Accès au contenu
Inter Beaujolais

Le négoce reprend les rênes

L’assemblée générale d’Inter Beaujolais a réuni les responsables du
vignoble le 16 juillet au 210. Le négoce a repris la présidence, six ans
après l’avoir quittée, par l’intermédiaire de Bruno Mallet (Vins
Aujoux). Thierry Saint-Cyr a été élu vice-président.
Par Publié par Cédric Michelin
124546--PHoto_2.jpg
[WEB]Cette assemblée a commencé par un point sur les différents marchés. [/WEB]Le vice-président Xavier Barbet, a précisé que le budget de 4 millions d’euros pour la promotion se répartissait sur deux axes : la France et l’export. Dans ce dernier, il faut distinguer trois niveaux de marchés : les marchés à maturité : Etats-Unis, Angleterre et Japon ; les marchés à reconquérir : Allemagne, Pays-Bas et Belgique et les marchés à confirmer : Chine, Brésil et Russie. « Les actions sont effectuées avec parcimonie depuis 2 ou 3 ans car il n’est pas possible de tout continuer », a déclaré le président Dominique Capart. Pour le budget 2012-2013, sur 100 euros de CVO (cotisations volontaires obligatoires) et autres recettes, plus des trois quarts sont destinés à la promotion du vignoble.
Dominique Capart, dans son dernier rapport moral, est revenu sur son travail durant ses deux mandats et sa volonté de chercher à améliorer les relations entre beaujolais/beaujolais villages et crus. « La régulation du marché n’est possible que si le travail est réalisé dans l’unité. Les crus ont un rôle de locomotive et les prix de vente en cohérence avec la qualité ne sont pas encore atteints. Pour cela, il faut intensifier la vente directe ». Au sujet de la relation avec la Bourgogne, le président a tenu à rappeler que « le Beaujolais n’était pas le réservoir de bons ceps pour la Bourgogne. L’appellation coteaux-bourguignons devra donc être régulée ou ne se fera pas. Je suis satisfait que Bruno Mallet me succède car il a une bonne connaissance du vignoble et il aura mon soutien ».
[WEB]

« Maintenir les outils de régulation »





Jérôme Despey, président du conseil spécialisé de la filière vin au sein de FranceAgriMer a rappelé la stratégie définie par l’établissement. Son budget s’élèvera à 1,16 Milliard d’euros dans le cadre de son projet quinquennal, avec un accompagnement stratégique, notamment à l’export. « Nous souhaitons préserver des outils spécifiques pour accompagner la filière viticole. L’accompagnement va se poursuivre, avec des actions ciblées pour votre bassin de production, afin de parvenir à des gains de parts de marché. Plutôt que l’uniformisation, c’est cette position que nous souhaitons défendre dans la Pac », a déclaré Jérôme Despey. Le responsable souhaite également des débats sur les éléments de régulation, tels que les droits de plantation. « Il n’y a pas d’ambiguïté ; il faut bien sûr maintenir les outils de régulation. C’est plus la gestion de ces droits qui pose problème. Quand le besoin est là, qu’il y a la capacité, pourquoi ne pas donner des droits de plantation supplémentaires ? », considère le responsable. « Il faut s’engager avec les Pouvoirs publics et les interprofessions pour dégager des moyens d’action. C’est ce que j’irai dire au ministre de l’Agriculture dans les prochains jours », a-t-il terminé. [/WEB]


Des élus s’inquiètent



Certains viticulteurs ont profité des questions diverses pour prendre la parole. Yves Bonnet, viticulteur d’Anse et élu de la chambre d’agriculture, a ainsi rappelé le nombre d’exploitations en cessation de paiement et l’absence de nouvelles installations de jeunes. « On parle de caractérisation de terroirs qui ne font plus vivre et qui s’arrachent. Pourquoi le négoce fait tout pour faire échouer l’organisation du marché, avec des beaujolais et beaujolais villages moins chers que les vins de table ». Jo Giroud a pour sa part salué le travail de Dominique Capart, avant d’insister sur la nécessité de passer rapidement à la structuration de l’offre. « Si les beaujolais et beaujolais villages restent dans cet état, avec les coûts de production actuels, ils n’ont guère de chance de s’en tirer ». [WEB]Et de poursuivre sur les dégâts économiques et humains. « Lors de la réunion avec le vice-président du tribunal de grande instance, celui-ci a insisté sur la mauvaise information donnée aux viticulteurs. Avec la suppression des aides comme Agridiff, les moyens d’accompagnement sont faibles, alors qu’il faut faire face à des situations humaines et psychologiques difficiles ». [/WEB]


Commercialisation : des signes de redémarrage ?



Anthony Collet a fait le point sur l’évolution des ventes en grande distribution et sur les marchés export.

Le marché français représente aujourd’hui environ 60 % des volumes beaujolais commercialisés. De mai 2011 à avril 2012, les ventes en hypermarchés et supermarchés du Beaujolais est en baisse de 1,7 %. En valeur, les appellations beaujolaises progressent

(+ 1,6 %). Le vignoble beaujolais représente 3 % des parts de marché des AOP françaises, toutes couleurs confondues.

Au sein des appellations beaujolaises, en volume, les beaujolais villages et les crus augmentent de 2,9 %, le beaujolais nouveau de 3 % alors que les blancs diminuent de 4,7 % et les beaujolais nouveaux rosés de 34,2 %. « Ces baisses s’expliquent par un phénomène de rupture avec la grande distribution », précise Anthony Collet. « Au final, on observe des signes de redémarrage sur les réseaux de grande distribution. Les foires aux vins et les actions de promotion sur le beaujolais et beaujolais-villages commencent à porter leurs fruits », ajoute t-il.

Le marché extérieur, 40 % des volumes commercialisés, est en légère hausse (+ 0,4 %). Sur la zone Europe, les ventes augmentent de 0,8 % en volume, mais connaissent une baisse de 1,1 % en valeur. Le Japon connaît la plus forte progression des ventes (+ 11 %) et l’Allemagne repart à la hausse +7,1 %).




Bruno Mallet : « Le Beaujolais a des atouts »




Le nouveau président de l’interprofession se présente et livre ses impressions.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

« J’ai 42 ans[WEB], je suis marié et père de trois enfants. J’habite à Montmerle-sur-Saône, mais je suis d’origine stéphanoise[/WEB]. Depuis maintenant 12 ans, je suis directeur général de la société de négoce Aujoux, basée à La Chapelle-de-Guinchay. Cette société de 17 salariés représente aujourd’hui un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros. Ses marchés se répartissent à 50/50 entre la France et l’export. »



[WEB]Qu’est-ce qui vous a décidé à prendre la tête de l’interprofession ?
« Il n’y avait personne issu du négoce depuis longtemps. J’étais depuis trois ans au conseil d’administration et je participais déjà au travers d’une commission. Je connais bien la région et ses enjeux pour l’avenir. Les atouts du Beaujolais sont connus, notamment en termes d’œnotourisme, même si c’est difficile et long à prouver. La situation géographique en fait la région la plus courue de France, avec également un pôle gastronomique important. »

Que pensez-vous du travail réalisé par Dominique Capart et son équipe ?
« Il y a six ans, c’était compliqué… Suite à l’arrivée de Dominique Capart qui a su s’entourer d’une équipe qui fonctionne, il y a désormais des représentants avec qui discuter de manière constructive. Le président a fait du très bon travail et il faut continuer sur cette lancée. Maintenant, on compte sur nous. Je comprends la situation et avec Thierry Saint-Cyr, je pense que nous formerons un bon binôme pour faire avancer les choses. »[/WEB]




Quelles sont les actions sur lesquelles vous comptez insister ?

« Il ne faut pas confondre négoce et distribution. Nous ne sommes pas les méchants du vignoble et nous devons prouver que nous avons un rôle à jouer. Il faut insister sur la marque globale Beaujolais et continuer de tirer les crus vers le haut et en même temps, ne pas casser la pépite qu’est le beaujolais nouveau. Il faut continuer de promouvoir les différents événements pour vendre du Beaujolais. En tant que représentant du négoce, je ne vais pas faire l’éloge de la vente directe mais il est vrai que c’est aussi important pour certains viticulteurs. »


Images