Le Prosecco a permis une explosion internationale
Le directeur de l’UPECB (Union des producteurs et élaborateurs de crémants de Bourgogne), Pierre du Couëdic est intervenu lors de l'AG de la cave de Bissey-sous-Cruchaud pour faire un point économique sur l'appellation qui fête ses 50 ans en 2025.

Le directeur de l’UPECB (Union des producteurs et élaborateurs de crémants de Bourgogne), Pierre du Couëdic n’était pas là pour fêter les 50 ans du décret d’appellation de 1975 pour les crémants de Bourgogne. Non, pas tout de suite. Un livre et des événements vont suivre au printemps et il dira tout sur l’histoire des vins effervescents en Bourgogne qui débute au Moyen Âge en réalité même si trop de bourguignons ne se souviennent que des « rôteux de foire » d’après Seconde Guerre mondiale, déplorait-il.
Il était surtout invité pour présenter l’économie de la « troisième » appellation bourguignonne en volume (après Chablis et Mâcon ; si l’on sépare Bourgogne blanc et rouge). Car depuis plus d’une décennie, la seule AOP effervescente de Bourgogne est « dynamique » car elle a travaillé à « segmenter l’offre pour valoriser nos vins et aller sur de nouveaux marchés avec de nouveaux consommateurs, avec des cuvées premium notamment ».
Les proseccos ont balayé les anciennes bulles
Mais, ceci a aussi été facilité par la conjoncture mondiale. En effet, les vins effervescents de partout ont connu une forte hausse de leurs consommations, autour de + 2.7 % annuels en moyenne. « Comme les crémants de Bourgogne ». Si la Bourgogne ne fait pas mieux ni pire, il faut rappeler que les vins tranquilles ont eux subis une déconsommation durant cette même période, même si le ratio reste de dix bouteilles de vins tranquilles pour une effervescente. La croissance provient donc principalement des exportations. Désormais, une bouteille sur deux passe au moins une frontière. Auparavant, le marché des effervescents était « concentré » sur l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et la France. « Depuis, le marché s’est internationalisé », avec l’Amérique notamment. Les cuvées entrées de gamme stagnent voire régressent. En 2010, le développement de cuvées « premium » et « ultrapremium » de crémants de Bourgogne va changer la donne en France comme à l’étranger.
Qui dit haut de gamme fait forcément référence aux Champagnes, « incontournables ». Pour autant, les vins italiens Prosecco « les battent à plates coutures en volumes », eux qui visent un milliard de bouteilles (750 millions actuellement). L’entrée de gamme n’est donc plus un marché (Vouvray, Saumur, méthode gazéifiée…). Pour autant, les effervescents premium sont de plus en plus nombreux : les champagnes, prosecco premium et cava premium. Les crémants se positionnent entre. « Les ventes de champagne baisse. Ils ont tiré l’élastique des prix, qui ne casse pas, mais on surveille en 2025 leur repositionnement prix ». Pour les crémants de Bourgogne, « il reste de la marge » pour augmenter les prix sur les marchés valorisés.
Anticipant la question des taxes douanières dans le monde de « Trump », Pierre du Couëdic rappelle que c’est l’histoire économique. Si des marchés se ferment, d’autres s’ouvrent. Et de rappeler justement l’arrivée des Prosecco qui « avait mis tout le monde des bulles de l’ancien monde d’accord » : tous les « sparklings » avaient été balayés du marché Anglais et avaient dès lors prospecté d’autres marchés internationaux. Les crémants en ont profité, comme d’autres.
Pourquoi mettre cher dans un champagne ?
L’UPECB dénombre 4.000 opérateurs habilités « mais en moyenne 1.500 déclarants de récoltes ». En 2024, la bonne surprise a été du côté des volumes avec 189.818 hl revendiqués vins de base crémant « contre 150.000 hl estimés avant vendanges ». Le juste niveau pour « maintenir, ni stocker, ni déstocker » de trop. Car, l’UPECB cherche une croissance régulière. En 2024, les ventes ont progressé de + 6 %, dont la moitié fait à l’export. Et seulement 30 % en grande distribution (contre 75 % des vins vendus). « Cela donne de la visibilité sans être écrasant sur notre marché mature ». L’UPECB craint surtout « les aléas climatiques » qui depuis 2015, l’ont amené « à une rupture totale dans la façon de gérer les volumes commercialisables ». Reste enfin la question du carcan des crémants ? Faut-il continuer de faire cause commune avec ceux d’Alsace, du Jura, de Bordeaux, de Loire, de Savoie et du Languedoc-Roussillon ? « Nous sommes connus (notoriété) et surtout notre image est très bonne. De l’expression, « mieux vaut un bon crémant qu’un mauvais champagne », nous sommes passés chez les prescripteurs à « pourquoi mettre cher alors que l’on peut trouver aussi bon et moins cher » ». Le crémant de Bourgogne restant ainsi un achat « malin pour se faire plaisir ».