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Récolte et conservation du Maïs ensilage

Les points clés

La récolte est une étape importante de la conduite de la culture du maïs
fourrage. Elle a pour objectif de conserver la quantité et la qualité
produites au champ avec un minimum de pertes. La récolte se prépare dès
la floraison des maïs. Les étapes se succèdent ensuite, jusqu’à la
distribution aux animaux. Arvalis passe en revue les points clés du
processus.
Par Publié par Cédric Michelin
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La date de floraison - sortie des soies - est le premier indicateur de la précocité de la parcelle. A partir de la floraison, on peut prédire la période optimale de récolte. Pour déterminer la date de floraison, déterminer le pourcentage de plantes présentant au moins une soie, par comptage de plantes dans une zone représentative de la parcelle. Eviter la fourrière. Avec les données météo statistiques, il est possible de prédire la période probable de récolte. En effet, les besoins en températures de la plante sont d’environ 600 degrés jours pour atteindre 32 % de MS. Pour affiner la prévision et prendre en compte la climatologie estivale, il faudra revisiter la parcelle un mois après floraison.

Déterminer la période probable de récolte



Le stade optimal de récolte se situe autour de 32 % de MS plante entière. A ce stade, le rendement est stabilisé, la teneur en amidon est voisine de 30-32 % de la matière sèche de la plante et, en conditions normales de végétation, la qualité des tiges et feuilles n’est pas dégradée. Une récolte trop précoce limite le rendement et la teneur en amidon, et provoque des jus au silo. Une récolte tardive augmente le risque de mauvaise conservation par défaut de tassement.
L’observation des grains un mois après floraison permet d’anticiper la date de récolte (lire notre édition du 3 août dernier en page 17). L’apparition de la lentille vitreuse à l’extrémité des grains correspond au stade 23-27 % de MS. A ce stade, les besoins sont de 24 degrés jours pour gagner un point de MS. Au stade 31-34 % de MS selon les conditions de végétation et le gabarit de la plante, les trois amidons - laiteux, pâteux et vitreux - sont répartis en trois tiers dans le grain.
Après la seconde visite au champ, l’éleveur dispose d’information permettant de cibler la semaine optimale de récolte. Il est alors temps de réserver l’ensileuse et d’organiser le chantier.

Dimensionner le front d'attaque



Dans le silo de maïs fourrage, les pertes interviennent surtout au front d’attaque, pendant l’utilisation de l’ensilage. Une élévation de température par rapport à l'air ambiant de 5°C, c’est 1,2 % de MS perdu par jour (en % de la masse échauffée). Une des conditions à respecter pour éviter les échauffements consiste à avancer le front du silo plus vite que la reprise des fermentations. Un avancement de 3 m par mois (10 cm par jour) en hiver et de 6 m par mois au printemps et en été permet généralement d’éviter les échauffements. Pour s’y tenir, la largeur et la hauteur des silos doivent être adaptées non seulement à la taille des troupeaux, mais aussi à la part de maïs dans la ration et à la saison d’utilisation. Rappelons que la densité de l’ensilage est d’environ 230 kg de MS par m3 en silo couloir.

Nettoyer et préparer le silo



Les résidus de végétaux de la campagne passée sont source de moisissures et de baisse de qualité du fourrage. Il est nécessaire de nettoyer le silo avant d’y mettre les bâches. En cas de silo taupinière, éviter le contact avec la terre : préférer une aire bétonnée ou mettre une bâche au sol.

Veiller à la cohérence du chantier



Le chantier est un tout : coupe et hachage au champ, transport sur route et tassement au silo. Les ensileuses sont aujourd’hui puissantes et rapides. C’est pourquoi, pour de nombreux chantiers, le temps nécessaire de tassement est devenu le facteur limitant, surtout si le taux de matière sèche est élevé. Si nécessaire, prévoir deux silos à remplir en même temps, donc deux tracteurs tasseurs.

Maîtriser la finesse de hachage



Le hachage a deux objectifs apparemment contradictoires: hacher fin pour faciliter le tassement du silo, et laisser des brins assez longs pour la mastication des vaches. Le tamis secoueur est un outil efficace pour juger la finesse de hachage.
Les gros morceaux (> 20 mm) sont indésirables car ils gênent le tassement du silo, et provoquent des refus à l’auge qui entraînent une baisse de consommation des vaches. La présence de plus de 1% de gros morceaux (soit le contenu d’un gobelet pour un seau de 10 litres) traduit un défaut de réglage ou d’entretien de l’ensileuse.
Concernant les particules moyennes (de 10 à 20 mm), il faut viser 10 % à l’auge. Moins il y a de particules moyennes, meilleur est le tassement, surtout si la teneur en MS du maïs dépasse 35 %. Dans le cas de maïs qui ne se dessèche pas facilement (récolte en octobre), il n’y a pas d’inconvénient pour la conservation à augmenter la longueur de coupe (15 à 20 % de particules moyennes), mais cela peut entraîner une baisse d’ingestion.
La longueur des particules n’est pas le principal facteur de maîtrise de l’acidose. Il faut d’abord veiller à la composition de la ration dont le taux d’amidon ne doit pas excéder 28 % de la MS pour les vaches laitières en première moitié de lactation.
La coupe des particules doit être franche et nette, ce qui nécessite l’affûtage régulier. L’amidon vitreux des maïs à plus de 32 % de MS a besoin d’être fractionné pour que sa digestion soit optimisée: c’est le rôle des éclateurs de grains sur les machines.

Eviter la terre dans le silo



La terre apportée par les roues des tracteurs et des remorques est une source de spores butyriques qui polluent les silos. Même si ces germes ont peu de chances de se multiplier dans le maïs, l’ensilage peut alors contaminer les bouses et le lait lors de la traite.
Pour éviter ce risque, préférer les silos en sol bétonné, les zones de circulation proches du silo en terrain stabilisé (empierrement, sols goudronnés…).

Tasser pour enfermer le moins d'air possible dans le silo



Plus le maïs fourrage est récolté vert et humide, moins le silo tassé conserve de porosité, et plus vite le peu d’oxygène retenu dans le silo est consommé par la respiration du végétal ou l’activité microbienne. On estime qu’à 30 % de MS, on enferme environ 1 litre d’air par kg de matière sèche. En 3-4 heures il n’y a plus d’oxygène dans le silo et le processus de fermentation démarre rapidement.
En revanche, quand le maïs fourrage est plus sec (plus de 35 % de MS), chaque m3 du silo est plus difficile à tasser. L’air enfermé dans le silo représente 2 à 4 litres par kg de matière sèche, et beaucoup plus en haut du tas. Les cellules encore vivantes du maïs fourrage sont moins actives : il faut donc beaucoup plus de temps pour épuiser l’oxygène enfermé (3 à 5 jours). Pendant ce délai, les bonnes fermentations lactiques ne démarrent pas, mais les levures et moisissures se multiplient. Si le silo est bien hermétique, leurs activités s’orientent vers une vie ralentie et cessent d’échauffer le silo… mais, plus tard, en présence d’air (trou dans la bâche, front d’attaque) les dégradations reprennent de plus belle : c’est la principale cause de pertes de matière sèche lors de la conservation du maïs fourrage.

Faut-il utiliser un "conservateur" ?



Le maïs est la plante fourragère la mieux adaptée à l’ensilage grâce à sa teneur en matière sèche à la récolte qui évite l’écoulement de jus, et à sa composition chimique - sucres, protéines et matières minérales - qui permet naturellement une acidification rapide.
Quand la porosité du silo est maîtrisée par un bon tassement, l’incorporation de conservateur dans l’ensilage n’est pas nécessaire. L’application d’un conservateur « anti-moisissures », chimique ou biologique, peut être utile quand on sait d’avance que la porosité sera trop élevée, quand la récolte est faite à plus de 35 % de MS. Cette application peut ne concerner que la couche la plus exposée aux dégradations, sur les 20 à 30 derniers centimètres du silo. Quand le conservateur a un effet, il se manifeste par un allongement du délai de stabilité de l’ensilage (échauffement plus tardif…). Quant au sel, son incorporation a pour seul effet de limiter la multiplication des bactéries butyriques dans des zones de condensation à la surface des silos.

Prendre un échantillon



Pendant la récolte, il faut penser à prélever le (ou les) échantillon(s), dont l’analyse est utile pour évaluer la quantité de fourrage stockée et ensuite la consommation du troupeau, ainsi que pour ajuster la complémentation. La principale qualité d’un échantillon, c’est d’être représentatif de la parcelle ou du silo dont il est issu. Pour ce faire, effectuer plusieurs prises tout au long du chantier et déposer au plus tôt l’échantillon au laboratoire, ou le congeler.

Fermer le silo : mettre le fourrage à l'abri de l'air



L’absence d’oxygène, le plus tôt possible, est une condition nécessaire pour que les fermentations se déroulent bien. Tout renouvellement de l’oxygène relance les échauffements. Le jour de la récolte, la fermeture du silo doit donc être la plus hermétique possible, grâce à une bâche plastique de qualité, bien posée et bien protégée. Le choix doit être orienté vers des bâches de qualité en termes de caractéristiques géométriques (largeur, régularité de l’épaisseur), de caractéristiques mécaniques (résistance à la perforation ou à l’étirement), de seuil maximal de microporosité et de tenue dans le temps de ces qualités, face à l’exposition aux ultraviolets du soleil.
La liaison au sol et aux murs (dans le cas de silo couloirs) doit être parfaite, assurée par un cordon continu tout autour du silo (bourrelet de sable, sacs remplis de sable ou de gravier). Le contact avec le fourrage sur toute la surface sera assuré par des masses régulièrement réparties. Des sacs en toile de polypropylène remplis de sable ou des pelletées de sable bien réparties remplacent avantageusement les pneus jointifs placés sur la bâche.
L’idéal serait une couche continue de matériaux sableux : outre la charge qui assure un tassement des couches superficielles, la couche continue permet une isolation thermique. On évite ainsi les entrées d’air consécutives à l’alternance de la chaleur du jour (dilatation de l’air) et du refroidissement de la nuit (aspiration d’air frais).
Peut-on se passer du film plastique ? En silos horizontaux, couloirs ou dalles bétonnées, la couverture "végétalisée" (semis de céréales sur le dessus du silo) occasionne des pertes importantes sur au moins 20 cm d’épaisseur. A proximité des usines de transformation des pommes de terre, le dépôt d’une couche de « purée-pelure » sur le tas de maïs peut apporter une protection efficace, améliorant le tassement… et comestible, pouvant être renouvelée pendant la durée de conservation du fourrage.

Protéger le silo



La protection de la bâche d’étanchéité peut être assurée par une deuxième bâche (éventuellement usagée) ou un filet de protection en polypropylène préservant ainsi les qualités de la bâche pendant toute la durée de stockage. Cela peut éviter les trous occasionnés par des oiseaux ou par la divagation des bovins. Cela limite aussi l’exposition au soleil.

A l'ouverture du silo, limiter les entrées d'air



A l’ouverture du silo, la gestion du front d’attaque, sans éboulements et avec une avancée rapide, doit permettre de limiter au maximum la pénétration en profondeur de l’air qui réactiverait d’autant plus les fermentations. Conserver un cordon continu à la verticale du front d’attaque pour limiter l’entrée d’air sous la bâche.