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[Série de l'été]Transmission, cession et retraite

La transmission, préoccupation montante des agriculteurs

La dernière enquête menée par BPCE L’Observatoire montre des exploitants agricoles inquiets de leur capacité à transmettre leur outil de travail dans de bonnes conditions.

La transmission, préoccupation montante des agriculteurs
Cette année, les viticulteurs, en particulier, affichent un fort pessimisme.

 

La quatrième édition de l’enquête Agriculture-Viticulture de BPCE L’Observatoire met en lumière l’inquiétude croissante des agriculteurs et viticulteurs quant au devenir de leur exploitation. Dans cette enquête menée en février-mars 2025 auprès de 1 200 chefs d’exploitation - dont 500 viticulteurs - par le deuxième acteur bancaire français, la préoccupation la plus citée « pour les deux prochaines années », et de loin, concerne la préparation de la cession ou de la transmission de l’exploitation et de la retraite (28 %). Un thème qui se détache nettement, devant le financement du besoin de trésorerie (19 %) (sauf chez les viticulteurs où cette dernière préoccupation est sensiblement plus élevée avec 26 %) et l’amélioration de « la protection santé » pour les agriculteurs ou leurs proches (16 %).

Cette hiérarchie des priorités s’explique en partie par l’âge moyen du panel (53 ans) - conforme à la population agricole - et le fait que la moitié des exploitants interrogés pourrait partir en retraite dans les 10 ans. Mais ce n’est pas la seule raison à cette inquiétude. 58 % des exploitants âgés de 55 ans ou plus interrogés dans cette enquête estiment, en effet, que la reprise de leur exploitation « n’est pas assurée ». Une partie d’entre eux (17 %) pense qu’ils devraient trouver un repreneur, une autre « l’espère » sans savoir encore qui (18 %) et une dernière (13 %) est d’ores et déjà convaincue que l’exploitation « ne va probablement pas être transmise ». 

Des viticulteurs particulièrement pessimistes

Le sondage livre également un autre signe alarmant sur l’état d’esprit des agriculteurs. Si les deux tiers d’entre eux (67 %) pensent qu’ils travailleront toujours sur leur ferme d’ici cinq ans, une part croissante par rapport à la dernière enquête (33 %), considèrent qu’ils auront quitté le métier. Parmi les motifs qui les conduiraient à cesser leur activité, la grande majorité (76 %) cite naturellement la retraite. Mais une part non négligeable (10 %, un chiffre qui a doublé par rapport à la dernière enquête) estime qu’ils y seront contraints « par les difficultés économiques ».

La conjoncture actuelle constitue sans doute l’une des causes de cette morosité. 37 % des exploitants interrogés « s’inscrivent dans une trajectoire de diminution de leur chiffre d’affaires » pour les douze prochains mois, un chiffre en hausse de 14 points depuis 2019 ! Les viticulteurs, en particulier, affichent cette année un fort pessimisme. 62 % envisageaient une détérioration de leur rentabilité avant même l'annonce de l'augmentation des droits de douane par les États-Unis et 53 % anticipaient une baisse de leur chiffre d’affaires.

A rebours de ce pessimisme ambiant, le sondage montre des agriculteurs très impliqués dans l’évolution de leurs pratiques agricoles. 57 % des exploitants se disent engagés dans une démarche agroécologique. Dans ce domaine, 50 % pratiquent la conservation des sols (sans labour, semis sous couvert) contre 35 % en 2023 et 32 % détiennent une certification environnementale, contre 24 % en 2023. Ils sont également 23 % à être producteurs d’énergie via des panneaux solaires et 28 % l’envisagent dans les cinq ans à venir. 

Actuagri