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Forêt et cervidés

Trouver le bon équilibre

De plus en plus, la prise en compte de la grande faune dans l'aménagement forestier s'impose comme une nécessité au regard des dégâts potentiels. L'objectif est de trouver le bon équilibre. La coopérative forestière Unisylva revient sur ce sujet.
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La prise en compte de la grande faune dans l’aménagement forestier est une nécessité au même titre que les considérations environnementales ou paysagères. La capacité d’accueil d’une forêt est limitée et dépend :
- des conditions stationnelles ;
- des peuplements (essences, âges, densités…) ;
- des espèces animales présentes (cerfs, chevreuils, sangliers….) ;
- de la répartition spatiale de la faune et de la flore.
A partir d’un certain seuil, des espèces végétales ou des régénérations d’espèces ligneuses peuvent être menacées de disparition. Il est donc indispensable au moment de l’aménagement forestier de vérifier si la capacité d’accueil du milieu est dépassée ou non.
Si vous constatez sur votre propriété de nombreux dégâts qui mettent en péril la pérennité de la forêt, il est indispensable d’agir de façon simultanée sur la (ou les) population(s) et sur l’habitat en réalisant :
 le plan de chasse (il détermine le nombre minimum et maximum d’animaux à prélever sur les territoires de chasse). Le respect de ce plan de chasse est fondamental pour obtenir un équilibre faune/flore. En absence de chasse, le nombre de chevreuils double en trois ans et le nombre de cerfs élaphes double en quatre ans !
 des interventions sylvicoles et des aménagements cynégétiques qui permettront d’améliorer la capacité d’accueil du milieu.

Insérer ici le graphique en image jointe

La coopérative Unisylva intervient sur ce second point en intensifiant la gestion sylvicole et/ou en créant des aménagements cynégétiques en :
➢ dépressant : un jeune peuplement se referme et s’appauvrit sur le plan alimentaire Le dépressage ou "coupe à bois perdu" favorise la pénétration de lumière et le développement d’une végétation ligneuse ou semi ligneuse. L’organisation du chantier doit être rigoureuse et soignée pour éviter de créer des andains continus de rémanents qui peuvent nuire pendant trois à quatre ans à la pénétration dans les parcelles ;
➢ protégeant naturellement les plantations et régénérations naturelles en :
- réalisant des dégagements en puits (mettre en lumière la tête des essences objectives). On utilise alors la flore d’accompagnement (charme, bouleau, tremble, ronce…) comme une protection contre les abroutissements et les frottis ;
- augmentant les disponibilités alimentaires alentours pour éviter que la pression des animaux ne se concentre sur le secteur de renouvellement (éclaircie dynamique dans les gaulis, perchis, résineux environnants…) ;
- multipliant les lisières internes du peuplement en créant des cloisonnements culturaux (allées d’au moins 2 mètres de large mis en place tous les 5/6 mètres d’axe en axe). Ils facilitent la circulation des animaux et orientent leur abroutissements sur ces lisières composées d’une grande diversité d’espèces appétentes.
Remarques : pour optimiser l’effet de ces cloisonnements il faut les orienter nord-sud. Ne pas les faire déboucher sur une route passagère ce qui diminuerait la quiétude des animaux et le risque de les voir se décantonner très rapidement.
➢ Eclaircissant les peuplements. Ces coupes vont augmenter les disponibilités alimentaires des peuplements. Elles doivent :
- être précoces et dynamiques ; elles favorisent ainsi le développement des strates herbacées et arbustives appréciées du grand gibier ;
- être d’intensité variée au sein de la parcelle (prélèvement plus soutenu au centre que sur la périphérie de la parcelle) ;
- exploiter les taillis de bois blanc ou charme dès qu’ils sont commercialisables (cela favorise la vitalité des souches et permet des apports de nourriture plus fréquents) ;
- favoriser les arbres fruitiers (poirier, pommier, châtaignier).
Remarque : laisser les rémanents sur les souches de taillis dans les zones où il y a une forte pression alimentaire (abroutissement réguliers et soutenus).

Voir la photo Recrû feuillu dans un peuplement résineux.

➢ créant et en entretenant des milieux ouverts
- installer des prairies artificielles de luzerne, de ray-grass, de fétuque, de trèfle blanc, de dactyle de 1 à 2 ha pour 100 ha de forêt. Pour que ces prairies restent efficaces, il convient de les faucher deux fois par an. Le broyage doit être effectué hors des périodes de nidifications ou des naissances.
- créer, élargir, entretenir le réseau de desserte qui procure un gagnage herbacé le long des accotements. Cette technique peut être combinée à une éclaircie des 15/20 premiers mètres du peuplement situés les plus au sud.
- conserver des petites trouées de régénération, chablis, tourbières, zones marécageuses, micro- clairières.
Entretenir les mares et les points d’eau qui sont des lieux pour s’abreuver et se souiller.

Voir les photos Prairie artificielle et Espace ouvert, zone de gagnage pour le cerf.

L’ensemble de ces actions permettent d’augmenter la capacité d’accueil du milieu en améliorant l’offre alimentaire et de refuge du massif forestier. On concilie ainsi grand gibier et production forestière.

Sophie Farinotti, Unisylva

Contacts des Coopératives Forestières locales
CFBL : route de Macon - 71 960 La roche vineuse - Tél : 03 85 51 66 10
Zone de Bellevue 71 400 Autun Tél : 03 85 86 01 30
Coforêt : Route de Lyon - 69 870 Lamures Azergues Tél : 04 74 03 14 38
UNISYLVA - 14 Rue Guynemer 89 000 Auxerre Tél : 03 86 46 41 50

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