Un équilibre difficile à retrouver
Très orientée vente directe, la ferme Bichet située à Génelard subit la crise coronavirus et le bouleversement qu’elle a induit dans le quotidien de chacun et dans les habitudes de consommation. La structure a malgré tout les outils lui permettant de s’adapter.

David Bichet fait partie de ces producteurs qui ont vu leurs débouchés s’interrompre de moitié avec les mesures de confinement et la fermeture des restaurants professionnels et l’arrêt de la restauration collective. « C’est 50 % de mon chiffre d’affaires qui se sont envolés du jour au lendemain », constate-t-il aujourd’hui.
Il faut comptabiliser dans ce chiffre, les commandes annulées, celles qui ne seront pas passées, et celles, livrées juste avant les mesures de confinement et toujours pas réglées…
Ce qui va sauver en partie la situation de David Bichet c’est l’organisation qu’il a mise en place depuis plusieurs années maintenant de vente directe via son site Internet. « Même avant cela, toutes nos commandes particuliers passaient par notre site. On a constaté une forte augmentation du volume de commandes, mais pour l’instant cela ne vient absolument pas combler le manque à gagner de la partie professionnels », tempère-t-il aussi.
Même si dans ces nouveaux clients, il y a beaucoup de locaux, d’autres arrivent d’un peu partout « par le miracle des recherches sur Internet mais aussi par le bouche à oreille ».
Ainsi la situation n’aura finalement pas modifié beaucoup de choses dans l’organisation de la ferme surtout que les livraisons ont toujours pu se poursuivre normalement.
Modifier les actes d’achat
Labellisés bio, les bovins de David Bichet ne sont pas si facilement que cela orientables en supermarchés : « il faut déjà s’assurer de pouvoir approvisionner dans les morceaux demandés et il peut aussi se poser la question du prix… », fait-il ainsi valoir.
Pour l’heure, il est encore trop tôt pour tirer les leçons de cette situation qu’il décrit d’« inédite, impossible à anticiper ». Mais pour l’éleveur, elle montre surtout toute la complexité de la maîtrise des débouchés : « il y a un réel intérêt à travailler avec la restauration collective, les collectivités poussent à cela et c’est une très bonne chose. Mais ce que nous vivons va forcément ouvrir la réflexion sur notre dépendance et sur la répartition de notre chiffre d’affaires ».
L’éleveur espère enfin que cette démarche de réflexion ira au-delà des professionnels dont il fait partie : « cette situation permet aux consommateurs de découvrir, ou redécouvrir, les commerces de proximité et les petits producteurs. Il faut espérer que l’on arrêtera avec la course au moins cher et que chacun en tirera des leçons en faisant évoluer ses actes de consommation ».