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Interview

« La montagne gagne à jouer collectif »

Première loi de discrimination spatiale, la loi montagne est, selon, Paul-Henry Dupuy, commissaire de Massif central, un formidable catalyseur de projets pour et par ceux qui font battre son cœur. 

« La montagne gagne à jouer collectif »
Paul-Henry Dupuy est commissaire à l'aménagement, au développement et à la protection du Massif central. © S.Chatenet

Quel bilan peut-on faire de la loi montagne dont on célèbre les quarante ans cette année ?

Paul-Henry Dupuy : « Depuis quarante ans, la loi a très peu évolué, preuve que l'outil répond pleinement aux besoins des territoires et de ses acteurs. La loi place en effet ceux qui vivent en montagne au cœur du développement avec une vision ascendante qui est matérialisée par la composition même des comités de massifs. En effet, à titre d'exemple, parmi les 90 membres du Comité de Massif central, la préfète de région est la seule représentante de l'État, les 89 autres membres sont issus des Régions, du monde économique et social, des associations… L'auto-développement est vraiment le principe de la loi montagne. »

En quoi est-il pertinent de disposer de politique de massif spécifique en matière agricole ?

P.-H. D. : « Les politiques de massif permettent sans jeu de mots de prendre de la hauteur sur les problématiques. Dans le Massif central, ce vaste territoire composé de 22 départements, il y a du sens à travailler autour des problématiques de l'élevage, du changement climatique… de manière collective. C'est d'ailleurs pour cela que le Commissariat de Massif accompagne des projets portés par le Sidam* tels qu'AP3C (adaptation des pratiques culturales au changement climatique), Pâture autour de la valorisation de l'élevage à l'herbe. Par le passé, nous avons contribué à l'éclosion de la démarche Montlait pour valoriser le lait de montagne. L'enjeu est aujourd'hui de répliquer ce type de démarche à d'autres filières afin d'apporter de la valeur ajoutée sur les territoires. »

De quels moyens dispose le Commissariat de Massif central ?

P.-H. D. : « L'État ne travaille pas seul sur les politiques de massif. Il finance 8 millions d'euros, tandis que les Régions Bourgogne-Franche-Comté, Nouvelle-Aquitaine, Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie financent tout autant toutes les quatre, soit un cumul annuel État-Région de 16 millions d'euros. Les départements et EDF Hydro, un partenaire privé complètent ce budget. Parmi les 8 millions de l'État, 600 000 euros sont financés par le ministère de l'Agriculture et le reste par le fonds de cohésion des territoires. 23 % des crédits octroyés par l'État sont mobilisés sur l'agriculture. »

À l'heure où les arbitrages budgétaires vont bon train, les politiques de massif sont-elles menacées ?

P.-H. D. : « À partir du moment où une politique publique différenciée est inscrite dans la loi et où les acteurs y sont attachés, il n'y a pas de raison de tout remettre en cause. En revanche, ce qui peut être menacé, ce sont les moyens financiers alloués. Comme tout le monde, les commissariats de massif vont être amenés à fournir des efforts dans les années à venir. »

Des travaux sont-ils menés conjointement entre les différents massifs français ?

P.-H. D. : « Nous aimerions travailler davantage en intermassif. Il y a un vrai enjeu à mutualiser les résultats des projets que nous portons. Nous devons impérativement profiter de l'année internationale du pastoralisme en 2026 pour jouer collectif. »

Propos recueillis par Sophie Chatenet

* Service interdépartemental des chambres d'agriculture du Massif central.

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