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D’ici la fin du siècle

Les sécheresses seront plus longues et plus intenses

Selon une étude réalisée par Météo France, la France connaitra plus souvent des épisodes de sécheresse qui affecteront la production agricole d’ici 2100. Les changements seront particulièrement sensibles à la fin du siècle.
Par Publié par Cédric Michelin
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Les sécheresses du type de celles de 2011 seront certainement plus fréquentes et nous connaitrons certainement des épisodes de ce type plus intenses et plus longs, au cours du XXI siècle. Pour Météo France qui vient de rendre public une étude sur « l’impact du changement climatique en France sur la sécheresse du sol », la France devra s’adapter à ce changement climatique, que l’organisme considère comme inéluctable. Mais l’originalité de l’étude porte sur la distinction entre les sécheresses météorologiques qui sont uniquement analysées du point de vue du déficit des précipitations, des sécheresses du sol qui intègrent l’évolution des réserves d’eau dans les couches superficielles et que Météo France appelle sécheresses agricoles dans la mesure où ce sont les réserves d’eau qui conditionnent in fine le développement de la végétation. D’ailleurs ces sécheresses s’avèrent généralement beaucoup plus longues que les sécheresses météorologiques.

En effet, estime Météo France : « la seule prise en compte des précipitations comme seule variable explicative des sécheresses s’avère tout à fait inadaptée pour décrire l’évolution des déficits hydriques passés et bien sûr à venir » et qu’il doit donc être tenu compte de l’évaporation pour expliquer aussi l’assèchement des sols.

Ceci étant, et selon les indicateurs élaborés par Météo France, les changements seront peu marqués pendant le premiers tiers du siècle jusqu’en 2030. Même si les probabilités de sécheresse agricole semblent s’accroître, notamment pour les sécheresses longues (12 mois).

1976 dépassée



A partir du milieu du siècle (années 1950), malgré une évolution encore limitée du régime pluviométrique, des évolutions majeures commencent à concerner les sécheresses agricoles. Des sécheresses inhabituelles sur de grands espaces ou de forte intensité pourront apparaître. Les projections indiquent également que certaines régions, et notamment les zones montagneuses, pourraient connaître des évolutions plus marquées en matière d’assèchement des sols, du fait des modifications du régime nival.

Enfin, à la fin du siècle (années 80), des sécheresses météorologiques plus fortes apparaissent, notamment en été et en automne. Des évènements du type 1976 pourraient être fréquemment dépassés. La situation est pire sur le plan des sécheresses agricoles, sous l’effet probable de l’augmentation de l’évaporation liée à l’élévation des températures. La durée de ces sécheresses extrêmes pourrait atteindre plusieurs années, voire plusieurs décennies, « sans retour à la situation normale, définie par le climat actuel » estime Météo France. En outre, ce sont les régions qui connaissent les sols les plus humides en moyenne aujourd’hui (nord et nord-est notamment) qui pourraient connaître les évolutions les plus fortes par rapport au climat actuel. Météo France insiste également sur le caractère non linéaire des changements attendus au cours du siècle et l’accentuation rapide des sécheresses dans la seconde moitié du XXIe siècle.

Assèchement généralisé des sols



Pour ce qui est du passé, et notamment pour la période des cinquante ans de 1958 à 2008, l’analyse réalisée sur l’évolution de l’humidité des sols a mis en évidence quelques tendances statistiquement significatives de l’assèchement des sols sur l’ensemble du pays. Notamment en hiver et début de printemps sur une large moitié sud, et en été dans les zones de montagne. En outre, il a été observé qu’au cours de la période, la sécheresse des sols s’avère plus longue sur la Provence mais aussi en Pays de Loire, le Bassin parisien ainsi que dans les plaines d’Alsace et en Limagne.

Les indicateurs établis par Météo France permettent également d’avoir un jugement sur les différents épisodes de sécheresse passés, comme les évènements de 1976 et 2003 par exemple. Si la sécheresse de 1976 reste majeure en France pour ce qui est du déficit des précipitations, elle apparaît bien moins exceptionnelle du point de vue des déficits d’humidité des sols. A contrario, l’évènement 2003 se révèle ordinaire pour le manque de précipitations, mais arrive en tête pour le déficit d’humidité du sol sur les cinquante dernières années, à cause de l’extrême évaporation consécutive aux températures élevées.