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Travailleurs handicapés

La production par procuration

Comment se gère le confinement pour une structure comme un Ésat qui accueille d’une part, une population de travailleurs handicapés, et qui doit, d’autre part, continuer d’assurer une production représentant une part importante des revenus de la structure ? Élément de réponse avec l’Ésat L’Oasis de Chauffailles.

La production par procuration
En plein début de saison, ce sont les moniteurs qui viennent assurer du mieux possible le travail des 24 travailleurs handicapés des ateliers maraîchage et horticulture.

Le 14 mars dernier, Édouard Philippe n’a pas annoncé que la fermeture des bars et restaurants. Son discours a également conduit l’Ésat de Chauffailles à prendre une décision radicale, ses travailleurs handicapés faisant partie de ces personnes vulnérables à mettre particulièrement à l’abri.  « L’ensemble des travailleurs de l’Ésat a été mis à l’arrêt dès le 16 mars », relate ainsi Ivan Boulet, le chef de service de la structure.
Sur la soixantaine de personnes concernées, la moitié d’entre elles a eu la possibilité de retourner en famille, les autres sont confinés dans leur appartement ou dans le foyer qui les héberge en centre ville.
« Cela n’a pas été une décision facile à prendre, mais elle était impérative, la santé de nos résidents passant avant tout ».

Une équipe mobilisée

Seulement voilà, l’Ésat est réparti en quatre ateliers : un atelier sous-traitance industrielle, un service espace vert, une partie horticulture et une partie maraîchage.
Cette dernière est primordiale pour l’approvisionnement du magasin de producteurs Croqu’Saison, situé au cœur de la ville. « Depuis le 16 mars, ce sont donc les moniteurs de la structure qui sont sur le pont et assurent le travail ». Autant dire que ces sept personnes ont du pain sur la planche pour accomplir l’ensemble des tâches effectuées habituellement par les 24 travailleurs (12 en maraîchage et autant en horticulture). « Pour l’instant, nous avons réussi à suivre, nous sommes à jour dans la préparation de la saison ». Mais vont bientôt devoir être plantés 20.000 pieds de betteraves et 100.000 pieds de poireaux, « nous serons sans doute contraints à faire un volume inférieur », envisage d’ores et déjà le chef de service.
Pour l’heure, la fin des récoltes d’hiver a été assurée, et la première série de tomate est en champ « il n’y a eu aucune rupture d’approvisionnement » à Croqu’Saison. Mais les journées sont bien remplies pour ces moniteurs, contraints par ailleurs de respecter les mesures sanitaires et de distanciation qui ne leur facilitent pas la tâche.

Impliqués avant tout

Les travailleurs handicapés eux « vivent plutôt bien la période, en tout cas, mieux que ce nous redoutions, constate Ivan Boulet. Nous avons beaucoup de message de soutien de leur part, ils nous remercient de poursuivre leur travail ». Pour autant, le manque d’activité se fait ressentir. Intéressés par le suivi de ce qui se passe dans les rangs de cultures qu’ils connaissent si bien, ils éprouvent une vraie responsabilité dans leur activité de production agricole : « certains comprennent d’ailleurs mal que ce soit leur handicap qui les empêche de travailler » alors que la production agricole est considérée comme activité de première nécessité.
La fin du confinement annoncée, pour l’instant, pour le 11 mai est une réelle source d’espoir pour tout le monde sur place et les mots sont plus que jamais essentiels : « le président a évoqué que seules les personnes les plus fragiles devraient rester confinées au-delà du 11 mai, en incluant les personnes porteuses de handicap sévère ». Cette toute dernière précision est primordiale. Si le diable est souvent dans les détails, c’est parfois aussi l’espoir de travailleurs motivés qui s’y loge.

Sans oublier les fleurs

L’une des grandes inquiétudes de la structure reste la vente de ses plants de fleurs. Chaque année, à cette période, sont écoulés les 45.000 plants de fleurs produits sur la ferme. La vente est actuellement possible mais les clients doivent obligatoirement acheter en parallèle et majoritairement des plants de légumes ou des légumes. Toute commande se passe sur par mail ou par bulletin et est à venir récupérer à Croqu’Saison ou au siège de l’Ésat à Chauffailles.