Désherbage du maïs
S'adapter à la nouvelle donne
Alors que les résultats de la campagne 2011 confirment des performances historiques de la culture du maïs (grain comme ensilage), l’état des parcelles découvertes après la récolte révèle les difficultés de désherbage cette année.
On ne peut pas exclure que ce salissement, et ce malgré de très bons rendements partout, ait pesé sur les performances de certaines parcelles. Le maïs est en train de réussir sa révolution: accompagner les changements climatiques, intégrer les contraintes réglementaires tout en continuant à progresser en rendement.
Cette sécurisation des performances par l’alliance du progrès génétique et de stratégies culturales bien adaptées, est la définition même de la durabilité agronomique et économique du maïs.
Adapter le désherbage à la stratégie des semis précoces
La pratique (qui se généralise) des semis précoces, oblige à adapter les stratégies de désherbage :
- installation plus lente du peuplement avec des gabarits de plantes plus compacts, couvrant moins les interlignes et donc diminuant l’autocontrôle des adventices par la culture ;
- levées plus échelonnées des adventices nécessitant des besoins en persistance d’action plus longs et avec une diversification des espèces concurrentes, notamment de flores printanières (liserons, mercuriales, renouées sp.) ;
- difficultés selon les modes d’action, liées aux séquences plus chaudes et/ou aux sols desséchés en surface.
Ce constat établit une stratégie en trois points :
- conserver la variété des modes d’action de désherbage qui est un atout fort pour le maïs. Ainsi, aucune résistance aux herbicides n’est encore apparue, ni dans les monocultures, ni dans les assolements où le maïs est très présent (exemple de l’ouest de la France). L’usage raisonné des produits racinaires dans des programmes équilibrés est bien au coeur du désherbage des maïs,
- avoir une stratégie par bassin adaptée aux risques de transfert dans le milieu qui repose sur des diagnostics validés par des mesures et des observations de terrain incluant la pédologie (Aquavallée) et non sur des modèles prédictifs théoriques le plus souvent non validés,
- réévaluer la stratégie et l’efficacité de tous les produits à la lumière des contraintes précédentes : évolution des flores et de leur nuisibilité, dicotylédones à problème, efficacité en conditions sèches.
Avec un IFT (indice de fréquence de traitement) modéré, un flux d’innovations toujours soutenu, des possibilités de désherbage alternatif, le désherbage du maïs peut conserver son « triple A ».
Une campagne compliquée pour le désherbage
Cette année encore, en raison de la « course de vitesse » entre les contraintes imposées par le climat (printemps sec), le déroulement des chantiers de semis et la levée souvent rapide, le désherbage a été difficile à maîtriser.
Les désherbages de pré-levée se sont montrés efficaces quand ils étaient réalisés dès le semis sur des profils rappuyés et encore frais. La persistance des conditions sèches, si elle a limité les levées d’adventices, a rendu de moins en moins efficaces les produits racinaires et on a assisté à un transfert progressif vers des applications de post-levée.
Les post-levées précoces à l’aide de « prémix » combinant des modes d’action racinaires (ou anti-germinatif) et foliaires ont été assez efficaces lorsqu’ils ont bénéficié d’un minimum d’humidité, ce qui n’a pas été le cas partout. Ainsi, l’année 2011 a-t-elle permis (voir plus loin) de porter un jugement sur des produits récents en condition sèche, souvent loin des promesses de 2010.
Les interventions de post-levée ont généralement été moins bien maîtrisées. En traitement « balai », les agriculteurs ont dû souvent intervenir dans des rattrapages hasardeux (adventices nombreuses, développées, lignifiées et à des stades variés) avec des mélanges risqués (mélanges sulfonylurées et
dérivés auxiniques) peu sélectifs et pas toujours efficaces.
De nouvelles spécialités
Grâce aux avancées de la recherche, les producteurs de maïs ont pu accéder à de nouvelles homologations que l’on peut classer en deux catégories.
Les spécialités destinées à compléter en post-levée le spectre des mélanges de base (tricétone + sulfonylurée) sur la flore difficile typique de l’après-atrazine, principalement des dicotylédones annuelles (renouées des oiseaux, renouée liseron, mercuriale, géranium, datura,…) offrent une diversification de solutions appréciable pour faire du « sur mesure » vis-à-vis de la flore présente, sans relever néanmoins très fortement le standard d’efficacité. On compte dans cette catégorie trois sulfonylurées à spectre anti-dicotylédones (prosulfuron, thifensulfuron-méthyl et tritosulfuron) formulées seules ou parfois avec du dicamba élargissant leur spectre sur les dicotylédones vivaces.
Les « prémix » à large spectre sont destinés à offrir aux producteurs des solutions globales visant à utiliser moins de produits en moins de passages quand les conditions d’efficacité le permettent. Ces « prémix » étaient surtout présents en pré-levée avec des associations à base de chloroacétamide complétées d’un antidicotylédone (pendiméthaline, mésotrione, metosulame, IFT). Ils apparaissent maintenant également en post-levée avec un produit apportant à la fois nicosulfuron et mésotrione.
Enfin, on peut citer l’arrivée sur le marché d’une nouvelle tricétone, la tembotrione, qui vient compléter la gamme des sulcotrione et mésotrione en post-levée. Cette substance active existe dans deux types de spécialités : une première où elle est formulée seule et une seconde où elle est complétée de bromoxynil renforçant son efficacité sur les dicoylédones difficiles.5 nouveautés : ADENGO, MERLIN FLEXX, AUXO, ELUMIS, LAUDIS WG
ADENGO est un herbicide associant isoxaflutol et thiencarbazone-méthyl qui s’utilise en pré comme en post-levée du maïs (jusqu’au stade 3 feuilles étalées). La présence de cyprosulfamide dans sa composition lui confère une bonne sélectivité. Il présente un large spectre sur dicotylédones annuelles et graminées estivales, même si en cas de fortes pressions de graminées il devra être complété d’un chloroacétamide. Toutefois, cet herbicide s’est montré particulièrement sensible aux conditions sèches de l’année 2011.
MERLIN FLEXX est un herbicide composé d’isoxaflutol et de cyprosulfamide ce qui lui confère une bonne sélectivité. Son utilisation est possible sur maïs conventionnel en pré et post levée (jusqu’à 3 feuilles étalées) et sur maïs doux en pré-levée uniquement. C’est un herbicide à spectre principalement antidicotylédone qui devra être associé à un chloroacétamide pour contrôler les graminées estivales. Cet herbicide s’est également montré sensible aux conditions sèches du printemps 2011.
AUXO est un produit composé de tembotrione, de bromoxynil et d’isoxadifen-éthyl, ce dernier étant un phytoprotecteur. Il s’utilise en post-levée de la culture et des adventices. L’association de ces deux substances actives lui confère un spectre d’action intéressant sur la plupart des dicotylédones annuelles rencontrées aujourd’hui dans les maïs dont les renouées et la mercuriale annuelle.
LAUDIS WG est composé de tembotrione et d’isoxadifen-éthyl (phytoprotecteur). Il s’utilise en association avec l’adjuvant ACTIROB-B et dans ce contexte, son spectre d’action sur dicotylédones annuelles est peut-être l’un des plus complet dans la famille des tricétones.
ELUMIS est un prémix associant mésotrione et nicosulfuron. Pratique d’utilisation, à dose élevée il présente un spectre tout à fait comparable au mélange CALLISTO+MILAGRO pour la même quantité de substance active apportée à l’hectare. Toutefois, à dose faible, il semble que cette formulation prémix soit un peu moins robuste que le mélange extemporané, notamment dans les conditions particulièrement stressantes du printemps 2011.
Cette sécurisation des performances par l’alliance du progrès génétique et de stratégies culturales bien adaptées, est la définition même de la durabilité agronomique et économique du maïs.
Adapter le désherbage à la stratégie des semis précoces
La pratique (qui se généralise) des semis précoces, oblige à adapter les stratégies de désherbage :
- installation plus lente du peuplement avec des gabarits de plantes plus compacts, couvrant moins les interlignes et donc diminuant l’autocontrôle des adventices par la culture ;
- levées plus échelonnées des adventices nécessitant des besoins en persistance d’action plus longs et avec une diversification des espèces concurrentes, notamment de flores printanières (liserons, mercuriales, renouées sp.) ;
- difficultés selon les modes d’action, liées aux séquences plus chaudes et/ou aux sols desséchés en surface.
Ce constat établit une stratégie en trois points :
- conserver la variété des modes d’action de désherbage qui est un atout fort pour le maïs. Ainsi, aucune résistance aux herbicides n’est encore apparue, ni dans les monocultures, ni dans les assolements où le maïs est très présent (exemple de l’ouest de la France). L’usage raisonné des produits racinaires dans des programmes équilibrés est bien au coeur du désherbage des maïs,
- avoir une stratégie par bassin adaptée aux risques de transfert dans le milieu qui repose sur des diagnostics validés par des mesures et des observations de terrain incluant la pédologie (Aquavallée) et non sur des modèles prédictifs théoriques le plus souvent non validés,
- réévaluer la stratégie et l’efficacité de tous les produits à la lumière des contraintes précédentes : évolution des flores et de leur nuisibilité, dicotylédones à problème, efficacité en conditions sèches.
Avec un IFT (indice de fréquence de traitement) modéré, un flux d’innovations toujours soutenu, des possibilités de désherbage alternatif, le désherbage du maïs peut conserver son « triple A ».
Une campagne compliquée pour le désherbage
Cette année encore, en raison de la « course de vitesse » entre les contraintes imposées par le climat (printemps sec), le déroulement des chantiers de semis et la levée souvent rapide, le désherbage a été difficile à maîtriser.
Les désherbages de pré-levée se sont montrés efficaces quand ils étaient réalisés dès le semis sur des profils rappuyés et encore frais. La persistance des conditions sèches, si elle a limité les levées d’adventices, a rendu de moins en moins efficaces les produits racinaires et on a assisté à un transfert progressif vers des applications de post-levée.
Les post-levées précoces à l’aide de « prémix » combinant des modes d’action racinaires (ou anti-germinatif) et foliaires ont été assez efficaces lorsqu’ils ont bénéficié d’un minimum d’humidité, ce qui n’a pas été le cas partout. Ainsi, l’année 2011 a-t-elle permis (voir plus loin) de porter un jugement sur des produits récents en condition sèche, souvent loin des promesses de 2010.
Les interventions de post-levée ont généralement été moins bien maîtrisées. En traitement « balai », les agriculteurs ont dû souvent intervenir dans des rattrapages hasardeux (adventices nombreuses, développées, lignifiées et à des stades variés) avec des mélanges risqués (mélanges sulfonylurées et
dérivés auxiniques) peu sélectifs et pas toujours efficaces.
De nouvelles spécialités
Grâce aux avancées de la recherche, les producteurs de maïs ont pu accéder à de nouvelles homologations que l’on peut classer en deux catégories.
Les spécialités destinées à compléter en post-levée le spectre des mélanges de base (tricétone + sulfonylurée) sur la flore difficile typique de l’après-atrazine, principalement des dicotylédones annuelles (renouées des oiseaux, renouée liseron, mercuriale, géranium, datura,…) offrent une diversification de solutions appréciable pour faire du « sur mesure » vis-à-vis de la flore présente, sans relever néanmoins très fortement le standard d’efficacité. On compte dans cette catégorie trois sulfonylurées à spectre anti-dicotylédones (prosulfuron, thifensulfuron-méthyl et tritosulfuron) formulées seules ou parfois avec du dicamba élargissant leur spectre sur les dicotylédones vivaces.
Les « prémix » à large spectre sont destinés à offrir aux producteurs des solutions globales visant à utiliser moins de produits en moins de passages quand les conditions d’efficacité le permettent. Ces « prémix » étaient surtout présents en pré-levée avec des associations à base de chloroacétamide complétées d’un antidicotylédone (pendiméthaline, mésotrione, metosulame, IFT). Ils apparaissent maintenant également en post-levée avec un produit apportant à la fois nicosulfuron et mésotrione.
Enfin, on peut citer l’arrivée sur le marché d’une nouvelle tricétone, la tembotrione, qui vient compléter la gamme des sulcotrione et mésotrione en post-levée. Cette substance active existe dans deux types de spécialités : une première où elle est formulée seule et une seconde où elle est complétée de bromoxynil renforçant son efficacité sur les dicoylédones difficiles.5 nouveautés : ADENGO, MERLIN FLEXX, AUXO, ELUMIS, LAUDIS WG
ADENGO est un herbicide associant isoxaflutol et thiencarbazone-méthyl qui s’utilise en pré comme en post-levée du maïs (jusqu’au stade 3 feuilles étalées). La présence de cyprosulfamide dans sa composition lui confère une bonne sélectivité. Il présente un large spectre sur dicotylédones annuelles et graminées estivales, même si en cas de fortes pressions de graminées il devra être complété d’un chloroacétamide. Toutefois, cet herbicide s’est montré particulièrement sensible aux conditions sèches de l’année 2011.
MERLIN FLEXX est un herbicide composé d’isoxaflutol et de cyprosulfamide ce qui lui confère une bonne sélectivité. Son utilisation est possible sur maïs conventionnel en pré et post levée (jusqu’à 3 feuilles étalées) et sur maïs doux en pré-levée uniquement. C’est un herbicide à spectre principalement antidicotylédone qui devra être associé à un chloroacétamide pour contrôler les graminées estivales. Cet herbicide s’est également montré sensible aux conditions sèches du printemps 2011.
AUXO est un produit composé de tembotrione, de bromoxynil et d’isoxadifen-éthyl, ce dernier étant un phytoprotecteur. Il s’utilise en post-levée de la culture et des adventices. L’association de ces deux substances actives lui confère un spectre d’action intéressant sur la plupart des dicotylédones annuelles rencontrées aujourd’hui dans les maïs dont les renouées et la mercuriale annuelle.
LAUDIS WG est composé de tembotrione et d’isoxadifen-éthyl (phytoprotecteur). Il s’utilise en association avec l’adjuvant ACTIROB-B et dans ce contexte, son spectre d’action sur dicotylédones annuelles est peut-être l’un des plus complet dans la famille des tricétones.
ELUMIS est un prémix associant mésotrione et nicosulfuron. Pratique d’utilisation, à dose élevée il présente un spectre tout à fait comparable au mélange CALLISTO+MILAGRO pour la même quantité de substance active apportée à l’hectare. Toutefois, à dose faible, il semble que cette formulation prémix soit un peu moins robuste que le mélange extemporané, notamment dans les conditions particulièrement stressantes du printemps 2011.