Lourdes pertes en Bourgogne
membres à Jalogny. L'occasion de découvrir un site de référence pour
l'élevage régional et de faire le point sur le dossier de la
méthanisation alors que justement la ferme porte un projet en cours
d'étude. Coup de projecteur sur les conséquences économiques du gel de
février.
Sur un plan plus conjoncturel « une calamité par an ce n'est plus du conjoncturel » remarque le président de la chambre régionale, Dominique Chambrette, qui insiste sur le fait que la sécheresse de 2011 a laissé des traces et que le gel aggravera des situations déjà fragiles, sans parler des possibles risques d'une nouvelle sécheresse en 2012. D'autant que, côté gel, les dégâts sont nettement plus importants que ce que l'on imaginait et continuent de s'accentuer sur certaines cultures. Ce qui « révèle la fragilité de la Bourgogne face aux incidents climatiques », alors que les outils de solidarité comme le fonds calamités ou l'assurance récolte apparaissent inadaptés en ces circonstances. C'est une raison supplémentaire d'introduire cette nouvelle donne environnementale dans la réforme de la Pac, laquelle devra « prendre en compte l'aléa climatique » car, « dans cette réforme, la Bourgogne a beaucoup à perdre ». Et même si le dossier des droits de plantation qui va être re-examiné montre que l'on peut revenir sur une décision, le chemin est ardu. Mieux vaut anticiper.
Encore anticiper…
La présentation par Gilles Abry, premier vice-président, et François Roze, conseiller technique, du bilan du gel a montré la nécessité de répondre à l'urgence économique du fait des pertes prévisibles. Les services des chambres mobilisés ont largement enquêté pour produire des simulations économiques. Les comptes définitifs ne pourront être dressés qu'en fin de campagne, mais déjà les premières estimations révèlent la nécessité de soulager les trésoreries et d'anticiper sur le manque disponibilité à venir en paille. La chambre régionale a pris une motion en ce sens, demandant : le versement précoce des aides Pac 2012, la mise en place de prêts à taux zéro, des reports d'échéances en fin de tableau, la prise en charge des intérêts d'emprunts et des cotisations MSA par le fond d'allègement des charges, le dégrèvement de la taxe sur le foncier non bâti, la réouverture du fonds de cotisations des calamités agricoles aux grandes cultures, l'assouplissement de la dérogation "Accident de cultures" de la MAE rotationnelle, l'adaptation des contrôles, des possibilités de retournement des pâtures dans les zones d'élevage les plus touchées, le maintien du statut de zone défavorisée appliqué à la Bourgogne...
Les comptes du gel en Bourgogne
Au début avril, mais la situation évolue encore, l'estimation des surfaces gelées et des surfaces impactées amène à prévoir : 420.000 tonnes (t) de blé en moins, une perte de 500.000 t sur les orges d'hiver et de 75.000 t sur le colza. En dépit de l'inconnue des volumes définitifs et des prix, on estime la perte de production à 190 millions d’€ (M€). Auxquels il faut ajouter un impact certain du gel sur les prairies temporaires et les jeunes vignes.
Le coût du resemis est estimé à 13 M€ pour une valeur attendue des récoltes de substitution de 118.000 M€. Au 1er avril, on estime le coût total (remboursements des assurances compris et possibles pertes de MAE aussi) à 74,6 M€.
La récolte de paille devrait accuser un déficit de 270.000 tonnes au moins, sur une ressource estimée en année normale à 2 millions de tonnes (Mt) et des besoins régionaux à près de 1 Mt de tonnes. La paille de Bourgogne fait l'objet de marchés bien installés dans le temps avec d'autres départements, ce qui réduit d'autant la disponibilité pour les besoins locaux.