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Les Rencontres À Table !
Meeting FNSEA - JA à Barretaine

« Un an après les mobilisations historiques, l’agriculture française est à un moment charnière »

Point d'orgue de la campagne pour les élections des chambres d'agriculture, La FDSEA et les JA du Jura ont organisé un grand meeting ce jeudi 16 janvier au Gaec Bragard de Barretaine. Un rendez-vous auquel ont participé Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA, et Simon Martin, secrétaire général adjoint des JA. De la souveraineté alimentaire à la nécessité de simplifier les démarches administratives, les intervenants ont dressé le constat d’une agriculture à la croisée des chemins, où l’enjeu est non seulement de préserver la production française, mais aussi de garantir une juste rémunération du métier d’agriculteur. À travers leurs programmes et leurs actions concrètes, ils entendent incarner un syndicalisme « de solutions » et non de « buzz », misant sur la proximité et la représentation efficace pour défendre au mieux les intérêts de tous les exploitants.

« Un an après les mobilisations historiques, l’agriculture française est à un moment charnière »

C’est au Gaec Bragard qu’agriculteurs et responsables syndicaux se sont retrouvés. « Nous élevons une soixantaine de vaches laitières », a indiqué Olivier Bragard. « Un peu plus cette année, car elles peinent à faire du lait ». Le lait produit est livré à la coopérative de Plasne, tandis que 10 hectares de céréales sont cultivés pour l’autoconsommation. Son fils Tom l’a rejoint sur le Gaec tout récemment, en novembre dernier.

En découvrant le troupeau de Montbéliardes, Simon Martin, secrétaire général adjoint des JA, ne peut cacher son enthousiasme : « Je suis content de voir ces jolies vaches qui me rappellent celles de mes parents. Car les Montbéliardes ne sont pas l’apanage du Jura ».

Originaire du Morbihan, Simon Martin est aujourd’hui céréalier et producteur de légumes. De son côté, Luc Smessaert, qui vient de l’Oise, est installé en polyculture-élevage avec son fils. Vice-président de la FNSEA, il est président de la commission fiscale et sociale, et s’implique particulièrement sur les questions de mal-être en agriculture et de communication.

À l’approche des élections, l’enjeu est crucial pour les représentants syndicaux. « Un an après les mobilisations historiques, l’agriculture française est à un moment charnière. Ces élections de Chambres tombent au bon moment », souligne Luc Smessaert.

Votez et faites voter « la bonne couleur »

Nicolas Saive, JA et numéro deux sur la liste commune FDSEA/JA 39, a insisté sur l’importance d’aller voter : « Notre crédibilité auprès du préfet, de la DDT ou des organisations professionnelles agricoles en dépendent. C’est grâce à notre représentativité que nous pouvons faire bouger les choses, même si ce n’est jamais gagné d’avance. Faites passer le message et faites voter la “bonne couleur”. » Il a rappelé que, suite aux mobilisations de l’hiver dernier, des groupes de travail, auxquels participe la FDSEA, ont été créés dans le Jura sur des thématiques clés : haies, prairies sensibles, cours d’eau et réglementation. « C’est du concret », s’est-il exclamé.

« Pendant ces dernières semaines, nous avons parcouru l’ensemble du département, » a rappelé Christophe Buchet, président de la FDSEA, évoquant une fin d’une campagne électorale intense. « Mais le plus dur reste à faire : faire voter les 2 700 agriculteurs jurassiens. Au-delà d’un test de représentativité, ces élections doivent permettre de choisir ce que l’on veut pour l’agriculture. Nous voulons un syndicalisme responsable, qui défend les agriculteurs souhaitant entreprendre. Notre force, c’est notre vision et notre travail au quotidien. »

« Dans le Jura la campagne se passe bien et calmement, » a-t-il poursuivi. « Mais au niveau national, la Coordination rurale fait beaucoup de bruit médiatique. Cela ne suffit pas, il faut aussi une attitude responsable et aller au bout des démarches. Quant à la Confédération paysanne, elle a participé à Sainte-Soline à la dégradation de voiture de CRS et de l'outil de travail d'autres agriculteurs. Ce n'est pas notre façon de faire ! »

Le but premier de l’agriculture est de produire pour nourrir la population. « Produire n’est pas un gros mot. L’environnement est important mais ne doit pas primer sur la production. Nous devons concilier les deux, » a-t-il conclu.

« Nous faisons du syndicalisme de solutions, pas du buzz !  »

Sur le plan national, Simon Martin, secrétaire général adjoint des JA, a insisté sur la force du réseau. « Qu’est-ce qui va donner envie d’aller voter ? La proximité. Est-ce que je connais les gens qui me représentent ? Est-ce qu’ils connaissent mes problématiques ? Le réseau FNSEA-JA, ce sont 1 000 collaborateurs qui peuvent vous soutenir ».  Il a expliqué que ce soutien lui a été précieux lors de son installation : « Sans eux, je ne serais pas là où je suis aujourd’hui ».

Nous portons un projet national, mais chaque territoire doit pouvoir se défendre. Dans votre région, c’est grâce aux mobilisations des FRSEA et des FDSEA que vous avez pu avancer sur des dossiers comme le Feader. Nous faisons du syndicalisme de solutions, pas du buzz ! »

Il a ensuite rappelé certains acquis obtenus dernièrement par FNSEA et JA. « Depuis les dernières mobilisations, nous avons proposé 130 mesures et nous en avons déjà obtenu le tier. Nous défendons toute forme d'agriculture et avons un vrai programme publié. Grâce à nos actions, nous sommes allés chercher des financements pour la bio, des mesures de soutien pour lutter contre la FCO et la MHE, nous poussons pour le TODE, nous avons obtenu des avancées sur le GNR, une défiscalisation pour les bovins (Lire l'article). Au sujet des réserves d'eau, le dossier commence à se débloquer. Pouvoir créer une réserve d'eau dans une zone humide de moins d’un hectare est possible depuis début juillet. C'est une évolution essentielle. Les simplifications que nous demandons ne sont pas encore validées, principalement à cause de l'instabilité politique actuelle ».

Luc Smessaert est intervenu sur plusieurs sujets majeurs pour la profession, de la simplification administrative à la souveraineté alimentaire. La défense d’une agriculture productive, responsable et pragmatique s’impose comme le fil rouge de son intervention, rappelant ainsi que la FNSEA lutte pour une profession respectée et digne, à la hauteur des défis climatiques et socio-économiques qui l’attendent.

Pour lui, il est urgent de libérer les agriculteurs de la suradministration : « La simplification est un gros travail dans chaque département. Les FDSEA ont proposé 2 500 mesures. La suradministration nous coûte de l’argent et nous conduit à faire des erreurs. On n’abandonne surtout pas ce dossier. » 

« La France ne doit pas perdre son agriculture »

Il pointe notamment les contraintes disproportionnées concernant certaines déclarations, comme celles des naissances en élevage. En France, les déclarations de naissance doivent se faire les sept premiers jours alors que partout en Europe, les agriculteurs ont 21 jours. « La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, nous a assuré que nous passerons aussi à 21 jours. »

Sur le volet financier, le vice-président de la FNSEA souligne l’obtention du versement des avances PAC au 16 octobre pour tous, un apport de trésorerie indispensable pour les exploitations confrontées à des charges croissantes.

Les agriculteurs sont aussi selon lui essentiel à la protection de l’environnement. « Nous ne faisons pas n’importe quoi, » plaide-t-il. Nous épandons le fumier et le lisier pour récupérer l’azote, pas pour qu’il s’évapore ou ruisselle. Nous savons comment épandre.  Mais c’est l’économie qui fait l’environnement et non l’inverse. Chaque agriculteur génère de 8 à 10 emplois en moyenne. Une nature sous cloche n’évolue pas. La France a déjà perdu son industrie, pas question qu’elle perde son agriculture ».

La question de la souveraineté alimentaire est également un sujet fort pour la FNSEA : « Le premier texte stipulait que l’alimentation devait être issue de l’Europe et des accords de libre-échange. Nous nous sommes battus pour une nouvelle définition, pour qu’elle soit issue de nos territoires nationaux. »

Mais alors que la campagne pour les élections des chambres d’Agriculture touche à sa fin, celle pour les élections MSA va bientôt débuter. « Elles sont aussi importantes. La MSA permet d'avoir un guichet unique et des exonérations de cotisations ce qui serait impossible dans le régime général. Nous avons la chance d'avoir 13000 délégués au plus près de nous pour nous accompagner. Il faudra aussi voter car à Paris ils n'attendent qu'une chose : que la MSA soit reprise par le régime général ! » a mis en garde Luc Smessaert.

S.C.