Accès au contenu
Marché mondial des céréales

Les Russes la jouent au bluff

Le ministre russe de l’Agriculture a eu beau affirmer que Moscou n’avait pas l’intention de mettre un embargo sur ses exportations de blé, les acteurs du marché international des céréales s’interrogent, compte tenu de la fonte des prévisions de récolte 2012 que provoque la sécheresse actuelle dans les grandes zones de production du pays. De 55 millions de tonnes fin mai, un niveau satisfaisant, comparable à celui de la récolte 2011, celles-ci sont descendues selon les experts à 49 voire 46 Mt début juillet. S’il en était ainsi, et parce que ses stocks ne représentent plus que 15 % de leur montant au 1er juillet 2011, la Russie n’aurait au total que 11 à 15 Mt à exporter durant la campagne 2012/13 (1/07/12 - 30/06/13), au lieu de 21,5 mt d’exportations réalisées en 2011/12. En outre, les autorités pourrait être tentées de limiter la sortie de ces volumes hors des frontières afin d’éviter l’apparition de tensions sur le marché intérieur. Elles ont agi de la sorte à deux reprises lors des cinq dernières campagnes, dans des situations similaires : en 2007/08 via une taxation des exportations et en 2010/11, en décrétant un embargo qui a enflammé les marchés. Une nouvelle fermeture des frontières à l’export écornerait encore plus l’image de garant de la sécurité alimentaire mondiale que se complait à afficher la Russie. Elle ancrerait encore davantage, a contrario, la réputation de fiabilité que confèrent à la France la grande régularité de ses récoltes et la volonté de son secteur céréalier d’être un fournisseur constant.
124454--250px-Russian_Federation_(orthographic_projection).svg.png