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Flavescence dorée

La deuxième crise biologique majeure

De l’Université de Bourgogne (Institut Jules Guyot), Sandrine Rousseaux
intervenait sur « les crises biologiques de la vigne au XIXe et XXe
siècle
» lors des 6ème Rencontres du Clos Vougeot. Evidemment, elle
débutait par l’invasion du phylloxera qui a provoqué une crise au début
du XIXe siècle et engendré un profond changement du paysage viticole
français. En sera-t-il de même un siècle plus tard ?
Par Publié par Cédric Michelin
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En effet, une autre crise viticole biologique menace toujours la France : la maladie de la flavescence dorée ou jaunisse de la vigne. Cette maladie est transmise à la vigne par un vecteur insecte, la cicadelle de la flavescence dorée. Originaire de la région des Grands Lacs - introduite par accident - la cicadelle de la flavescence dorée n’est pas un ravageur primaire de la vigne. Cet insecte « inféodé à la vigne » est surtout préjudiciable car il est vecteur d’un agent bactérien sans paroi (phytoplasme) responsable de la maladie de la flavescence dorée. Ce phytoplasme, une fois transmis à la plante par la cicadelle, se maintient dans le végétal d’une année sur l’autre, ce qui implique un caractère épidémique à cette maladie. De plus, la maladie de la flavescence dorée est d’autant plus « traitre » que généralement les ceps n’expriment les symptômes de la maladie qu’un an après inoculation du phytoplasme par la cicadelle. Ainsi, la contamination cep par cep peut aller très vite « avec un facteur 10 à 20, ce qui rend la lutte difficile ».
La lutte, qui est obligatoire, se fait par :
1) une déclaration obligatoire après confirmation de la présence du phytoplamse de la flavescence dorée (maladie de quarantaine),
2) l’arrachage des pieds contaminés par le phytoplasme (si 20 % des pieds sont atteints, il faut arracher toute la parcelle),
3) définition d’un périmètre de lutte,
4) lutte obligatoire contre l’insecte vecteur. Trois traitements insecticides sont ainsi obligatoires et le transport de plants au sein du périmètre de lutte est interdit. Un décret de 2003, consolidé en 2010, renforce encore cette lutte, « mais permet dans certains cas d’être plus souple vis-à-vis des trois traitements obligatoires ». En effet, si après deux ans consécutifs une commune viticole ayant connu un foyer ne présente plus de symptômes de flavescence dorée, elle peut alors sortir du périmètre de lutte avec des surveillances renforcées.
Pour se prémunir d’introduire des pieds contaminés dans des secteurs indemnes, la thermothérapie (bois immergé 50°C pendant 45 minutes) – comme à Davayé – peut permettre de garantir la plantation de bois et pieds sains. L’éradication complète de la maladie n’est pas encore effective, mais le respect de la déclaration en cas de suspicion de symptômes, le respect des traitements obligatoires sont des gages de réussite.
D’autres crises sont annoncées, on peut citer les maladies du bois et L’esca bien évidemment. La clé viendra peut-être d’innovations biologiques. En Suisse, la recherche sélectionne des cépages résistants aux maladies. Le Gamaret résistant à la pourriture grise vient d’ailleurs d’être inscrit sur la liste de variétés autorisées en France, ainsi que le Nemadex, porte-greffe ralentissant la contamination par le virus du court-noué. Dans l’avenir, l’Irac 2091, développé pour sa résistance au mildiou et à l’oïdium, pourrait être cultivé. « Reste encore à voir s’ils sont intéressants d’un point de vue agronomique », terminait Sandrine Rousseaux.