Chaulage des terres
Mode d’emploi de A à Z
L’excès d’acidité dans le sol est un phénomène qui concerne certaines
parcelles, et qui peut avoir des conséquences sur les cultures. Le
chaulage peut y remédier.
parcelles, et qui peut avoir des conséquences sur les cultures. Le
chaulage peut y remédier.
Un excès d'acidité dans le sol est un phénomène dont on peut observer des conséquences dans les parcelles : dégradation de la structure du sol, décomposition plus lente des résidus de récolte, modification de la flore de la parcelle (apparition de rumex par exemple), apparition de symptômes de toxicité aluminiques sur des plantes sensibles (orge, blé...) et certaines attaques parasitaires (hernie du colza par exemple). Tous les sols de la région ne sont pas concernés par ce sujet car certains sont calcaires de par nature, mais ce n'est pas, loin s’en faut, le cas de toutes les parcelles.
Acidification : un phénomène naturel
L'acidification des sols cultives est un phénomène naturel, qui s'accélère en sol filtrant et sous climat pluvieux, du fait de la minéralisation des matières organiques, la nitrification de l'azote ammoniacal (urée et engrais ammoniacal, lisiers...), la perte de cations par lessivage ou par les récoltes (calcium, magnésium) et remplacés par des protons (H+) responsables de l'acidification.
Le moyen de mesurer précisément l'acidité du sol d'une parcelle est l'analyse de sol. Préalablement à cette analyse, le prélèvement présente son importance : il doit en effet être représentatif de la parcelle. Le protocole est de réaliser quinze prélèvements dans une zone homogène, qu'on mélange soigneusement. Il faut respecter un délai minimum après un apport azoté de 1 à 3 mois, et après un chaulage de 6 mois. Si l'on veut comparer des analyses de sol successives, il faudra aussi veiller à les réaliser à la même période de l'année : cela influe notamment sur la valeur du pH, lequel subit une variabilité saisonnière.
Quelle utilité au chaulage ?
Quand le pH eau s'abaisse au-dessous d'un certain seuil, l'aluminium présent en grande quantité dans tous les sols est libéré sous des formes toxiques pour la plupart des espèces cultivées. La toxicité de l'aluminium - qui altère la croissance des racines et affecte de ce fait la nutrition minérale et la consommation hydrique des plantes - est le principal problème des sols acides. Elle peut être fort dommageable pour la production, mais n'apparaît qu'au-dessous d'une valeur de pH eau, variable selon les sols et les espèces, mais toujours inférieure ou égale à 5,5. Pour la luzerne, un pH Eau au moins égal à 6 au moment de l'implantation est néanmoins requis pour permettre l'installation rapide du rhizobium sur les racines. Par ailleurs, dans les sols limoneux ou limono sableux battants, sensibles à l'excès d'eau et avec une teneur faible en matières organiques, l'apport d'amendements calciques permet d'améliorer quelque peu les propriétés physiques (augmentation de la porosité du sol) et limite les risques de battance et de prise en masse de la couche labourée. Cet effet est surtout marqué les hivers ou printemps très pluvieux.
L’analyse de terre : base du chaulage
L'analyse de terre renseigne le potentiel d'acidité du sol, grâce aux variables suivantes :
- le pH : sa mesure est réalisée selon deux méthodes : le pH Eau et le pH KCl. La seconde donne, dans les sols sous climat tempéré, des valeurs inférieures au pH Eau de 0,5 à 1 unité. Toutefois, ces deux mesures sont redondantes et le pH Eau suffit à lui seul pour le diagnostic d'acidité du sol. Un sol est dit acide pour un pH inférieur à 6, neutre pour un pH entre 6 et 7, et alcalin pour un pH supérieur à 7 ;
- le taux de saturation est le rapport entre la somme des cations échangeables et la capacité d’échange cationique. Il dépend du pH mais la relation entre le pH et le taux de saturation peut fortement varier. Il est plus ou moins élevé selon que le complexe est plus ou moins saturé en cations (Ca, Mg, K, Na). Le sol est acide quand le taux de saturation est inférieur à 70 % ;
- la CEC (capacité d'échange cationique) : elle mesure la quantité maximum de cations qu'un sol peut fixer, elle donne ainsi une alerte quant au risque de lessivage des cations si elle est faible (<10 cmol/kg). Sa valeur optimale est entre 10 et 20 cmol/kg ;
- le pouvoir tampon renseigne sur la faculté du sol à résister aux variations rapides de pH. Il est d'autant plus fort que le sol est riche en colloïdes argilo-humiques. À titre d'exemple, l'acidité d'un sol sableux se corrige plus vite et avec de moindres quantités de chaux que celle d'un sol argileux. Par contre, elle demande des apports plus fréquents.
Corriger son pH
L'objectif d'un chaulage est de maintenir le pH dans une plage comprise entre 6 et 7. La stratégie dépend du pH initial de la parcelle, les doses et les formes d'apport en découleront. Les amendements minéraux sont avant tout utilisés pour maintenir le pH au-dessus 5,5 au moment de l'implantation de la culture. Si le pH est inférieur à cette valeur, un chaulage "de redressement" s'impose. Un pH inférieur à 6 va nécessiter un chaulage "d'entretien", tandis que dans le cas d'un sol proche de la neutralité, le chaulage peut avoir pour rôle d'améliorer l'état structural du sol. C'est notamment le cas des sols battants, pour lesquels un pH de 7,6 à 7,8 est recherché pour atténuer la battance. On visera un pH optimum entre 7 et 7,5 pour les cultures de céréales, un pH 7 pour la pomme de terre. Les prairies, quant à elles, se, développent mieux dans un sol plus acide à pH 6,5.
Le chaulage de redressement
Lorsque le pH est inférieur à 5,5, un amendement est nécessaire pour ramener rapidement sa valeur dans la plage souhaitable. La dose d'amendement dépend de l'augmentation du pH souhaité, ainsi que du pouvoir tampon du sol. Dans le cas des sols très acides, on peut fractionner la dose à apporter en deux apports successifs ; le premier doit être suffisant pour passer la barre de 5,5 dès la première année. Le pH ne peut être remonté que d'une unité à la fois par chaulage, sinon il y a risque de blocage des éléments nutritifs dans le sol.
Le chaulage d'entretien
D'autres situations rendront nécessaire un chaulage d'entretien, à déclencher dès que le pH de la parcelle atteint une valeur de 6. La perte moyenne annuelle en base dépend du type de sol, du rendement et des pratiques de fertilisation. Le chaulage permettra de les compenser.
Quand et combien de fois ?
Elle va dépendre de la nature du produit utilisé, des facteurs d'acidification, et du pouvoir tampon du sol. Si celui-ci est faible, il faudra apporter les produits d'action à faible dose, mais fréquemment, afin de limiter l'amplitude de variation du pH et les risques de carence en oligo-éléments associés. Dans les sols sableux, sols filtrants et à faible CEC, il sera préférable d'opter pour des apports plus fréquents. Pour les autres types de sols, des apports pourront intervenir tous les 3 à 5 ans, voire plus de 10 ans pour les marnes.
Quels produits choisir ?
La gamme des amendements disponibles sur le marché est large, ainsi que la fourchette des prix à l'unité neutralisante. On distingue les produits cuits (chaux vive ou chaux magnésienne vive) et les produits crus (amendements calcaires ou calcaires et magnésiens). Les produits crus peuvent être plus ou moins fins : pulvérisés, broyés ou concassés. Ces produits diffèrent par leur composition et par leur vitesse d'action. Les produits à vitesse d'action rapide tels que les chaux et calcaires pulvérisés, souvent les plus coûteux, ne s'imposent que dans les situations nécessitant un redressement d'urgence, c'est-à-dire lorsque le pH eau est inférieur à 5,5. Dans les autres cas, les amendements à action moyennement rapide ou lente conviennent également.
Acidification : un phénomène naturel
L'acidification des sols cultives est un phénomène naturel, qui s'accélère en sol filtrant et sous climat pluvieux, du fait de la minéralisation des matières organiques, la nitrification de l'azote ammoniacal (urée et engrais ammoniacal, lisiers...), la perte de cations par lessivage ou par les récoltes (calcium, magnésium) et remplacés par des protons (H+) responsables de l'acidification.
Le moyen de mesurer précisément l'acidité du sol d'une parcelle est l'analyse de sol. Préalablement à cette analyse, le prélèvement présente son importance : il doit en effet être représentatif de la parcelle. Le protocole est de réaliser quinze prélèvements dans une zone homogène, qu'on mélange soigneusement. Il faut respecter un délai minimum après un apport azoté de 1 à 3 mois, et après un chaulage de 6 mois. Si l'on veut comparer des analyses de sol successives, il faudra aussi veiller à les réaliser à la même période de l'année : cela influe notamment sur la valeur du pH, lequel subit une variabilité saisonnière.
Quelle utilité au chaulage ?
Quand le pH eau s'abaisse au-dessous d'un certain seuil, l'aluminium présent en grande quantité dans tous les sols est libéré sous des formes toxiques pour la plupart des espèces cultivées. La toxicité de l'aluminium - qui altère la croissance des racines et affecte de ce fait la nutrition minérale et la consommation hydrique des plantes - est le principal problème des sols acides. Elle peut être fort dommageable pour la production, mais n'apparaît qu'au-dessous d'une valeur de pH eau, variable selon les sols et les espèces, mais toujours inférieure ou égale à 5,5. Pour la luzerne, un pH Eau au moins égal à 6 au moment de l'implantation est néanmoins requis pour permettre l'installation rapide du rhizobium sur les racines. Par ailleurs, dans les sols limoneux ou limono sableux battants, sensibles à l'excès d'eau et avec une teneur faible en matières organiques, l'apport d'amendements calciques permet d'améliorer quelque peu les propriétés physiques (augmentation de la porosité du sol) et limite les risques de battance et de prise en masse de la couche labourée. Cet effet est surtout marqué les hivers ou printemps très pluvieux.
L’analyse de terre : base du chaulage
L'analyse de terre renseigne le potentiel d'acidité du sol, grâce aux variables suivantes :
- le pH : sa mesure est réalisée selon deux méthodes : le pH Eau et le pH KCl. La seconde donne, dans les sols sous climat tempéré, des valeurs inférieures au pH Eau de 0,5 à 1 unité. Toutefois, ces deux mesures sont redondantes et le pH Eau suffit à lui seul pour le diagnostic d'acidité du sol. Un sol est dit acide pour un pH inférieur à 6, neutre pour un pH entre 6 et 7, et alcalin pour un pH supérieur à 7 ;
- le taux de saturation est le rapport entre la somme des cations échangeables et la capacité d’échange cationique. Il dépend du pH mais la relation entre le pH et le taux de saturation peut fortement varier. Il est plus ou moins élevé selon que le complexe est plus ou moins saturé en cations (Ca, Mg, K, Na). Le sol est acide quand le taux de saturation est inférieur à 70 % ;
- la CEC (capacité d'échange cationique) : elle mesure la quantité maximum de cations qu'un sol peut fixer, elle donne ainsi une alerte quant au risque de lessivage des cations si elle est faible (<10 cmol/kg). Sa valeur optimale est entre 10 et 20 cmol/kg ;
- le pouvoir tampon renseigne sur la faculté du sol à résister aux variations rapides de pH. Il est d'autant plus fort que le sol est riche en colloïdes argilo-humiques. À titre d'exemple, l'acidité d'un sol sableux se corrige plus vite et avec de moindres quantités de chaux que celle d'un sol argileux. Par contre, elle demande des apports plus fréquents.
Corriger son pH
L'objectif d'un chaulage est de maintenir le pH dans une plage comprise entre 6 et 7. La stratégie dépend du pH initial de la parcelle, les doses et les formes d'apport en découleront. Les amendements minéraux sont avant tout utilisés pour maintenir le pH au-dessus 5,5 au moment de l'implantation de la culture. Si le pH est inférieur à cette valeur, un chaulage "de redressement" s'impose. Un pH inférieur à 6 va nécessiter un chaulage "d'entretien", tandis que dans le cas d'un sol proche de la neutralité, le chaulage peut avoir pour rôle d'améliorer l'état structural du sol. C'est notamment le cas des sols battants, pour lesquels un pH de 7,6 à 7,8 est recherché pour atténuer la battance. On visera un pH optimum entre 7 et 7,5 pour les cultures de céréales, un pH 7 pour la pomme de terre. Les prairies, quant à elles, se, développent mieux dans un sol plus acide à pH 6,5.
Le chaulage de redressement
Lorsque le pH est inférieur à 5,5, un amendement est nécessaire pour ramener rapidement sa valeur dans la plage souhaitable. La dose d'amendement dépend de l'augmentation du pH souhaité, ainsi que du pouvoir tampon du sol. Dans le cas des sols très acides, on peut fractionner la dose à apporter en deux apports successifs ; le premier doit être suffisant pour passer la barre de 5,5 dès la première année. Le pH ne peut être remonté que d'une unité à la fois par chaulage, sinon il y a risque de blocage des éléments nutritifs dans le sol.
Le chaulage d'entretien
D'autres situations rendront nécessaire un chaulage d'entretien, à déclencher dès que le pH de la parcelle atteint une valeur de 6. La perte moyenne annuelle en base dépend du type de sol, du rendement et des pratiques de fertilisation. Le chaulage permettra de les compenser.
Quand et combien de fois ?
Elle va dépendre de la nature du produit utilisé, des facteurs d'acidification, et du pouvoir tampon du sol. Si celui-ci est faible, il faudra apporter les produits d'action à faible dose, mais fréquemment, afin de limiter l'amplitude de variation du pH et les risques de carence en oligo-éléments associés. Dans les sols sableux, sols filtrants et à faible CEC, il sera préférable d'opter pour des apports plus fréquents. Pour les autres types de sols, des apports pourront intervenir tous les 3 à 5 ans, voire plus de 10 ans pour les marnes.
Quels produits choisir ?
La gamme des amendements disponibles sur le marché est large, ainsi que la fourchette des prix à l'unité neutralisante. On distingue les produits cuits (chaux vive ou chaux magnésienne vive) et les produits crus (amendements calcaires ou calcaires et magnésiens). Les produits crus peuvent être plus ou moins fins : pulvérisés, broyés ou concassés. Ces produits diffèrent par leur composition et par leur vitesse d'action. Les produits à vitesse d'action rapide tels que les chaux et calcaires pulvérisés, souvent les plus coûteux, ne s'imposent que dans les situations nécessitant un redressement d'urgence, c'est-à-dire lorsque le pH eau est inférieur à 5,5. Dans les autres cas, les amendements à action moyennement rapide ou lente conviennent également.