La France « balaye les fonds de silos »
étant toujours très soutenu, « on balaye les fonds de silos » pour
rester dans la course de l’exportation, a souligné Xavier Rousselin,
chef de l’unité Grandes cultures de FranceAgriMer, au conseil
spécialisé Céréales de l’office, qui s’est tenu le 8 décembre.
Encore un peu plus de blé prévu à l’export
Le conseil spécialisé de FranceAgriMer a néanmoins porté son bilan prévisionnel pour la campagne d’exportations aux pays tiers à 11,6 Mt, contre 11,5 Mt prévues en novembre. Pour cela, FranceAgriMer a « trouvé » 100.000 tonnes disponibles, l’estimation des incorporations par les fabricants d’aliments du bétail étant portée à 4,6 Mt, au lieu des 4,7 prévues le mois dernier. Les experts et les professionnels ont considéré que le récent regain de compétitivité du maïs par rapport au blé dans l’Union européenne joue en faveur de l’incorporation de maïs dans les aliments du bétail.
De plus, l’utilisation de céréales à la ferme pourrait se révéler inférieure aux prévisions (3,5 Mt pour le blé, l’orge et le maïs confondus), ce qui ajouterait des disponibilités. Mais elle « ne pourra pas être revue en baisse de plus d’un demi million de tonnes », a commenté Xavier Rousselin de FranceAgriMer.
Cependant, à en juger par le niveau des cours sur la prochaine campagne (2011/12), les marchés ont une vision apaisée de l’avenir à l’horizon des prochains mois, et ne semblent pas craindre une pénurie, bien au contraire. Les cours du blé tendre français sur la prochaine campagne sont inférieurs d’environ 20 € par tonne à ceux qui sont pratiqués sur l’actuelle campagne. Les opérateurs anticipent une moindre tension sur les approvisionnements. Un élément plaidant en faveur de leur analyse du marché est l’augmentation des semis de blé tendre en France en octobre dernier pour la moisson prochaine : +2,14 % de surfaces à récolter l’été 2011, à 5,032 millions d’hectares, contre 4,93 millions d’hectares récoltés durant l’été 2010.
Le marché mondial ne manque pas de concurrents
Pendant que la filière céréalière française tente de réaliser au maximum son programme d’exportation de blé tendre, le contexte international est concurrentiel, même si les prix du blé « se tiennent bien » dans le monde sur la campagne 2010/11. Les États-Unis et l’Allemagne ont beaucoup de stocks. Les États-Unis disposent encore de stocks de blé issus de la campagne passée équivalant à plus du tiers de la récolte 2010 : 23,2 Mt de stocks de la récolte 2009, à comparer avec 60 Mt de la moisson 2010. L’Allemagne a deux fois plus de stocks d’intervention de blé que la France, d’après FranceAgriMer. Il s’agit surtout de blé fourrager. L’Allemagne se montre offensive à l’exportation vers l’Arabie Saoudite.
Un autre pays est susceptible de mener une politique commerciale dynamique, l’Australie. Ce pays - dont la moisson de blé est estimée à 23 Mt (contre 21,7 Mt l’an dernier) - a reçu beaucoup de précipitations, qui ont fait germer les blés. Du coup, il a un disponible exportable de 16 millions de tonnes. Il commence à inonder l’Asie de blé fourrager, dans des régions (Indonésie, Philippines, voire Corée du Sud), habituelles chasses gardées du maïs américain.
L’Ukraine prolonge ses restrictions jusqu’en mars
L’Ukraine, un des principaux pays exportateurs mondiaux de céréales, a décidé de prolonger jusqu’à fin mars les restrictions sur les
exportations céréalières, imposées initialement jusqu’à fin décembre, a indiqué le 8 décembre le ministre de la Politique agraire Mykola Pryssiajniouk. « Nous avons prolongé les quotas jusqu’en mars », a indiqué ce dernier à l’issue d’un conseil des ministres à Kiev. Mais il a annoncé une augmentation des volumes de ces quotas d’exportation de 500.000 tonnes pour le blé et d’un million de tonnes pour le maïs. Ces quotas, imposés en octobre, avaient initialement limité la vente de céréales à deux millions de tonnes de maïs, 500.000 tonnes de blé et 200.000 tonnes d’orge, jusqu’à fin décembre 2010. En augmentant les quotas, l’Ukraine cherche à apaiser les critiques des céréaliers ukrainiens, qui souhaitent l’abolition des quotas. L’augmentation des quotas devrait apaiser les tensions de la demande sur le marché mondial. Mais la prolongation des quotas devrait au contraire restreindre les fournitures au marché mondial. En définitive, l’effet restrictif devrait être plus important que l’effet apaisant, l’Ukraine cherchant avant tout à contenir ses céréales sur son marché intérieur.