S’adapter au monde de demain
Invité d’honneur de l’édition 2020 de Vinosphère, Brice Lalonde a livré sa vision concernant les vins de Bourgogne et les atouts dont dispose la filière.

Membre de l’INRA / AgroParisTech, Jean-Marc Meynar est intervenu sur un sujet peu communément abordé : Stimuler la conception distribuée de systèmes agroécologiques par l'étude de pratiques innovantes d'agriculteurs. « Il faut penser en rupture pour préparer les innovations qui configurent l’agriculture de l’avenir. Il n’est pas possible (pas souhaitable) de chercher des innovations consensuelles ou des systèmes de productions idéaux. Il y a des situations agricoles très contrastées (sol, climat, ressources, structures d’exploitation, vulnérabilités écologiques, indications géographiques, industries de proximité…) et une diversité de visions du futur, entrainant une diversité des attentes en matière de systèmes agricoles. Il faut préparer une diversité de solutions pour laisser le choix aux acteurs et pour les aider à faire face à des avenirs divers. Mais aussi se doter d’outils de méthodes permettant aux acteurs d’innover par eux-mêmes et d’adapter à leur situation les innovations exogènes les plus pertinentes. Pour répondre à ces défis, il y a de nouvelles démarches d’innovations ouvertes pouvant prendre différentes formes ». À l’image des ateliers de conception. « C'est une démarche collective de conception, d’innovations. Avec des ateliers associant des agriculteurs, des conseillers, des chercheurs et, selon les cas, différentes parties prenantes. Il faut ouvrir les champs des possibles en explorant des solutions inédites… La préparation est la clé de la réussite de l’atelier : il faut bien choisir les participants à inviter (des acteurs ouverts au changement et intéressés par la problématique du projet, une diversité d’acteurs pour couvrir une large gamme de points de vue et des acteurs du modèle dominant et de modèles alternatifs) et il faut partager des connaissances en début d’atelier (partager le même vocabulaire, une basse commune de connaissances, un diagnostic de la situation pour faciliter l’appropriation de la cible de conception et susciter l’exploration avec des connaissances surprenantes pour les participants) ». Et Jean-Marc Meynar de conclure en invitant « à effectuer une « traque » aux innovations des producteurs. Car les agriculteurs sont très inventifs. Mais leurs innovations restent souvent cantonnées au niveau de leurs fermes ou de petits réseaux locaux ».
Autocritique sur le nucléaire
Invité d’honneur lors de cette édition 2020 de Vinosphère, Brice Lalonde, ancien ministre de l’environnement et conseiller spécial sur le développement durable auprès du Pacte mondial des Nations Unies, a livré sa vision de la Bourgogne viticole. Lui qui a fait les vendanges dans la région en 1966 du côté de Saint-Aubin. « Je suis frappé par le lien entre ce que vous faîtes et le consommateur. Vous avez des atouts. Le vin est servi dans une bouteille de verre et non de plastique ». Regrettant que Trump « bousille le commerce international et bien d’autres choses », Brice Lalonde a souligné que « l’internationalisation du vin a donné l’impression à beaucoup de Français que le vin n’est plus pour eux ». Et de regretter la complexité perçue par les Français. « Il y a un trésor d’arguments à faire valoir par le vin. Il faut concilier l’immédiateté de la vente à la durée. Il ne faut pas avoir que l’obsession de vendre plus ».
Dans un monde qu’il juge un peu compliqué, avec certains leaders politiques, il estime que « la meilleure façon de lutter contre le changement climatique est de faire battre Trump. Beaucoup de jeunes aujourd’hui sont paniqués car il y a le risque de faire des bêtises. Le principal souci lié au changement climatique concerne l’eau. Il y a de plus en plus d’humains et pas plus d’eau. Il y a une évaporation importante. Cela créé des rivières atmosphériques ». Avec un caractère du climat de plus en plus imprévisible entre pluies torrentielles et inondations qui sont le pendant de la sècheresse. « Il faut s’adapter à cela. Les zones inondables vont s’accroitre. Il faut se préparer aux risques nouveaux ». Et de faire un mea culpa en disant que l’on émet moins de gaz à effet de serre grâce au nucléaire. Soulignant la très forte demande de nature, d’écologie, Brice Lalonde pense que la nouvelle agriculture consiste aussi à faire pousser des fleurs pour les insectes polinisateurs. « Il faut que les villes et les urbains aident les agriculteurs, financièrement, pour cela ». Evoquant l’arrêt du glyphosate, il rappelle que 15.000 nouvelles molécules chimiques sont créées chaque jour aux USA. « Concernant les pesticides, la pression ne va pas s’arrêter ».
