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Palissage du vignoble

Les questions à se poser... avant !

Une formation commune aux chambres d’agriculture du Rhône et de
Saône-et-Loire sur les choix de palissages sera organisée par le Comité
de développement du Beaujolais (CDB) le 31 janvier prochain. Jean-Marie
Leclercq, expert en palissage, interviendra lors de cette journée.
Rencontre.
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Vous intervenez lors de la formation palissage… ?
Jean-Marie Leclercq : nous devons inciter les viticulteurs à se poser les bonnes questions avant d’acheter tel ou tel matériau. Le problème est que la plupart ne sont pas assez formés aux différentes techniques de palissage, d’où l’importance d’avoir les conseils d’un technicien pour les aider à faire leur choix sur d’autres critères que celui du prix. Mon travail porte sur quatre axes : choix du matériel, conseils économiques, conseils de pose, et bilan carbone.

Sur quoi vous basez-vous ?

J.-M. L. : les viticulteurs veulent des démonstrations par la preuve et c’est ce que j’essaie d’apporter. J’ai suivi une formation de trois semaines à l’école des Arts et Métiers de Cluny, sur le calcul des structures des matériaux et leur adaptation selon les contraintes de la vigne : sol, vent, charge de raisin… Selon les conditions géographiques et climatiques d’un vignoble, il faut que le matériel soit bien adapté pour encaisser l’ensemble des contraintes. Le processus consiste à observer avant d’expérimenter et enfin de calculer des formules physiques. C’est intéressant de valider ces calculs par des tests.

Ces tests portent sur différentes variables ?

J.-M. L. : il faut parvenir à déterminer les paramètres qui améliorent ou au contraire dégradent le produit : installation des piquets, travail sur leur résistance à la tension, avec le calcul d’épaisseur de zinc, qualité d’attache du tuteur au fil porteur… Certains tests portent sur une seule variable comme le profilage des piquets ou leur épaisseur de revêtement. Par exemple, d’une année sur l’autre, un viticulteur pensait avoir acheté les mêmes piquets galvanisés alors que leur épaisseur de revêtement était différente…

Les viticulteurs doivent donc prendre en compte différentes contraintes ?
J.-M. L. : oui, il faut prendre en compte à la fois les contraintes liées à la vigne, à la parcelle, à la conduite de la vigne, c’est-à-dire le niveau de mécanisation, ainsi que les contraintes liées au viticulteur : durée de plantation, aspect économique, main-d’œuvre, esthétique…Tous ces curseurs influent sur le niveau de force à encaisser dans la durée. A partir de là, il faut trouver le bon compromis. Dans le Beaujolais, le palissage est plus répandu dans le Sud. Beaucoup de gens ont encore peur de la baisse des rendements engendrés alors que moins de pieds ne veut pas forcément dire moins de rendement. Ce n’est pas facile d’augmenter les cours du vin donc l’autre curseur est de jouer sur les coûts de production par la restructuration.
Propos recueillis par Cédric Blanc




Sur le terrain…


Viticulteur à Saint-Lager, Giannino Loro a engagé la restructuration de son vignoble en 2011, comprenant l’arrachage de pieds de vignes et l’achat de droits de plantation. Rencontre.
Comment avez-vous procédé pour restructurer vos vignes ?
Giannino Loro
: j’ai suivi une formation de la Sicarex à Liergues en janvier 2010. Ensuite, j’ai commencé à restructurer en 2011, avec des plantations à 2,10 mètres d’écart et 80 centimètres entre chaque pied, soit 6.000 pieds à l’hectare. Sur l’appellation Brouilly, j’ai arraché une parcelle de 97 ares, replantée avec palissage au printemps 2012. Au printemps prochain, je prévois de replanter une nouvelle parcelle de 95 ares. Pour le blanc, j’ai replanté 34 ares au printemps 2012 et suite à une nouvelle plantation en 2013, j’aurai 2 hectares de chardonnay. En tout j’aurai restructuré 4 hectares, entre l’arrachage de vieilles vignes pour replanter et l’achat de droits de plantations via FranceAgriMer. J’ai également arraché un rang sur quatre sur mes deux hectares de vignes en appellation Beaujolais.
Quels ont été vos critères de choix pour les différents matériaux ?

G. L.
: chaque chef d’exploitation doit choisir ses matériaux selon sa façon de travailler et ses moyens financiers. Personnellement, j’achète mes piquets à une entreprise de Gironde et les fils et tuteurs viennent d’un fournisseur du coin. J’utilise des piquets en bois d’un gros diamètre, qui peuvent durer entre 20 et 30 ans. Vu la hauteur de palissage, avec des piquets de 1,65 mètre de haut, il est important que les sarments poussent droit, c’est pourquoi je les attache avec des tuteurs galvanisés, qui ne rouillent pas. En plus des coûts du matériel, il y a aussi les coûts liés au nivellement, pour avoir un terrain le plus plat possible. Il paraît en effet important d’avoir une bonne stabilité du tracteur pour ne pas accrocher lors des passages dans des rangs de deux mètres de hauteur.
Quelles ont été vos motivations pour engager cette restructuration ?

G. L.
: je fais les choses par étapes. Je viens de planter, il faut maintenant attendre la production puisque les premières vendanges pour les vignes plantées en 2011 auront lieu en 2013. Pour l’instant, j’ai encore besoin de vendangeurs, mais si par la suite je peux vendanger mécaniquement, cela permettra de réduire les coûts de production. Les bénéfices sont également en terme de réduction de la pénibilité. Avec un fil porteur à 70 centimètres du sol, on a moins besoin de se baisser pour tailler et pour effectuer l’ensemble des tâches.