Un mécénat participatif pour restaurer deux statues retrouvées à Laives

Datée par dendrochronologie de la première moitié du XIème siècle, l’église romane Saint-Martin-du-Haut de Laives est l’une des plus anciennes de la région. Au pied du mur extérieur sud de la nef, à quelques centimètres sous terre, les archéologues ont découvert, lors d’un diagnostic archéologique réalisé en 2014, des fragments de statues dont ceux de deux personnages en pierre calcaire.

Fragments

Le premier, en deux morceaux, est une femme en pied, de 1,20 m. Ses genoux sont légèrement fléchis. Elle est vêtue d’une longue robe aux plis harmonieux, maintenue à la taille par une ceinture se terminant par un motif décoratif et une chaînette qui descend presque jusqu’au bas de la robe. Un long manteau est jeté sur ses épaules. Son visage a été bûché mais sa tête conserve une longue chevelure ondulée. Son bras gauche soutient un livre ouvert et un pot au couvercle conique que sa main droite semble vouloir entrouvrir. Ce pot à onguent est traditionnellement associé à sainte Marie-Madeleine.

Le second est masculin. Sculpté grandeur nature, il n’en subsiste que la partie supérieure du torse, la tête et le bras gauche. Il est vêtu d’un habit monastique à capuchon. Son bras gauche est replié pour soutenir un livre ouvert. Sa tête est entière, hormis le nez qui a été bûché. Le capuchon laisse dépasser une couronne de cheveux bouclés. Le visage dégage une expression doloriste malgré l’absence des pupilles qui devaient être peintes.

Outre ces deux statues, 52 fragments de terres cuites ont été mis au jour. Ils formaient au moins une statue, mais trop de morceaux manquent pour une restitution. Un élément porte la date de 1782. Le vandalisme et l’enfouissement des vestiges pourraient dater de la période révolutionnaire quand l’église a été convertie en temple de la Raison.

6.400 € à récolter

Pour présenter les statues, une importante phase de conservation curative est nécessaire. Des spécialistes vont nettoyer les restes de terre, consolider les peintures adhérentes à la pierre et coller les parties séparées afin d’enrayer le processus de dégradation. Par la suite, il devrait y avoir une étude des pigments utilisés pour la polychromie. Pour partager avec le public cette découverte, l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) organise jusqu’au 6 avril une levée de fonds de 6.400 € sur la plateforme en ligne commeon.fr. La restauration permettrait d’apercevoir ces statues lors de l’exposition itinérante « Quoi de neuf au Moyen Âge ? » à l’abbaye de Tournus (juin-septembre), puis de façon pérenne à Laives.