Accès au contenu
Désherbage des maïs 2010

Une année difficile

On se souviendra de 2010 comme d'une année difficile en matière de désherbage des maïs. Les conditions climatiques ont souvent enrayé l’efficience des programmes choisis par les agriculteurs et l’envolée des coûts de protection se confirme. La bonne nouvelle de l’année, c’est que la gamme des solutions chimiques s’élargit et donne espoir pour la campagne à venir. Le point avec l'AGPM.

desherbage_mais.JPG
Le désherbage reste un point technique crucial pour la réussite des cultures de maïs et ce d’autant que la généralisation progressive des semis plus précoces, donc avec des plantes plus vulnérables à la compétition des mauvaises herbes, complique la donne. En effet, le temps d'installation de la culture est alors plus long et les gabarits de maïs sont plus compacts laissant ainsi entrer la lumière plus durablement entre les rangs ce qui nécessite une protection plus longue face aux levées d'adventices. La flore printanière - notamment dicotylédone telle que véroniques, linaires, pensées… - est également favorisée par les semis précoces.

Des coûts qui ont doublé en cinq ans !



En 2010, la séquence sèche du printemps a diminué l’efficacité des stratégies de pré-levée à partir du 15 avril, puis les froids de mai ont rendu les maïs plus vulnérables à des phytotoxicités. Au final, 2010 restera comme une année difficile en matière de désherbage et confirme aussi l’envolée des coûts constatée depuis 3 ans. Ce coût moyen a doublé, passant de 30 €/ha dans les années antérieures à 2005 à 60 €/ha ces trois dernières années. Ce phénomène est général dans les grandes cultures, les coûts de désherbage du blé, du colza par exemple, devenant régulièrement supérieurs à ceux du maïs. Le maïs reste avantagé aussi grâce à la multiplicité des solutions et des familles chimiques disponibles.
2010 a été marqué par l’apparition d’une offre commerciale très diversifiée de "pré-mix" comme cela existe depuis longtemps dans d’autres pays comme l’Allemagne par exemple. Ces mélanges ont l’avantage d’élargir le spectre d’action de chaque intervention, mais l’inconvénient d’apporter une partie de substances actives inutiles au moment du traitement.
De la même façon, la tendance observée de passage de stratégies de pré-levée vers la post-levée précoce n’a pas donné tous les résultats escomptés. Le désherbage en passage unique (toujours espéré par les agriculteurs) se révèle impossible bien souvent et seules les doubles applications permettent de sécuriser la protection. La post-levée précoce, séduisante dans son concept, est souvent délicate à mettre en oeuvre. Combinant à la fois des herbicides racinaires et des herbicides foliaires, elle nécessite que les conditions agro météorologiques soient favorables à ces deux types de produits. Il faut en effet une humidité suffisante du sol (et une pluviométrie significative après le traitement) pour assurer la bonne efficacité des produits racinaires, mais il faut également intervenir avec une hygrométrie supérieure à 60-70 % pour garantir une efficacité suffisante des produits foliaires sur les adventices déjà levées.

Trois nouvelles substances actives



Après plusieurs années de disette, l’offre "produits" s’est étoffée récemment sur maïs avec l’arrivée de plusieurs nouvelles substances actives et spécialités. Depuis début 2009, seize nouveautés sont apparues sur le marché du désherbage du maïs, dont trois nouvelles substances actives (tembotrione, thifensulfuron-méthyl, tritosulfuron).
On observe que le mouvement de multiplication de spécialités génériques se poursuit autour de substances actives basiques de la post-levée : nicosulfuron, sulcotrione, bromoxynil. Ces substances actives éprouvées demeurent des éléments essentiels de la construction des programmes
de post-levée avec des repositionnements des prix significatifs.
Pour ce qui est des "nouvelles" spécialités, elles peuvent se classer en deux catégories :
des spécialités destinées à compléter le spectre des mélanges de base (tricétone + sulfonylurée) sur la flore difficile typique de l’après atrazine, principalement des dicotylédones annuelles : renouée des oiseaux, renouée liseron,mercuriale, géranium, datura…
Sans relever très fortement le standard d’efficacité, ces spécialités offrent une diversification de solutions appréciable pour s’adapter à la carte à la flore présente. On compte dans cette catégorie trois sulfonylurées à spectre anti-dicotylédones (prosulfuron, thifensulfuron-méthyl et tritosulfuron) formulées seules ou parfois avec du dicamba élargissant leur spectre sur les dicotylédones vivaces.
des "prémix" à large spectre destinés à offrir aux producteurs des solutions globales visant à utiliser moins de produits et moins de passages quand les conditions d’efficacité le permettent. Ces "prémix" étaient surtout présents en pré-levée avec des associations à base de chloroacétamide complétés d'un antidicotylédone (pendiméthaline, mésotrione, metosulame, IFT) mais ils apparaissent maintenant en post-levée aussi avec un produit apportant à la fois nicosulfuron et mésotrione. Enfin, on peut citer l'arrivée sur le marché d'une nouvelle tricétone, la tembotrione, qui vient compléter la gamme des sulcotrione et mésotrione en post-levée. Cette substance active existe dans deux types de spécialités ; l'une où elle est formulée seule et l'autre ou elle est complétée de bromoxynil renforçant son efficacité sur les dicotylédones difficiles.
Globalement, et dans l’attente de l’arrivée d’autres innovations, l’élargissement des solutions de post-levée observé depuis deux ans offre donc de réelles possibilités d’optimisation des désherbages du maïs.
Notons également que bien que la flore se diversifie du côté des dicotylédones, la pression en graminées estivales ne faiblit pas. Face à ce type de flore, les stratégies de pré-levée mettant en œuvre un chloroacétamide, restent une valeur sûre quant à leur efficacité et leur sélectivité.
Toutefois, lors de printemps particulièrement secs ou dans des situations où les stratégies de post-levée semblent plus justifiées (en présence de graminées et de dicotylédones nouvelles par exemple), le concept DuoSystem devient très intéressant. Cette stratégie fait appel à la cycloxydime, herbicide foliaire à spectre spécifiquement adapté aux graminées annuelles et vivaces. Son utilisation nécessite le choix d'une variété de maïs naturellement tolérante à la cycloxydime ce qui lui confère une très bonne sélectivité. Des associations sont également possibles avec une tricétone et/ou un herbicide complémentaire de post-levée pour couvrir tout le spectre des dicotylédones diversifiées.
Mais l’engouement pour les "blend" ne doit pas faire oublier les nécessités et les fondamentaux du désherbage : intervenir au bon moment, assurer l’efficacité de base, avoir des possibilités de rattrapage.




Encadré sans titre



140, c’est le nombre d’espèces d’adventices observées en moyenne dans un maïs chaque année (de 2002 à 2009). Certaines espèces qu’on croyait en voie d’extinction dans les maïs, à l’époque où on utilisait l’atrazine, sont aujourd’hui en recrudescence.





Un paysage floristique qui évolue





Ces dernières années, le paysage floristique des parcelles de maïs a évolué. En 2002, on dénombrait en moyenne 5 espèces dominantes dans les parcelles d’essais désherbage. En 2010, ce sont en moyenne 5.4 espèces, soit une espèce dominante de plus sur une parcelle sur deux. Ce qui a surtout changé c’est la composition du groupe de tête.





Insérer ici le tableau








On observe bien l’augmentation de la fréquence des sétaires et digitaires mais surtout la montée en puissance de trois espèces de dicotylédones : la mercuriale annuelle, la renouée des oiseaux et la renouée liseron. Cette évolution modifie les stratégies de désherbage et explique l’augmentation de la


post-levée et donc la nécessité des herbicides de complément (bromoxynil, bentazone, prosulfuron, tritosulfuron, thifensulfuron…).






Images

Documents