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Avant tournesol

Les couverts à privilégier

Le 4e programme d’action de la Directive Nitrates impose pour les zones vulnérables une couverture intégrale des sols pendant l’hiver d’ici 2012, ceci pour limiter les risques de lessivage des nitrates et contribuer à la préservation des ressources en eau. Les conseils du Cétiom pour l’avant culture de tournesol.
Par Publié par Cédric Michelin
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Depuis un an, une part significative de la sole française de tournesol est concernée par cette évolution de la réglementation. Pourtant, les habitudes de couverts en interculture sont très dépendantes des régions et des précédents arrêtés de la Directive Nitrates.
Le choix des espèces doit être réfléchi en fonction des objectifs d’exploitation : environnement, agronomie, économie, organisation du travail… Des critères techniques sont à intégrer pour conjuguer mise en place du couvert, facilité de destruction et risque agronomique limité vis-à-vis du tournesol qui suit. Ainsi, par mesure de précaution pour éviter le mildiou, le nyger et le tournesol doivent être impérativement bannis entre une céréale et un tournesol. De la même façon, les moutardes et autres crucifères seront déconseillées si le colza revient souvent dans la rotation (en cause : les insectes et maladies).
Des espèces à vocation d’engrais vert - comme les légumineuses - sont dorénavant autorisées en mélange, même si le piégeage d’azote demeure au cœur des préoccupations. Ces plantes fixatrices d’azote atmosphérique peuvent donc aujourd’hui cohabiter avec les graminées (avoine, seigle), les polygonacées (sarrasin) ou encore les hydrophyllacées (phacélie) et les crucifères (moutarde, radis).
Cette nouvelle disposition réglementaire ouvre le champ des possibilités et permet de valoriser au mieux les différents atouts agronomiques :
- dans les sols pauvres en azote, l’association d’une légumineuse (vesce, pois fourrager, féverole, lentille par exemple) avec une graminée - type avoine brésilienne - permet généralement d’obtenir un couvert à croissance et à développement rapides, capable de piéger l’azote dans le sol, de fixer l’azote atmosphérique, de le recycler et de le redistribuer au printemps.
- dans les sols à bonne disponibilité en azote et sans retour fréquent du colza, préférez les crucifères comme la moutarde blanche ou la phacélie, dotées d’une bonne faculté de piégeage d’azote et d’étouffement vis-à-vis des mauvaises herbes. L’ajout d’une légumineuse peut néanmoins être payant si l’on veut maintenir une certaine richesse azotée jusqu’au printemps.
- dans les sols à structure fragile (limon moyen ou sableux), les espèces structurantes comme le radis, le seigle, l’avoine ou la phacélie fissureront le sol avec un impact positif pour le tournesol suivant.
Dans tous les cas, mélangez deux à trois espèces au maximum pour, d’une part sécuriser la mise en place du couvert et, d’autre part, ne pas favoriser les phénomènes de concurrence entre les espèces. Dans un mélange, la dose de semis d’une espèce est calculée à partir de la proportion de l’espèce dans l’association et de la densité conseillée en couvert "pur" (exemple pour le mélange vesce/avoine : 50 % de 50 kg/ha de vesce + 50 % de 60 kg/ha d’avoine).
Les itinéraires de semis
Un ou deux déchaumages post-récolte de la céréale permettront de préparer au mieux le semis. Ce dernier doit être simple - à partir du matériel de l’exploitation - et efficace, pour rentabiliser au mieux l’achat de semences. Un roulage après le semis est indispensable pour augmenter le taux de germination.
La nature des espèces (taille des graines, profondeur et densité de semis) détermine le niveau d’exigence du semis (tab ci-dessous)
Les caractéristiques du milieu (humidité du sol, réserves azotées et températures) conditionnent ensuite fortement la levée des espèces (lire également l’encadré en pièce-jointe). Il est alors important d’adapter la date de semis au rythme de développement du couvert :
- semis entre le 1er et le 25 août les espèces à pousse relativement lente : phacélie, avoine strigosa, seigle, mélanges avoine strigosa/légumineuse (i.e. féverole, pois fourrager, vesce, gesce), mélange avoine/vesce/phacélie ;
- semis plus tard (fin août à mi-septembre, bien s’informer des règles en vigueur dans chaque département) les moutardes notamment variétés précoces, radis fourragers et avoines de printemps.
Périodes et modes de destruction avant tournesol
D’un point de vue général, pour ne pas pénaliser le tournesol qui suit, les destructions précoces (novembre/décembre), et dans tous les cas avant la mi-février (pour éviter la concurrence pour l’eau), sont les plus adaptées. Les légumineuses peuvent être maintenues jusqu’à la mi-janvier. Au-delà de la période de destruction, certains sols méritent une vigilance accrue au regard de leur portance et sensibilité au tassement.
Dans certains secteurs, la destruction par le gel reste une solution aléatoire qu’il convient de réserver uniquement à certaines espèces (féverole, sarrasin, moutarde). Pour les espèces moyennement gélives, un passage de rouleaux type Cambridge ou Cultipacker complète bien l’action du gel.
Le broyage est une solution intéressante pour éliminer les moutardes ou phacélies à forte biomasse notamment. Le labour, plus radical, vient à bout de nombreux couverts et succède souvent un broyage si le couvert est haut au moment de sa destruction. L’élimination par déchaumages est possible sur couverts peu développés (avec outil à disques) ou en cours de décomposition suite à des gelées ou un broyage préalable (avec outil à dents).
Lorsqu’ils sont autorisés, les herbicides non sélectifs restent la solution de simplicité et de rapidité. Dans la plupart des cas, les situations d’itinéraires de semis sans labour sont soumis à des régimes dérogatoires en ce qui concerne l’usage de glyphosate. En France, le non-labour avant tournesol représente 18% de la sole. L’implantation du tournesol en techniques culturales très simplifiés exige, comme gages de réussite, une connaissance très pointue des outils, de leur modes d’action et de facteurs agronomiques inféodés à la parcelle.


Semis de couverts… et vrai effet "faux-semis" !



L’année 2009 avait été caractérisée par un mois d’août sec, puis le retour de pluies début septembre. Dans ces conditions, l’affinement du sol au moment du semis (par le biais d’une herse rotative combinée au semoir) a pu fortement stimuler et grouper la levée des repousses de céréales qui se sont alors avérées très concurrentielles pour les couverts à installation lente. La météo fait donc figure d’Epée de Damoclès au-dessus de l’interculture également…

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