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Filière Forêt

Les industriels manquent de bois

Le matériau bois connaît actuellement un véritable engouement, dans le sillage du Grenelle de l’environnement, mais les transformateurs sont confrontés à une tension sur la matière première, due notamment à la demande en bois énergie. Pourtant la ressource est là ! France Bois industries entreprises –interprofession de l’aval de la filière nouvellement créée– souhaite une meilleure complémentarité entre ces deux débouchés et demande la nomination d’un médiateur.
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L’amont de la filière bois qui vient de se structurer au sein de France Bois industries entreprises (FBIE) souhaite la nomination d’un médiateur sur la question des conflits d’usage du bois entre produits industriels et production d’énergie. Y a-t-il assez de bois en France pour couvrir les besoins des industriels ? C’est l’inquiétude que les entreprises françaises de transformation (scieries, fabricants de panneaux, de pâte à papier…) ont exprimé le 5 avril dernier. La crise de 2008-2009 a entraîné une forte baisse de la récolte de bois, qui se reprend peu à peu. Le nouvel entrant sur le marché qu’est le bois énergie –porté par les objectifs européens de 20 % d’énergies renouvelables d’ici 2020– vient renforcer ce déficit structurel en bois.

Complémentarité possible


En Allemagne et en Belgique, où la situation est comparable, cette tension sur la matière première a entraîné la fermeture d’usines de panneaux qui se retrouvaient en rupture d’approvisionnement. Et des pays comme l’Italie et la Grande Bretagne qui doivent eux aussi répondre aux objectifs européens mais ne disposent pas de forêts suffisantes viennent s’approvisionner, sur le marché français notamment.
FBIE propose notamment la mise en place d’une filière de recyclage du bois en fin de vie pour produire de l’énergie. Pour Luc Charmasson, président de la structure, « mieux vaut fabriquer des produits industriels à forte valeur ajoutée plutôt que brûler le bois ». D’autant qu’il y a « une complémentarité entre bois d’industrie et bois énergie. Nous devons réfléchir ensemble pour faire des propositions aux pouvoirs publics », souligne-t-il. Le gisement de ce bois recyclé (meubles en fin de vie, déconstruction de bâtiments…) est évalué entre 5 et 10 millions de m3. « Peut-être vaut-il mieux aider à la mise en place d’un système de collecte de ce bois plutôt que subventionner d’énormes chaudières de cogénération » comme c’est le cas actuellement, confirme Daniel Guinard, délégué général de FBIE.

Faciliter la mobilisation du bois


L’organisation souhaite également une meilleure régulation de la disponibilité locale au sein des interprofessions régionales. Ce conflit d’usage sur la matière première vient surtout mettre en lumière la nécessité de renforcer la mobilisation du bois dont le principal frein est le morcellement de la propriété privée forestière. « Pour le moment, toutes les mesures ont été faites pour développer l’offre. Nous manquons de dispositifs pour inciter les propriétaires à faire sortir le bois de la forêt », explique Daniel Guinard. Au-delà d’une incitation fiscale pour les propriétaires, France Bois industries entreprises évoque des pistes : développement des taillis à courte rotation (pour l’énergie ou la pâte à papier), investissement dans la plantation de résineux et recherche sur de nouveaux débouchés pour les feuillus. Car dans l’absolu la ressource est disponible en France, mais les feuillus couvrent 70 % des surfaces boisées pour 20 % environ de la récolte.
Résoudre cette équation est le grand défi de la forêt française, et des transformateurs, pour les années à venir.