« Le temps est compté ! »
mais deux orages de grêles ont provoqué d’importants dégâts. A l’urgence
des réparations se rajoutent de multiples complications. Réglementaires
en premier lieu, notamment pour les toitures amiantés. « Le temps est
compté » pour trouver des entreprises agréées et effectuer les réparations qui s'imposent.
Visiblement, vendredi 20 juillet à Bosjean, la trentaine d'agriculteurs attendait de pied ferme cette réunion organisée par la FDSEA de Saône-et-Loire. Installé depuis le 1er décembre 2011 sur Saint-Germain-du-Bois, un jeune éleveur « accumule » les problèmes : « mes veaux ont pris l’eau. Les frais vétérinaires (2.500 €) se rajoutent aux 2.000 € des services de remplacement ». Sur les cultures (voir encadré), après trois semaines, hormis les parcelles détruites à 100 %, « ça redémarre », notait David Cornier, secrétaire général des Jeunes agriculteurs. « Mais le temps s’accélère » avec les fourrages « trempés », « on travaille d’arrache-pied pour ne pas avoir un incendie en plus ».
Une cellule de suivi à la préfecture
Groupama a enregistré 1.500 dossiers bâtiments, sur un total de 5.000 déclarations consécutives. Le Crédit agricole, via sa filiale d’assurance Pacifica, en a comptabilisé 460, dont une soixantaine de professionnels.
Visiblement sensible, François Philizot, préfet de Saône-et-Loire, comprenait la détresse des différents témoignages qui se succédaient. « On aurait dû venir avant certainement. Dès lundi (le 23 juillet, ndlr), une cellule de suivi sera mise en place pour savoir où on en est exactement et pour permettre une meilleure coordination » des réparations (assureurs, banques, entreprises du bâtiment…).
L’amiante alourdit les dossiers et les factures !
Reste un « gros souci juridique : l’amiante qui alourdit les dossiers pour tout le monde », continuait-il. Pourtant, la première phase de déclaration de dégâts s’est « passée dans les temps », témoignait le président de la Fédération départementale des caisses locales de Groupama, Jean Bajard. C’est donc bien après que le bât blesse. Le président de la FDSEA, Yves Bonnot, insistait donc pour qu’à « situation exceptionnelle, des moyens exceptionnels soient trouvés », et surtout « sans rajouter des règles aux règles ». « Le temps est compté », précisait Dominique Vidal de Groupama qui aimerait, elle aussi, accélérer « les contraintes administratives ».
« Tout le monde sait que l’amiante fait des ravages en matière de santé. Mais on ne peut pas bloquer les chantiers. Les pouvoirs publics doivent prendre en charge les coûts supplémentaires », insistait Yves Bonnot. Reste une autre problématique et de taille : seules dix entreprises en Saône-et-Loire sont habilitées à désamianter des bâtiments agricoles "ouverts". « J’ai appelé aujourd’hui. On m’a donné un rendez-vous pour octobre », s’énervait un agriculteur. « On ne veut pas laisser nos veaux dehors cet hiver et être –en plus– être accusés de maltraitance », réagissait un autre. La course contre la montre continue...
Réussir à mobiliser les entreprises
La Capeb 71, Confédération des petites entreprises du bâtiment de Saône-et-Loire, indiquait mettre à disposition une liste des désamianteurs et avoir déjà simplifié « les procédures pour améliorer les délais de traitements des dossiers » de leurs côtés.
Pour le préfet cependant, « on ne peut malheureusement pas se satisfaire de cette réponse de la Capeb : nous sommes dans une situation où il faut réussir à mobiliser les entreprises et voir dans les départements voisins si des compétences sont disponibles de façon à accélérer les opérations, fatalement au cas par cas ».
Lundi en préfecture, les assureurs se sont engagés à contacter les entreprises des départements limitrophes. La pression est également mise sur les experts. L’état des lieux a été affiné « pour prioriser », comme le souhaitait le préfet. Les services de l’Etat sont mobilisés (DDT 71, Direccte, Services fiscaux…).
« 48 €/m2 pour désamianter »
Arnaud Danjean, député européen, Cécile Untermaier, député de la Bresse et du Val de Saône, promettaient tous deux de suivre l’évolution des dossiers. Mais c’est le vice-président du Conseil général, Christian Gillot, qui, le plus, « regardait avec beaucoup d’amertume cette désolation », celle-ci lui rappelant des situations personnelles sur son exploitation de Mesvres. Il encourageait les sinistrés à « faire attention au simple visuel. Les dégâts sont souvent plus importants et, année après année, le gel et l’humidité font éclater les plaques », mettait-il en garde. Les blessures seront donc longues à cicatriser. Le Département le sait et « n’écarte pas l’idée d’une aide ».
Car les premiers devis font froid dans le dos pour les bâtiments. Un éleveur venait de recevoir une facture pour près de 48 €/m2 pour désamianter sa toiture. Le Crédit agricole assurait alors « prendre en charge la situation de chacun, avec des prêts bancaires à taux zéro les trois premiers mois ». Se posent également les questions de contrat d’assurance et les clauses de "vétusté" des bâtiments.
Le mot de la fin revenait à Christine Jacquard : « on avait besoin de soutien et d’un discours positif pour qu’enfin on agisse en notre faveur. On espère maintenant des mesures rapides pour savoir dans quelle direction avancer et retrouver notre travail ». La prochaine réunion en préfecture est programmée au 10 août. Un point sur les avancées des travaux sera alors fait. A suivre donc…
Violent épisode de grêle en nord Louhannais
Le 30 juin, un orage de grêle a violemment frappé le nord-est du département. La grêle a d'abord touché le secteur de Jully-les-Buxy, Laives et Nanton, avant de franchir la Saône et de rayonner ensuite en étoile, vers Simandre, vers Saint-Vincent-en-Bresse et Saint-Usuge et vers Saint-Germain-du-Plain, Mervans et Bosjean. Plus de vingt communes ont ainsi été atteintes par la grêle et environ 6.000 ha de cultures ont été touchés à des degrés divers, notamment les colzas (2.000 ha affectés pour un taux de perte moyen de 40 %) et les blés (20 % de pertes)*. Les orges ont aussi subi des pertes importantes, mais étaient déjà récoltées pour moitié. Les communes les plus touchées seraient Laives et Bosjean où des vents tourbillonnants ont aggravé les effets de la grêle. Les tournesols, les maïs et les sojas ont globalement moins souffert.
* : estimations de Bourgogne du Sud
N°vert : 0811 69 69 71
Concernant les toitures en amiante des bâtiments, les exploitants d’un lieu de travail sont invités à se rapprocher des services de l’inspection du travail, la Direccte, qui préciseront les conditions d’exécution des travaux soumis à un plan de retrait. La fédération nationale des syndicats d’agents généraux d’assurances a mis en place un n° vert, le 0811 69 69 71, délivrant une information sur « les bons réflexes » à avoir pour la déclaration de son sinistre.