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Orges d'hiver et escourgeons

La (R)évolution variétale brassicole en marche ?

Identifier le meilleur compromis rendement/débouché est tout l’enjeu
du choix d’une variété d’orge d’hiver ou d’escourgeons. Cette année, dans
les essais variétés non affectés par le gel de février, côté rendement,
c’est la mise en exergue des variétés à très haute productivité. C’est
aussi l’entrée en scène de trois nouveaux escourgeons à orientation
brassicole très productifs : Etincel, Isocel et Casino.
Par Publié par Cédric Michelin
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Variété brassicole ou fourragère sera le premier critère de sélection. Ensuite, on ne s’arrêtera pas au seul comparatif rendement, en tenant compte d’autres critères, telle la sensibilité à divers accidents.


Les brassicoles en compétition



En oubliant le plus vite possible les hectares retournés suite au gel de février, la Bourgogne reste la première région française productrice d’orges de brasserie hiver. Donc, l’attention porte d’abord sur les variétés répondant à ce débouché.
Parmi les variétés reconnues “variétés préférées” par les malteurs pour la récolte 2013, quatre variétés, probablement arrivées en fin de carrière mais encore incontournables à l’automne prochain compte tenu du manque de semences des nouveautés, sont en compétition : Esterel, Arturio, Azurel et Vanessa. Inscrit en 1996, Esterel réalise un score de productivité moyen, probablement à la hauteur de son ancienneté. Par ailleurs, conjuguant une grande sensibilité au froid et une grande précocité à montaison, c’est la variété qui a subi le plus durement le gel de février 2012. Son calibrage est toujours modeste mais sa teneur en protéines reste la plus contenue, parmi les variétés brassicoles, en toutes situations. Enfin, elle conserve sa sensibilité aux maladies, à la verse et à la casse de l’épi. En résumé, cette variété arrive probablement au terme d’une longue et brillante carrière, d’autant plus que, semble-t-il, la relève arrive. Arturio conserve une bonne productivité mais en retrait par rapport aux nouveautés de l’année. Bien que fortement impacté par le gel, comme Esterel, il semble plus adapté aux sols séchants. Son calibrage n’a rien d’exceptionnel et sa teneur en protéines semble vite s’élever dans les situations à rendement limité. Ses caractéristiques agronomiques ne sont guère meilleures que celles d’Esterel. Azurel conserve une productivité moyenne en retrait d’environ 5 à 10 % par rapport à celle d’Esterel. Supérieur en calibrage d’une dizaine de points, il est aussi un peu plus riche en protéines. Enfin, cette variété se distingue par un bon PS et une tolérance aux maladies et à la verse. Du côté des variétés à 2 rangs, Vanessa obtient des résultats de rendement en déclin, relativement à la concurrence, au fur et à mesure des années.

Parmi les « variétés observées par les malteurs en conditions industrielles » pour la récolte 2013, Passerel et Salamandre poursuivent leur « carrière brassicole » en étape 2. Passerel, inscrit en 2011, retrouve un bon niveau de productivité après des résultats décevants l’an dernier. Son comportement semble finalement plus intéressant sur les milieux favorables que sur les sols séchants. Sa qualité brassicole semble s’inscrire dans la bonne moyenne de ses concurrents avec néanmoins une petite faiblesse du côté du calibrage. Enfin, ses caractéristiques agronomiques n’ont rien d’exceptionnel avec une sensibilité aux maladies assez marquée. Salamandre, orge 2 rangs inscrite en 2010, obtient des rendements proches de ceux d’Esterel. C’est bien pour une orge 2 rangs mais probablement insuffisant au milieu de la concurrence créée par les inscriptions 2012. Son calibrage est élevé mais elle semble aussi très facilement accumuler des protéines. Ses caractéristiques agronomiques se situent dans la moyenne.
Arrivent directement en étape 1 de cette catégorie de qualité six variétés nouvellement inscrites en 2012, ce qui est de bon augure pour le renouvellement des variétés brassicoles : trois escourgeons Etincel, Isocel, Casino et trois orges 2 rangs SY Tepee, Daniela et Cassiopee. Les trois escourgeons ont en commun d’être significativement plus productifs que les références actuels confirmant ainsi leurs résultats obtenus dans les essais de pré-inscription. Etincel, le plus multiplié, et Isocel sont extrêmement proches sur tous les critères. Ils sont précoces et ont particulièrement bien passé la vague de gel de février 2012. Ils procurent des rendements supérieurs de 10 % à ceux d’Esterel en 2012 comme dans les essais de pré-inscription de 2010 et 2011, du niveau de ceux atteints par les hybrides. Leurs calibrages sont d’un bon niveau, supérieurs d’environ 15 points à celui d’Esterel et leurs teneurs en protéines restent contenues. Ces deux variétés semblent être peu sensibles aux maladies mais Isocel verserait plus facilement qu’Etincel. De son côté, Casino est relativement différent. Un peu moins précoce et productif que les deux précédents, il a aussi enregistré des résultats de rendement plus irréguliers au cours des années de pré-inscription. Son calibrage est dans la moyenne haute et sa teneur en protéines inférieure à celle de ses concurrents directs. Enfin, assez peu sensible aux maladies, il se distingue par un excellent comportement vis-à-vis de la verse. Du côté des orges 2 rangs, SY Teppee et Daniela semblent avoir au moins le potentiel de rendement de Salamandre, en moyenne sur les résultats 2012 et ceux de pré-inscription. Toutes les deux précoces, seule SY Teppee a bien franchi l’épreuve du gel de février 2012. SY Teppee possède un bon calibrage alors que Daniela est décevante. A l’inverse, Daniela a des teneurs en protéines bien mieux contenues que SY Tepee. Enfin, SY Tepee semble posséder des caractéristiques de tolérance aux maladies et à la verse d’un niveau bien supérieur à celles de Daniela. Cassiopee n’a pas été testé en 2012 mais, à l’inscription, ses rendements étaient un peu en retrait de ceux des deux précédentes.


La productivité toujours du côté des escourgeons fourragers précoces



Un peu décevants en 2011, les escourgeons hybrides retrouvent un très bon niveau de rendement en 2012. Tatoo, le plus ancien et le plus précoce, est rejoint par SY Bamboo, SY Boogy et le dernier inscrit SY Wahoo. Tous ont passé les rigueurs de l’hiver sans encombre. Ils sont plutôt plus riches en protéines et dotés d’un meilleur PS que les escourgeons fourragers lignées. En revanche, leurs caractéristique agronomiques sont dans la moyenne. Du côté des escourgeons lignées, Touareg fait toujours la course en tête, sans pour autant que des variétés plus anciennes telles que Champie et Abondance ne déméritent. Loin d’être marginal car un des plus multiplié en France, l’escourgeon Cervoise, un temps reconnu brassicole, poursuit sa carrière avec une belle régularité des rendements entre années. Egalement déclassé cette année, Gigga est un peu moins productif mais conserve son bon niveau de calibrage. Enfin, pour les inconditionnels des orges 2 rangs, les références Metaxa et Campanile semblent dépassées par KWS Cassia qui confirme son potentiel de rendement voisin de celui des escourgeons et la nouveauté Augusta.