Sorbiop, l’art de la glace paysanne au goût frais de Bresse

« Je voulais changer de vie à 40 ans et retrouver mes racines. Mes parents étaient agriculteurs, pas dans le même domaine, mais ça me correspondait », se remémore-t-elle.

Fidèle au bon sens paysan

Reprise d’une entreprise fondée en 1986, Sorbiop est une ferme pionnière du bio en Bourgogne. L’exploitation, certifiée depuis ses débuts, fonctionne toujours selon des méthodes artisanales : « Tout est fait à la main, du verger à la turbine. On travaille avec nos fruits, nos plantes, et on conditionne tout à la main ».  
Les surfaces modestes — deux hectares incluant bâtiments et plantations — suffisent largement néanmoins pour proposer une large gamme de fruits rouges (framboise, cassis, groseille, mûre, pêche de vigne) et les plantes aromatiques qu’elle a introduites : agastache, verveine, lavande, romarin, menthe, basilic citronnée…

Des recettes simples, sincères et digestes

Dans son laboratoire, la productrice reste fidèle à une philosophie de pureté : « Nos sorbets, c’est du fruit et un sirop maison, rien d’autre. Du sucre de canne bio équitable et 0,5 % de farine de caroube pour la texture ». Les glaces végétales, une signature de la maison depuis les années 1980, ont su séduire un public à la recherche de produits plus digestes. « Elles sont moins grasses qu’une glace au lait, mais tellement plus légères ! », s’enthousiasme-t-elle. Les bases varient — avoine, riz sans gluten, coco — pour des parfums subtils et naturels.  

« En été, c’est le rush, mais on s’avance un peu ! » plaisante-t-elle alors qu'elle n'arrête pas de l'année, en s'avançant notamment en hiver.

De la ferme à la boutique en ligne

Car Sylvie Guigue aime aller au contact de ses clients. Sorbiop distribue ses produits à la ferme, dans des magasins bio indépendants (Biocoop...) choisis ou encore sur des plateformes spécialisées comme "Pour de Bon", pour garder le lien avec des clients rencontrés sur des salons. Une vente directe qu’elle privilégie : « C’est plus de travail, mais on garde le lien avec les clients ». 

En plus d'avoir de bons retours positifs, ces liens lui donnent plein d'idées. La productrice songe ainsi à dynamiser l’accueil à la ferme. « On réfléchit à ouvrir une fois par semaine en fin d'après-midi l'été, façon “Ice Party”. L’idée, c’est de partager un bon moment avec les gens du coin ». Mais aussi, côté produits, comme avec la nouveauté d'un sorbet au Marc de Bourgogne, clin d’œil à son attachement régional.

Préparer la suite, sans renier la passion

Avec environ 12.000 à 16.000 litres de "glaces" produites chaque année, Sorbiop garde une taille humaine. Sylvie Guigue envisage désormais la transmission : « J’aimerais trouver quelqu’un qui travaille quelques années avec moi avant de reprendre. J’ai 56 ans, et même si c’est un métier exigeant, j’y crois toujours ». Car, son regard s’éclaire quand elle parle de son parcours : « Ce métier, c’est une philosophie. J’ai changé de vie, mais j’ai gagné une passion ». Sous ses airs discrets, Sorbiop symbolise ce que la Bresse bourguignonne sait faire de mieux : du goût, du sens, et de la sincérité.