Un impact loin d’être négligeable
Qui dit viticulture dit rendez-vous réguliers tout au long de l’année destinés non seulement à célébrer la production locale mais aussi à assurer la promotion des crus ainsi que quelques ventes loin d’être négligeables. Dès lors, la présente crise liée au covid-19 a un réel impact sur la profession.

L’une des forces du vin est qu’il n’est pas périssable, contrairement à d’autres productions agricoles qui subissent de plein fouet le manque de débouchés actuels du fait du confinement, de l’arrêt de quantité de marchés, de la baisse de consommation ou encore de la fermeture de certaines enseignes. Néanmoins, les ventes manquées hier et aujourd’hui ne seront pas systématiquement reportées dans le temps par le consommateur. Lequel pourra même, dans certains cas, effectuer des achats de substitution voire carrément changer ses habitudes. De manière ponctuelle ou plus durable, passant éventuellement d’un produit (le vin) à un autre (la bière). Quant aux ventes hors domicile, peu d’espoir, par exemple, de voir les pertes subies dans la restauration être comblées au moment de la réouverture, très lointaine, des établissements. Du moins ceux qui survivront après de nombreux mois de fermeture.
Annulations en rafale
Lorsque l’on fait le tour de quelques vignobles de Saône-et-Loire, force est de constater que les discours sont sensiblement identiques. Ainsi, du côté de Clessé, Stéphane Guillemin souligne que le commerce est réduit à sa plus simple expression. « Le commerce est quasi nul. Il n’y a plus de commande à l’export, plus de restaurant, d’hôtel… Il y a bien quelques livraisons à des particuliers. Mais cela ne représente que de tout petits volumes. Pour ce qui est de l’approvisionnement chez les fournisseurs, c’est également compliqué entre la commande, la prise de rendez-vous, le retrait... Leurs stocks diminuent également. À terme, il risque d’y avoir des manques ». Quant à l’annulation du Printemps du Viré-Clessé, cela représente non seulement une perte en termes d’image et de notoriété pour l’appellation puisque ce sont quelque 5.000 personnes qui viennent chaque année mais aussi une non-vente de bouteilles de l’ordre de 20.000 cols !
Du côté de Givry, la situation n’est pas forcément meilleure. Ainsi, Baptiste Lumpp précise que « les ventes sont au point mort. Mais les charges de culture restent les mêmes voire supérieures pour les parcelles concernées par les ZNT. Pour l’instant, il est difficile de se projeter. Le seul avantage de la situation est que le vin ne peut que se bonifier ». Pour ce qui est de la traditionnelle vente qui a lieu chaque année au printemps à la Halle Ronde de Givry, la perte est importante pour la quinzaine de vignerons qui participe habituellement. Ce sont entre 6.000 et 8.000 bouteilles qui n’ont pas été écoulées cette année.
S’adapter pour organiser
Dans le Couchois, la situation n’est pas meilleure comme le confirme Jean-Claude Dessendre, installé à Saint-Maurice-lès-Couches. « En ce qui concerne l’activité vigne et cave, cela n’a rien perturbé car nous sommes une structure familiale. Par ailleurs, il faut aussi savoir que, dans le Couchois, il y a pas mal de vrac » Et donc un moindre impact de la crise actuelle que traverse notre pays. Ce qui n’est pas le cas pour les bouteilles. « Il n’y a personne dans les caveaux. L’activité bouteille est dans le dur ». Avec, pour conséquence, aucune vente. « En ce qui nous concerne au domaine, nous avions deux grosses foires au mois d’avril. Cela va générer un manque à gagner de l’ordre de 25.000 €. Mais le vin n’est pas perdu, il est toujours en cave. Il y aura juste un décalage des ventes dans le temps pour les bouteilles ». Et de poursuivre avec une note plus gaie :« heureusement, nous sommes passés à côté du gel malgré les températures négatives » ces dernières semaines. Concernant la future Ronde du Couchois, même si les incertitudes sont nombreuses, elle devrait a priori avoir lieu le premier week-end d’août. « Pour l’instant, il n’y a pas d’annulation évoquée. S’il n’y a pas de confinement à ce moment-là, on peut tout à fait envisager de mettre en place des mesures de sécurité nécessaires à sa bonne tenue ».