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Conjoncture céréalière

Une année "exceptionnelle"

A l’occasion de sa réunion mensuelle du 11 mai, le conseil spécialisé Céréales de FranceAgriMer a confirmé le bilan exceptionnel des
exportations de blé français vers les pays tiers. Mais il s’est refusé
à chiffrer les dégâts qu’aura indéniablement causés la sécheresse et garde l’espoir de
pluies salvatrices.
Par Publié par Cédric Michelin
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La sécheresse est le grand sujet d’actualité agricole et le conseil spécialisé Céréales de FranceAgriMer, réuni le 11 mai, n’y a pas dérogé. Relativement rassurant lors de sa réunion d’avril, le conseil doit constater que les pluies espérées ne sont pas arrivées et que la situation est préoccupante pour les céréales à paille (les dégâts sont sans doute irréparables sur les orges de printemps). Mais il se refuse à avancer des chiffres sur les dégâts de la sécheresse, position qu’il observe d’ailleurs en année normale, considérant qu’on ne peut évaluer une moisson qu’une fois celle-ci engrangée. Les représentants du conseil Céréales se contentent donc de constater que le millésime 2010 ne sera pas celui d’une très grande récolte, et surtout d’envisager une forte hétérogénéité, selon les régions (le Sud-Est, par exemple, a connu des pluies salutaires), des dates de semis ou de la densité des terres.
Même le dernier rapport du ministère américain de l’Agriculture (Usda) sur les prévisions mondiales de récoltes céréalières en 2011, qui influe fortement sur le marché mondial, est contesté par la plupart des analystes, malgré les moyens dont dispose l’Usda. Néanmoins, le système de notation régulière de l’état des cultures pratiqué outre-Atlantique constitue un outil pour la surveillance de l’avancée de la végétation. Ce qui a séduit FranceAgriMer ; l’Office procède déjà à des relevés mais manque encore de références de ce type par rapport aux campagnes précédentes.
Le conseil spécialisé du 11 mai a aussi procédé aux habituels ajustements de ses bilans prévisionnels. On en retiendra la légère augmentation des exportations de blé tendre vers les pays les tiers, portées à 12,8 millions de tonnes (Mt). Au 1er mai, 11,5 Mt avaient été chargées à destination des pays tiers, contre 8,5 les années précédentes.

Volatilité structurelle


Malgré ce chiffre record, le stock de report se maintiendrait à 2,2 Mt, ce qui est léger. Mais en fin d’année dernière, la prévision était tombée à 1,7 Mt, laissant prévoir une fin de campagne étriquée. Heureusement, une collecte exceptionnelle prévue à 32,9 Mt, déjà réalisée à 94 %, permettra d’assurer une soudure sans heurts. Rémi Haquin, président du conseil spécialisé Céréales, insiste sur la vocation exportatrice française en blé et la nécessité de soutenir la production en ce sens.
Pour les autres grandes céréales, les révisions de bilans ont surtout porté sur les perspectives d’exportations, entraînant celles des stocks de report. C’est le cas de l’orge, avec une réduction du report de 300.000 t, à 1,6 Mt. Alors que le report de maïs est porté de 2,5 à 2,8 Mt.
Enfin, depuis plusieurs semaines, les prix sur les marchés à terme céréaliers connaissent des fluctuations considérables, sans commune mesure avec les fondamentaux. FranceAgriMer le déplore : « Les cours mondiaux sont sous l’influence de facteurs extérieurs (action des fonds, situations économiques précaires, tensions géopolitiques en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, tsunami au Japon…) et aussi, de manière presque accessoire serait-on tenté d’écrire, des fondamentaux du marché. La volatilité des cours apparaît désormais comme un phénomène structurel ».

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