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Les Rencontres À Table !
SICA de l’abattoir d’Autun

La SICA de l’abattoir d’Autun a un nouveau président

La SICA de l’abattoir d’Autun vient de se doter d’un jeune président très investi pour son territoire. Succédant à ceux qui ont su sauver l’outil d’abattage de l’Autunois-Morvan, le nouveau président aura à cœur de poursuivre cette aventure exemplaire. 

Par Marc Labille
La SICA de l’abattoir d’Autun a un nouveau président
En présence du sous-Préfet d’Autun Jean-Baptiste Constant, d’élus territoriaux, d’usagers de l’abattoir, du personnel de l’outil et de son directeur Louis Bertrand Jannerod (à gauche), Jean-Philippe Nivost a passé le flambeau à son successeur à la présidence Damien Regnier (à droite).

Le 31 janvier dernier, la SICA de l’abattoir d’Autun avait invité les usagers de l’outil, les élus, ses partenaires à l’occasion de son changement de président. Au moment où l’abattoir communautaire d’Autun connaît un regain d’activité historique, un jeune éleveur âgé de 36 ans vient en effet d’être élu à la tête de la SICA. C’est avec un peu d’émotion que Jean-Philippe Nivost accueillait ses invités pour cette sympathique passation de pouvoir. Il débutait son propos en faisant part d’une activité qui est passée de 3.000 à 3.200 tonnes en 2024 et qui devrait encore progresser. Ce tonnage est une remarquable réussite que l’on ne peut s’empêcher de comparer aux 1.300 tonnes dont l’abattoir d’Autun devait se contenter en 2012 dans les plus sombres heures de son existence.


« Un coup d’œil dans le rétro… »


Un « coup d’œil dans le rétro », comme le suggérait le représentant de la Communauté de Communes du Grand Autunois Morvan Fabrice Voillot, qui permettait d’apprécier « l’aventure d’un territoire qui a su se prendre en main », résumait le président de la Chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire Bernard Lacour. Nombre de fermetures d’abattoir se sont produites en France, « mais pas à Autun ! », poursuivait le président qui rendait hommage à la mobilisation collective survenue ici entre politiques, administration, profession… Bernard Lacour remémorait que le président de la Communauté de communes « Rémy Rebeyrotte avait alors mis 5 millions d’euros sur la table », témoignant d’une « volonté politique ». Il y avait eu aussi la détermination des professionnels qui s’étaient mobilisés en créant l’association de sauvegarde de l’outil. La conviction qu’il fallait maintenir cet outil au service d’un territoire l’a emporté et les 3.200 tonnes de 2024 donnent raison à tous ceux qui se sont engagés.


La SICA reconduite pour 7 ans


C’est Jean-Philippe Nivost qui avait alors pris la présidence de la très déterminante association de sauvegarde, tout en devenant vice-président de la SICA. En 2021, il succédait à Bernard Joly avec comme principale mission le renouvellement de la Délégation de Service Public liant l’abattoir à l’Intercommunalité. Cette mission a été menée à bien l’an dernier avec la signature d’une nouvelle DSP pour une durée de cinq ans plus deux fois 1 an, soit 7 ans au total. Au terme d’un engagement de longue date pour l’abattoir de l’Autunois, Jean-Philippe Nivost a voulu profiter de la bonne santé retrouvée de l’outil et de l’arrivée de nombreux jeunes au sein du conseil d’administration de la SICA pour passer le flambeau. Son successeur est l’un de ces jeunes éleveurs qui ont tenu à s’impliquer dans l’abattoir. Âgé de 36 ans, Damien Regnier s’est engagé au conseil d’administration de la SICA en 2014 à la demande de Bernard Joly. En 2022, il est devenu le vice-président de la SICA de l’abattoir.


La faisabilité d’un atelier de steaks hachés…


Comme tous ses aînés, Damien Regnier se réjouit que le pari de l’abattoir d’Autun ait été gagné. Ce succès est le fruit de toute une équipe, à commencer par le personnel de l’outil, rendait hommage le jeune président. Cette réussite doit aussi beaucoup aux clients et usagers. L’abattoir autunois a la chance aujourd’hui de pouvoir compter sur deux importants chevillards : Clavières Viandes et André-Raze. Éleveurs et bouchers sont également très attachés à cet outil de proximité.
Le nouveau président aura à cœur d’assurer le développement du tonnage abattu par la recherche de nouveaux clients. La croissance escomptée concerne aussi l’atelier de découpe qui devra tenir compte des nouveaux modes de consommation, confie Damien Regnier. En la matière, une réflexion est engagée sur la faisabilité d’un atelier complémentaire pour l’élaboration de steaks hachés. Une étude portée par l’association de développement de l’abattoir, la CCGAM et la Communauté Urbaine Le Creusot-Montceau sera menée sur le sujet en 2025.

« On fait de l’ultra-local et c’est notre force »

« Tous les compteurs d’activité sont bons aujourd’hui », confirmait le directeur de l’abattoir d’Autun Louis-Bertrand Jannerod. Ce dernier ne cachait pas cependant que l’outil est confronté, comme tout le monde, à des charges : prix des énergies et surtout « co-produits qui nous coûtent de plus en plus ». Mais, contrairement à la plupart des outils nationaux, « l’abattoir d’Autun a la chance que son activité ne diminue pas », se félicitait le directeur. Ici, « on fait de l’ultra-local et c’est notre force », poursuivait-il. Autre atout de l’outil autunois, son personnel est stable avec l’équivalent de 26 salariés. Signe d’un attachement de ces derniers à leur entreprise, le turn-over au sein de l’équipe est faible et les collaborateurs sont visiblement très fiers d’œuvrer à la réussite de l’abattoir du territoire.

Damien Regnier : « la volonté de s’impliquer pour son territoire »

Damien Regnier est l’un des trois associés du Gaec du Moulin du Pré Charmoy à Tavernay. Le Gaec uni le jeune éleveur à ses deux oncles Gérard et Bernard Alexandre. Avec 145 vêlages charolais, ils engraissent toutes leurs femelles dont la quasi-totalité est abattue à l’abattoir d’Autun, « en filière courte », par le chevillard André-Raze. Chaque année, une dizaine de ces vaches sont valorisée via l’association « Saveurs de Nos Prairies Autunoises » qui fournit le Leclerc d’Autun.
Le parcours de Damien Regnier témoigne de sa volonté de s’impliquer pour son territoire. Lorsqu’il s’est engagé au conseil d’administration de la SICA en 2014, Damien Regnier était le président des Jeunes Agriculteurs des cantons d’Autun, Lucenay-l’Évêque. Par la suite, le jeune éleveur est devenu l’un des piliers de l’association de producteurs « Saveurs de Nos Prairies Autunoises » dont il a la charge de planifier les animaux fournis par les adhérents et tués à l’abattoir. En 2022, Damien Regnier est devenu le secrétaire de l’association. Depuis deux ans, il est aussi le trésorier de la Société d’Agriculture d’Autun.