saison et c’est facile d’accès pour tout le monde ». Lui qui est aussi président de l’ODG Mercurey constate avec plaisir que « les efforts qualitatifs à la vigne, en cuverie et sur les bouteilles sont impressionnants » sur la Côte Chalonnaise en général en reconnaissant « devoir rester raisonnable » côté prix cette année pour continuer d’avoir un potentiel de croissance sur les marchés. « La Bourgogne donne envie »
À l’image des chargées de communication Marjorie Brayer de la cave de Lugny, ou de Caroline Torland de la cave de Buxy, croisées dans des allées, « les contacts se font autant sur le stand que dans les allées », quitte à aller se promener dans les autres régions « voir la concurrence ». Car toutes les régions françaises sont représentées à Wine Paris. Au départ, créé par les vignobles septentrionaux, Vinexposium (filiale de Comexposium) en a fait un salon international avec cette année 5.300 exposants (+ 29 %). 50.000 professionnels étaient attendus dont moitié venant de l’international. 54 pays producteurs étaient présents, dont l’Italie, Espagne, Portugal et États-Unis. Un hall regroupait aussi les spiritueux. Dans de nombreuses communications étaient mises en avant les démarches RSE, à l’image de nos caves Vignerons Engagés. L’Interprofession des vins de Bourgogne, elle, mettait en avant son objectif de décarbonation, visant la neutralité carbone à l’horizon 2035. Le président du BIVB, Laurent Delaunay en est convaincu, « Paris est un mot magique dans le monde, pour son attractivité, sa restauration et ses brasseries. La Bourgogne fait le plein de clients à Wine Paris à un moment où on a plus de vins à vendre. Rien que ça, cela fait revenir des clients qui étaient critiques sur le manque de certains vins après 2021 et les années d’inflation ». Comme pour tous ces professionnels, l’histoire ne dit pas encore si tout se concrétisera, notamment l’objectif de rajeunir l’image et les clients de Bourgogne. « On coche toutes les cases avec nos blancs frais et élégants. Mais restons humbles », concluait-il, même si la Bourgogne ne cherche pas la masse, mais continue de viser « des jeunes millenials qui ont des moyens » de s’offrir des Bourgognes.