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Crise sanitaire Covid-19

Les Maires ruraux réclament un Ségur de la santé qui prennent en compte la rurale !

Alors que le Département de Saône-et-Loire devait annoncé ce jeudi après-midi (après notre bouclage) de nouveaux projets pour les Centres de santé départementaux, salués de toutes parts, ce sont les Maires ruraux qui ont fait des dix propositions « chocs » - le 8 juin à Lyon – pour un « Ségur de la Santé » qui soit au service de tous les territoires. En clair, que le monde rural ne se retrouve pas - une nouvelle fois - oublié.

Par Mis en ligne par Cédric MICHELIN
Les Maires ruraux réclament un Ségur de la santé qui prennent en compte la rurale !
Photo d'illustration

La crise sanitaire du Covid-19 a révélé bien des failles de notre système de santé en France : de la pénurie de masques, de gels, de réactifs de tests (moins médiatisés mais qui explique bien des différences de résultats avec l’Allemagne)… et évidemment le système hospitalier et tous les soignants, sans oublier personne à commencer par les infirmières et infirmiers libéraux qui ont sillonné nos campagnes. Des campagnes rurales en manque criant d’équipements et de services, à l’exception des pharmacies.
Pour répondre et tenter de trouver des solutions, le gouvernement a ouvert le « Ségur de la Santé ». Si l’Association des Maires ruraux salue cette « discussion indispensable », elle regrette néanmoins « qu’une partie seulement des protagonistes y soit associée ». Sans envie de tirer de conclusion hâtive sur les causes ou sur les solutions, sans vouloir non plus tirer la couverture à soi uniquement, les Maires ruraux plaident pour un « aménagement sanitaire équilibré du territoire ». La priorité nationale, selon eux, qui dépasse la seule « problématique de l’hôpital », bien réelle en conviennent-ils.
D’ailleurs, l’Association rejoint un bilan partagée de longue date par nombre de professionnels de santé : « Chacun comprend qu’une des raisons de la saturation des sites hospitaliers réside dans la concentration et l’assèchement organisé des territoires (fermetures de lits, de services, numérus clausus, etc.) ».


Dix propositions concrètes

Les Maires ruraux ont donc réfléchit à des solutions et les édiles de terrain ont formulé dix propositions concrètes. Ils demandent au Gouvernement :
1. L’application urgente des mesures de l’Agenda rural concernant la santé et en particulier le déploiement effectif des stages d'internes en priorité en zones sous denses, notamment dans les zones rurales avec un encadrement adapté et par des dispositifs qui assurent une meilleure répartition sur le territoire des personnels de santé et singulièrement celle des médecins.
2. Le maintien de l’assouplissement des règles de prise en charge de la téléconsultation par l’Assurance maladie prise par décret paru durant la crise et étendu au-delà des appels téléphoniques. Ce qui était impossible du fait de conservatismes d’un autre temps est devenu soudainement possible et plébiscité par les médecins eux-mêmes. Des milliers de patients ont ainsi pu éviter d’encombrer les sites hospitaliers sans mettre en péril leur santé. Les collectivités locales doivent être conséquemment aidées pour assumer le coût financier dans ces protocoles nouveaux.
3. Que soit donnée autorité au préfet de département sur l’Agence régionale de santé (ARS) et sur la délégation départementale.
4. D’assurer la représentation des élus ruraux (aujourd’hui exclus) au sein des instances (conférences régionales) en dialogue avec l’ARS afin qu’ils puissent être au cœur des décisions, répartitions, schémas de santé qui les concernent. Cela passe par la révision du décret n° 2019-1342 du 11 décembre 2019 relatif à la conférence régionale de la santé et de l'autonomie.
5. La révision de la composition et le rythme de la conférence départementale.
6. L’allègement tangible du cahier des charges imposé par l’ARS pour mettre en place une Maison de santé pluridisciplinaire.
7. La suppression de la clause qui impose d’avoir deux médecins généralistes à l’ouverture qui empêche les communes d’organiser le maintien des soins en zones rurales.
8. La consultation des élus lors des questions d’installation ou de fermetures de plateaux techniques.
9. La révision de la composition et de la méthode de travail des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). Comment des professionnels de santé peuvent-ils définir un « projet de santé » sans lien avec celui du territoire défini par les élus ?
10. Restreindre le conventionnement en zones surdotées et doper les territoires aujourd’hui pénalisés.

Par ailleurs, l’Association des maires ruraux de France publiera dans les prochains mois une série de travaux scientifiques ciblés sur les spécificités de la situation sanitaire et de l’organisation des soins en zone rurale afin d’attirer une nouvelle fois l’attention sur la détresse des patients ruraux, « souvent condamnés au renoncement aux soins », conclut lucide les Maires ruraux. Pour ne plus revivre cette situation, « cette crise sanitaire impose au « Ségur de la Santé » de proposer aux Français des mesures de fonds qui ne soient pas simplement cosmétiques ».