25 ans au service des femmes touchées par le cancer en Saône-et-Loire
À Chalon-sur-Saône, l’association Toujours Femme poursuit depuis près d’un quart de siècle une mission essentielle : accompagner les femmes touchées par un cancer, en leur offrant gratuitement des soins de socio-esthétique et de sophrologie au cœur des hôpitaux chalonnais. Rencontre avec sa présidente, Catherine Rochet, médecin généraliste à la retraite, engagée depuis de nombreuses années dans le bénévolat associatif.
Créée officiellement en mai 2001, Toujours Femme est née de l’initiative d’une pharmacienne chalonnaise, Marion Froger, aujourd’hui encore impliquée dans l’association puisqu’elle en est la trésorière. En activité alors en 2001, elle s’était rendu compte que de nombreuses patientes, après une mastectomie, n’avaient pas les moyens d’acheter les soutiens-gorge spécifiques nécessaires au port des prothèses externes.
À cette première idée de solidarité s’est ajoutée l’expérience d’une autre bénévole venue du sud de la France, qui connaissait des associations offrant des soins esthétiques aux patientes en traitement. L’association a ainsi pris son identité : apporter réconfort, bien-être et dignité aux femmes confrontées au cancer.
Le cœur de métier : soins gratuits à l’hôpital
Aujourd’hui, Toujours Femme intervient directement dans les services de chimiothérapie de l’hôpital public William Morey et de la clinique privée Sainte-Marie. Les socio-esthéticiennes y prodiguent des soins du visage, des mains, des ongles, et donnent des conseils pour limiter les effets secondaires des traitements sur la peau. La sophrologue, de son côté, aide les patientes à mieux gérer le stress et la fatigue.
« Nous offrons ces prestations totalement gratuitement, sans obligation d’adhésion, rappelle Catherine Rochet. C’est notre ADN et notre raison d’être ». Chaque année, ces soins représentent près de 70.000 € de dépenses pour l’association.
Des retours qui parlent d’eux-mêmes
Les bénéficiaires témoignent volontiers de l’importance de ce soutien. « Une patiente m’a dit un jour : la première fois, je suis allée à ma chimio avec la boule au ventre. La deuxième fois, je n’y allais plus pour la chimio, mais pour voir l’esthéticienne et la sophrologue », rapporte Catherine Rochet.
Pour les équipes médicales et la science, le constat est clair : des patientes plus détendues tolèrent mieux les traitements. « Le bien-être, ce n’est pas accessoire : c’est un facteur qui contribue à l’efficacité thérapeutique », insiste la présidente.
Au-delà des soins en hôpital, l’association propose aussi des activités adaptées : séances avec une psychologue, yoga, aquagym, gymnastique douce, réflexologie. Ces prestations sont réservées aux adhérentes (cotisation annuelle : 20 €) pour un prix modique donc.
Des bénévoles concernées au premier chef
La spécificité de Toujours Femme tient aussi à son bénévolat : « Toutes nos bénévoles sont ou ont été touchées par le cancer. Cela crée un lien fort avec les bénéficiaires, car elles savent de quoi elles parlent », explique Catherine Rochet.
Si l’association fonctionne, c’est aussi grâce aux dons et à la mobilisation autour d’Octobre Rose. Les subventions publiques, elles, restent modestes. La mairie de Chalon verse une aide importante qui couvre environ deux tiers du loyer du local, mais le reste des financements, venant de quelques communes, plafonne. « On nous dit parfois que nous sommes une grosse association et que nous n’avons pas de problème d’argent. C’est l’inverse : parce que nous avons des salariées et des charges, nous devons trouver chaque année les fonds nécessaires pour maintenir nos actions », souligne Catherine Rochet qui remercie au passage toutes les personnes soutenant l’association. À commencer ce dimanche, par les agricultrices qui organisent la marche AgriRose au Bizot.
Prévention et sensibilisation
Toujours Femme agit aussi sur le terrain de la prévention. Catherine Rochet anime régulièrement des ateliers d’auto-palpation, en entreprises, dans les associations ou les établissements scolaires. Objectif : apprendre aux femmes les bons gestes pour détecter précocement une suspicion de cancer du sein.
« Beaucoup croient savoir, mais en réalité peu pratiquent correctement. Or un cancer dépisté tôt, c’est 95 % de chances de guérison », rappelle-t-elle.
Au-delà du financement, les besoins restent immenses. Produits de soins spécifiques non remboursés, difficultés de reprise du travail, isolement familial… « Les conséquences d’un cancer dépassent largement l’aspect médical. Certaines femmes se retrouvent dans des situations financières et personnelles dramatiques », constate la présidente.
L’association n’a donc qu’un seul objectif clair : pérenniser et renforcer ses actions. « Notre combat, c’est de continuer à offrir plus d’heures de soins, de sophrologie, de soutien psychologique. Nous ne pouvons pas nous permettre de réduire la voilure », insiste Catherine Rochet. Une femme sur huit en moyenne sera confrontée à un cancer du sein au cours de sa vie, et sa famille, amis et collègues aussi plus ou moins directement.
Avec près de 25 ans d’existence, Toujours Femme est devenue une référence à Chalon et au-delà. « Nous avons notre créneau, complémentaire d’autres associations. Notre rôle, c’est d’apporter ce mieux-être indispensable pour traverser la maladie ».
