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Après des cultures gelées

Réimplanter du blé au printemps

Si la culture des orges de printemps est connue et bien maîtrisée dans notre région, celle des blés l’est moins car peu fréquente. Il n’empêche qu’il reste possible de proposer quelques repères sur un itinéraire technique à ajuster pour préserver une marge amputée par les dégâts du gel. Quelques points clés proposés par Arvalis - Institut du végétal.
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Implantées au cours de la période optimale et pour la plupart dans de bonnes conditions, les cultures de printemps permettront de dégager une marge correcte pour peu que leur conduite soit raisonnée sur la base de trois ou quatre principes simples à bien garder en mémoire.
- Le premier d’entre eux est évident, mais c’est mieux en le disant : s’assurer que la culture de blé est possible compte tenu des herbicides appliqués en automne, voire en hiver, sur la culture détruite.
- Le potentiel de rendement est plus faible que celui d’une culture d’hiver du fait d’un cycle plus court et décalé vers des périodes plus exposées au stress hydrique et autres excès thermiques ; il en découle une nécessaire adaptation de la fertilisation azotée.
- Les teneurs en protéines des céréales de printemps sont souvent supérieures à celles des cultures d’hiver.
- Le niveau d’enherbement et le risque verse sont moins élevés ; concernant les maladies, la pression est globalement moins forte sur les blés, sachant que la rouille brune reste à surveiller sur les variétés sensibles.

Choisir une variété adaptée à la date de semis


Les dates optimales de semis pour l’ensemble des espèces de printemps débutent au 20 février pour se terminer au 15 mars. Au-delà, le potentiel de rendement décroît rapidement. Plus on sème tard, plus les variétés doivent être alternatives et précoces. Une variété non alternative semée au printemps ne montera pas à épis. Entre les deux, il faut trouver des compromis. Pour les variétés notées 8 et 9 en alternativité par le GEVES, pas de problème : elles sont possibles jusqu’au 15 mars. Un peu moins alternatives, les variétés notées 6 et 7 conservent leur potentiel lorsqu’elles sont implantées début mars. Force est de constater qu’aujourd’hui les possibilités restent limités et les quelques points de repère présentés ci après sont à considérer pour des blés semés au cours des jours passés.

Implantation : le plus tôt possible, pourvu qu’elle soit de qualité !



Conditions d’implantation

La recherche de bonnes conditions de semis est primordiale pour réussir une implantation de printemps. Eviter le labour est souvent souhaitable pour réaliser une implantation superficielle dans la zone ressuyée, mais cela n'est pas toujours possible, le plus souvent à cause des rémanences d’herbicides appliqués sur la culture détruite.
Là où le sur-semis est possible, on appliquera un glyphosate avec ajout d’adjuvant pour détruire les adventices et les plantes survivantes de blé d’hiver (360 g à 720 g selon le développement des plantes restantes). Les plantes survivantes peuvent en effet altérer la qualité des lots du fait d’une sur-maturité lors de la récolte. Des délais de réimplantation devront être respectés. En sol filtrant, on conseille un délai d’une semaine entre l’application de glyphosate et le semis. En sol peu filtrant, pour une dose allant jusqu’à 2 l/ha, un semis est possible le lendemain. Si les plantes sont détruites à 100 % et la parcelle propre, on pourra se passer de glyphosate.

Densités de semis

Les densités de semis doivent être soutenues pour compenser le faible tallage en semis de printemps. Il faut viser 300 à 350 grains/m². Dans la fourchette indiquée, le nombre inférieur est à considérer pour les semis de février, le nombre supérieur pour des semis de mars. En sol superficiel et caillouteux, les semis précoces sont à privilégier et ces densités à majorer de 15 % environ.

Traitement des semences

Une protection fongicide minimale reste nécessaire vis-à-vis de pathogènes portés par la semence et/ou présents dans le sol, comme par exemple les fusarioses : Celest Net (Embrace Net, Effidia Net), Celest Gold Net (Embrace Gold Net, Effidia Gold Net), Prelude 20 FS, Redigo ou Misol, Vitavax 200 FF.
Le risque mouche grise est faible à très faible en semis de printemps d'autant plus que la date de semis est tardive. Concernant les pucerons, avec la disparition des générations parthénogétiques résistant peu au froid, seuls perdurent les œufs. Le risque est donc fortement réduit et si il ne peut être totalement exclu il pourra être géré avec un traitement insecticide en végétation (au seuil de risque).

Fertilisation azotée et soufrée

Comme pour les blés d’hiver, on calcule la dose totale d’azote en fonction de l’objectif de rendement et des fournitures du sol. Concernant les fournitures du sol, on peut reprendre les données des analyses de reliquat réalisées sur blé d’hiver. De la même façon, les postes minéralisation et précédent sont identiques à ceux pris en compte pour un semis d’hiver. Les différences avec une céréale d’hiver correspondent à un objectif de rendement moindre et l’absence d’azote absorbé sortie hiver. L’azote contenu dans la culture détruite devrait en partie se minéraliser, mais au maximum à 40 %. Il convient également de prendre en compte, dans les fournitures, une fraction des apports qui auraient pu être réalisés avant la destruction de la culture. Ces derniers auront peu d’efficacité car apportés très en amont des besoins de la culture.
Le fractionnement en trois apports est conseillé tant pour le rendement que pour la qualité. Positionner un premier apport de 50 unités entre le semis et 2 feuilles, un second apport, au stade épi 1 cm, dont on aura réservé 40 unités à appliquer pour un troisième apport au stade dernière feuille étalée. On privilégiera les apports avant une période pluvieuse pour limiter les phénomènes de volatilisation (en particulier avec de la solution azotée) ou le retard d’absorption. Comme les cultures d’hiver, les blés semés au printemps pourront être pilotées grâce aux outils.
Concernant le soufre, il est un peu tôt pour évaluer le risque. La gestion de cet élément est identique à celle mise en œuvre sur des céréales d’hiver, mais le cycle se déroulant plus tardivement, avec des températures plus élevée, les besoins (qui sont précoces) sont mieux couverts par la minéralisation du sol.

Désherbage
La surveillance portera surtout sur les graminées qui auraient pu se repiquer lors des implantations simplifiées. On prendra garde à ne pas les laisser se développer car leur avance sur la culture peut être importante et ainsi engendrer par des phénomènes de concurrence des pertes de rendement non négligeables.
Un bon nombre d’herbicides sont autorisés mais il faut être vigilant car dans le cas d’une implantation de céréales de printemps (orges de printemps, blé, les homologations sont moins nombreuses que sur céréales d’hiver et les doses peuvent être réduites).
Concernant les applications de sulfonylurées précoces qui ont pu être faites courant janvier, ou avant (spécialités Alister, Kalenkoa, Lexus Millenium…), outre le délai nécessaire qu’elles impliquent entre leur date d’application et de semis, la règle d’une application par campagne n’empêche pas leur usage sur la culture réimplantée.
En ce qui concerne la flore de dicotylédones, la gestion est moins complexe. En blé de printemps, la flore de dicotylédones (dominante renouées, chénopodes, stellaires…) peut être assez facilement maîtrisée courant tallage. Pour exemple, une application de Bofix à 2 l/ha est largement suffisante sur les jeunes adventices.

Maladies

Compte tenu de la date de semis, le risque piétin verse est négligeable et ne nécessite pas de traitement spécifique. Le risque est également réduit pour la septoriose mais cette maladie doit néanmoins être surveillée. Compte tenu de la vitesse d’émission de feuilles, une intervention est rarement utile avant le stade dernière feuille étalée. Ce traitement pivot peut alors viser septoriose et la rouille brune qui est la maladie à surveiller en semis de printemps, en particulier sur variétés sensibles.
Les associations Triazoles + SDHI (Adexar, Aviator Xpro, Bell Star) ou Triazole + Prochloraze (Opus New+Prochloraze) sont particulièrement indiquées pour ce traitement pivot. Une faible dose de strobilurine peut être ajoutée sur les variétés sensibles à la rouille brune. La dose est à adapter selon le nombre de traitements prévus (éventuel traitement fusariose ultérieur) et la pression parasitaire (sensibilité de la variété, climat symptômes).