Remettre le producteur au centre de la recherche
Depuis une quinzaine d’années maintenant, la Drosophila suzukii fait des ravages dans les vergers. Les professionnels de la région Auvergne-Rhône-Alpes, réunis au sein du comité stratégique fruits régional, ont décidé de prendre le problème à bras-le-corps en créant davantage de liens entre la recherche et la profession.

La Drosophila suzukii est apparue dans les vergers européens en 2008 et cause, depuis, des dégâts importants. Face à ce moucheron asiatique, les arboriculteurs sont aujourd’hui démunis. La seule solution efficace demeure les filets insect-proof qui sont encore aujourd’hui coûteux et entraînent des conséquences indéniables sur la conduite du verger et sur la récolte. Pour autant, la recherche s’active autour de cette problématique. Preuve en est avec l’expérimentation dans les vergers de la technique des insectes stériles, (Tis) lancée l’an dernier dans la région par l’Inrae. Pourtant, il est parfois difficile de faire le lien entre l’empirique et le concret. Alors, pour remettre le producteur au centre de la recherche, le comité stratégique fruits d’Auvergne-Rhône-Alpes s’est mobilisé et a lancé le projet Maturation. « Nous nous sommes dit que si nous ne faisions rien aujourd’hui, nous dresserons le même constat dans dix ans », explique Nicolas Laurent, arboriculteur et éleveur à Ancy (Rhône) référent sur le dossier.
Créer du lien
Alors, avec le soutien de différents metteurs en marché, des instituts techniques, des collectivités et de la direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf) 1, le comité stratégique fruits a mis en place un comité technique opérationnel (CTO), soutenu financièrement par FranceAgriMer. L’objectif est de créer du lien entre la recherche et les producteurs. « Nous souhaitons passer la barrière du dernier kilomètre. Que des essais grandeur nature soient mis en place au cœur de nos vergers, tout en permettant aux producteurs de garder la main sur ces avancées », poursuit l’arboriculteur rhodanien. Ainsi, l’animateur du projet, Tim Dupin, aura pour mission de passer à la phase opérationnelle du projet, de modéliser les choses pour faciliter la concrétisation des différentes recherches conduites au sujet de la Drosophila « suzukii et ragholetis », précise Nicolas Laurent. « Le mot opérationnel dans le nom de notre comité technique n’a pas été choisi par hasard », ajoute-t-il.
Combinaison de solutions
Un lien fort indispensable pour l’agriculteur de 43 ans qui croit avant tout en la science. « Nous connaissons bien la drosophile et aujourd’hui je reste persuadé que c’est par la combinaison de plusieurs facteurs alternatifs que nous parviendrons à la maîtriser. Aujourd’hui, en tant qu’exploitant agricole, je souhaite mettre en place un process qui fonctionne à un coût acceptable. Des solutions efficaces existent d’ores et déjà. Il y en a d’autres qui doivent être encore consolidées et trouvées. C’est ensemble, tous les échelons de la filière, que nous y parviendrons. Nous devons décloisonner les choses et partager les risques. »