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Marché des céréales

Regards tournés vers les USA

Directeur de la coopérative Bourgogne du Sud, Michel Duvernois a analysé les marchés céréaliers au 20 septembre. Sa précédente intervention avait eu lieu lors de la visite des essais blé en mai dernier, alors que le marché blé était au plus haut, aux alentours de 250 €/t sur le Matif.
Par Publié par Cédric Michelin
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" Après, on a connu une chute importante, de quasiment 70 €/t en six semaines ". Autant dire que les fondamentaux du marché se sont remis de l'actualité d'alors (tsunami au Japon, sécheresse en France...) pour se stabiliser autour de 185 à 190 €/t sur le marché à terme du blé. Au 20 septembre, les cotations blé sont "sur un plateau", stabilisés à 195 €/t sur l'échéance novembre. "Si on s'en tient au seul marché du blé, il n'y a aucune raison que les prix montent ", estime Michel Duvernois. En effet, l'évolution de la production de blé mondial –estimée à 678Mt– correspond pour la première fois depuis un an et demi à la consommation mondiale, estimée elle à 677 Mt. De plus, le rapport "stock sur utilisation" reste "confortable " (27,5%). Pour les acheteurs de blé, il n'y a donc "pas de souci " d'approvisionnement. Ceci explique d'ailleurs la baisse importante du prix, en combinaison avec la crise économique et financière.

Maïs rare ou pas rare ?



Pour le maïs, la consommation (864Mt) est supérieure à la production (862 Mt). De plus, les stocks en fin de campagne maïs "vont être historiquement bas". Le tout devrait rendre la maïs "rare" si les chiffres se confirment. Les prix devraient augmenter et " l'équilibre devrait se faire avec le blé fourrager ". Si on reprend dans le détail, depuis le mois de mai, les études s'attendaient à une récolte importante aux États-Unis. Sauf que, les conditions climatiques ont été "rudes " (sec au sud, froid et pluie au nord) depuis là-bas. Du coup, les chiffres qui prévoyaient une production américaine en hausse de 27 Mt ont été réévalués à la baisse pour annoncer une récolte moyenne (+ 1Mt). " C'est aux USA que se joue le bilan maïs ", insiste Michel Duvernois.
[WEB]Dans le même temps, d'autres pays sont redevenus des producteurs conséquents (Amérique du Sud, Europe de l'Est avec l'Ukraine notamment) qui viennent sur le marché de l'exportation.[/WEB]
 Ce " bilan très serré " fait qu'il y a deux scénarii. Si la récolte est plus importante que prévu aux États-Unis, les cours baisseront. Par contre, si la récolte aux USA est inférieure aux prévisions, les cours devraient monter. Les niveaux de prix sont pour l'heure " corrects ", au même niveau que l'an dernier. " On est tenté d'avancer nos ventes car ces prix-là ne sont pas idiots et la moyenne de vente est supérieure à celle de l'an dernier. On vous proposera certainement de finir au-dessus de 185 €/t en maïs probablement ", s’avançaient prudemment le directeur. D'autant que la " grande nouveauté " cette année est que l'Europe va devenir exportatrice de maïs sur le bassin méditerranéen. Ce marché est important pour la coopérative puisque la moitié du blé y est déjà acheminé. " Les trois pays qui nous intéresse, c'est quasiment l'équivalent de la production française de maïs en terme d'importations. On prend ce créneau en ce moment et on contractualise pour vendre en octobre-novembre à destination de l'Algérie, Maroc et la Tunisie ", détaillait Michel Duvernois. Ces exportations sont possibles avec le silo de Fos-sur-Mer. Car, particularité de ce marché,  ce sont des bateaux de 10.000 t qui livrent le Maghreb et non pas de 3.000 t.

Le tournesol a de l'avenir



Au niveau des oléagineux, les prix du colza sont liés aux cours du pétrole et aux bilans des récoltes, mauvaises en Europe (Allemagne, Pologne...). Ce n'est pas le cas en France. Les prix sont toujours supérieurs à 400€/t. Le tournesol suit le même mouvement. " Le tournesol est une culture d'avenir même si ce n'est pas la plus facile à produire ", explique Bourgogne du Sud. D'avenir car le marché agroalimentaire utilise de moins en moins d'huile de palme du fait des allégations santé. Les huiles de tournesol oléiques les remplacent. La coopérative est déjà prête. Les transformations peuvent se faire " sans souci " à Extrusel Chalon, concluait souriant, Michel Duvernois.