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Lutte contre la flavescence dorée

Le Beaujolais entre dans la lutte

La préfecture du Rhône a validé l’arrêté préfectoral du 4 mars 2014. La lutte contre la cicadelle vectrice de la flavescence dorée est
définitivement actée dans le Beaujolais. Tour d’horizon des principales
mesures prises par la Draaf-Sral, consécutives d’une concertation avec la
profession viticole, le 10 février à Villefranche.
Par Publié par Cédric Michelin
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Il a fallu attendre le mois de mars pour que l’arrêté préfectoral pour l’organisation de la lutte contre la flavescence dorée soit officiellement publié après la validation de la préfecture du Rhône. Comme prévu, les mesures engagées sont fondées sur les résultats de la prospection organisée à la demande de l’Etat, par la Fredon et les viticulteurs. L’arrêté émane aussi des consultations de la chambre d’agriculture et de la profession viticole. Voici les principaux enseignements à tirer de cet arrêté préfectoral pour le Beaujolais.

14 communes concernées



En 2013, la prospection exhaustive du vignoble étalée entre 2013 et 2015 avait révélé la présence de deux ceps atteints par la flavescence dorée dans le nord du département, un sur Emeringes et le second sur Fleurie. Dans le sud du Beaujolais, un important foyer sur deux parcelles contiguës, une de chardonnay et une autre d’aligoté, contenait six ceps contaminés. « Un nouveau cas a été repéré à La Chapelle-de-Guichay, en Saône-et-Loire, d’où la présence d’une quatrième zone tampon incluant le Rhône », précise Jean-Yves Couderc. Désormais, quatorze communes sont intégrées dans le périmètre de lutte : huit sont considérées comme contaminées (Fleurie, Jullié, Emeringes, Chénas Lancié, Lachassagne, Anse et Lucenay) et six comme susceptibles d’être contaminées (Juliénas, Vauxrenard, Chiroubles, Villié-Morgon, Corcelles-en-Beaujolais et Marcy).

Des zones tampon de 1 km



A partir des ceps atteints, des zones tampon ont été tracées dans un rayon d’un kilomètre, sur les communes d’Emeringes et Fleurie (nord-beaujolais), Lachassagne (sud-beaujolais) et La Chapelle-de-Guinchay en Saône-et-Loire. Une seconde zone d’un kilomètre autour de ce premier rayon a même été préconisée autour de Lachassagne, « le foyer étant plus expansif », affirmait Denis Bec de la Fredon. Dans ces zones tampon, les viticulteurs sous le contrôle de la Fredon devront donc poursuivre leur prospection exhaustive de manière à couvrir 100 % du territoire communal viticole à l’issue de la campagne 2015. Les communes de Chiroubles, Villié-Morgon et Corcelles-en-Beaujolais devront, elles, opérer des prospections au bord des parcelles.
Pour lutter contre la maladie, les viticulteurs auront jusqu’au 31 mars 2014 pour arracher les ceps positifs découverts en 2013. Le délai sera identique pour 2015. A la demande de la profession, l’arrachage s’appliquera aussi sur les ceps atteints par la maladie du bois noir. « L’arrêté stipule également l’arrachage ou la destruction des parcelles de vignes situées dans les communes concernées qui auront été déclarées par la Draaf comme non cultivées, c’est-à-dire avec l’absence manifeste de taille, de traitements et de récolte », complète Jean-Yves Couderc.

Deux traitements obligatoires



Ensuite, et c’est probablement la mesure qui préoccupait le plus les viticulteurs, l’arrêté prévoit deux traitements obligatoires contre l’agent vecteur de la maladie dans les zones tampon d’un kilomètre. « Ces deux traitements au stade larvaire seront complétées par un traitement au stade adulte en cas de forte présence d’adultes après les deux premiers traitements », précise le responsable du pôle contrôles et sanitaires au Service régional de l’alimentation (Sral). Dans la mesure du possible, des contrôles larvaires et un suivi de pièges permettant d’évaluer les populations de l’insecte vecteur et les risques de contamination seront ainsi réalisés dans chaque commune du périmètre de lutte. Quant à la seconde zone tampon de Lachassagne, les viticulteurs devront effectuer un seul traitement au stade larvaire.
Enfin, les pépinières viticoles seront également concernées par cet arrêté. Dans le périmètre de lutte, les nouvelles plantations devront être réalisées à partir de plants traités à l’eau chaude, à l’exception des plants accompagnés d’un passeport phytosanitaire permettant la circulation dans les zones protégées contre la flavescence dorée.

Selon l’arrêté préfectoral n°2014063-0008 du 4 mars 2014.

« Ne pas prendre le sujet à la légère »



Pascal Aufranc et Audrey Charton, respectivement viticulteur à Chénas et présidente du cru fleurie attendent une forte mobilisation de la profession viticole.

Forcément, ils suivent l’évolution du dossier avec attention. Pascal Aufranc et Audrey Charton ont été les premiers mis au courant des mesures prises. Le viticulteur de Chénas s’est satisfait de la cohérence de l’arrêté préfectoral. « Les administrations ont écouté nos recommandations. Elles n’ont pas pris la situation à la légère, sans pour autant se montrer excessives dans la répression. Ce compromis est vraiment intéressant. Maintenant, l’avenir nous dira si cette formule est efficace », a analysé Pascal Aufranc.
Ce dernier songe également aux prochaines prospections qui pourraient être programmées après les vendanges, suivant l’avancée de la saison. « On compte sur les ODG via l’Union des vignerons du Beaujolais et sur les différents syndicats viticoles pour mobiliser le maximum de viticulteurs, et cela pour plusieurs raisons. Cela nous permettrait de rattraper le retard général des prospections de 2013. Vis-à-vis des administrations, nous afficherons notre volonté de lutter contre cette maladie. Enfin, les viticulteurs non inclus dans les zones concernées pourront se former à reconnaitre les symptômes et repérer d’éventuels ceps atteints sur leurs parcelles », juge Pascal Aufranc.
Sur le secteur de Fleurie, les viticulteurs n’ont prospecté que 20 % de la superficie globale, bien loin des 33 % prévus chaque année, de 2013 à 2015. Forcément, l’appellation aura besoin d’hommes supplémentaires pour combler ce retard. « On a tout intérêt à effectuer ces prospections et ne pas prendre le sujet à la légère. Nous devons donc sensibiliser le maximum de viticulteurs. Ce n’est pas le problème d’une seule appellation, mais bien d’une région viticole », a réagi Audrey Charton.
D.D.