La FNSEA va mobiliser à l’automne
Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau et son secrétaire général, Hervé Lapie, ont annoncé une mobilisation pendant la morte-saison. Objectif : faire pression sur les institutions françaises pour clarifier et faire avancer des dossiers en attente.

« Nous sommes déterminés, mobilisés et combatifs », a attaqué d’emblée Arnaud Rousseau qui a annoncé que la FNSEA, sans doute accompagnée des Jeunes Agriculteurs, se mobilisera au cours de l’automne pour faire entendre un certain nombre de revendications Celles-ci ne manquent pas et collent au calendrier politique français et européen. En premier lieu, les dirigeants syndicaux entendent qu’on leur donne les moyens (y compris juridiques) de produire. Cela concerne notamment les sujets de l’eau et des produits phytosanitaires. À ce titre, la FNSEA semble satisfaite d’avoir « porté la loi Duplomb jusqu’au bout », dont 80 % ont été validés par le Conseil constitutionnel. « Maintenant, il faut que les décrets d’application sortent rapidement, dans l’esprit de la loi », a souligné Arnaud Rousseau. Quelle que soit l’issue du vote du 8 septembre qui pourrait faire chuter le gouvernement de François Bayrou, le syndicat entend bien faire déposer un texte législatif pour permettre la réintroduction de l’acétamipride. « Le Conseil constitutionnel n’a pas censuré la molécule. Il a demandé que son utilisation soit mieux encadrée (…) dans le temps, dans l’espèce et sur certaines cultures. C’est ce que ce texte proposera dans un article unique », a précisé Arnaud Rousseau. Il veut d’ailleurs profiter du débat qui se tiendra obligatoirement à l’Assemblée nationale après la pétition en ligne qui a recueilli deux millions de signatures pendant l’été. « Allons au bout de la logique du débat et votons le texte », a-t-il ajouté expliquant que le sujet de l’acétamipride s’est révélé « symbolique » pour les agriculteurs français : « Ils l’ont ressenti comme une remise en cause de leurs moyens de production », a-t-il dit. En tout cas, le fait que ce produit reste interdit en France quand il est utilisé partout ailleurs en Europe ne passe pas au sein de la FNSEA qui demande de la cohérence dans le discours politique.
Sentiment de trahison
C’est ce sentiment d’incompréhension et d’être « la variable d’ajustement des accords internationaux » qui fera aussi descendre les agriculteurs dans la rue. Deux sujets de préoccupation majeure agitent les esprits agricoles : tout d’abord le Mercosur dont les contours restent encore flous et qui devraient être détaillés dans les prochains jours par la Commission européenne. Sa présidente, Ursula von der Leyen avait signé, le 6 décembre 2024, quasiment en catimini, l’accord de libre-échange entre l’UE et les pays du Mercosur. Le sentiment de trahison reste vif dans les exploitations françaises. La FNSEA compte plus sur la mobilisation du Parlement européen pour suspendre l’accord que sur une éventuelle minorité de blocage des pays européens, et ce, malgré les efforts fournis par la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, pour convaincre quelques-uns de ses partenaires. « Nous ne savons pas encore si l’accord de la Commission contient des mesures-miroirs, des clauses-miroirs ou des clauses de sauvegarde (…) Mais a priori, cela reste très en deçà de ce que la France portait en termes d’ambitions », a prévenu Arnaud Rousseau. Dans ce périmètre international, le syndicat agricole souhaiterait aussi que Bruxelles clarifie une fois pour toute sa position vis-à-vis des importations ukrainiennes. Même si celles-ci ont été contingentées en juillet dernier, Arnaud Rousseau souhaite un renforcement des contrôles aux frontières, notamment après l’épisode des œufs ukrainiens importés par des grandes enseignes françaises. Ces œufs ne respectaient pas les normes de production européennes et pouvaient contenir des antibiotiques interdits. « On ne peut pas s’asseoir sur nos standards », a-t-il martelé.
Donner le cap
À travers la mobilisation de l’automne 2025, la FNSEA entend porter un projet : celui d’une agriculture durable et dynamique qui entreprend, vit sur les territoires et qui produit pour nourrir. « Notre métier est une fierté », a martelé Arnaud Rousseau qui veut « des règles uniques pour un marché unique ». Cette manifestation tombera aussi à l’heure où les discussions sur la prochaine Pac vont s’intensifier. « Le 16 juillet, la Commission européenne a présenté ses propositions « pas à la hauteur des enjeux » de souveraineté alimentaire en Europe, a-t-il indiqué en substance.