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Vitiscopie

Une embellie avant un futur très incertain

La présentation de Vitiscopie 2019 du côté de Sennecé-lès-Mâcon a été l’occasion de prendre conscience de la bonne santé de la viticulture du département. Une bonne nouvelle qui sera largement tempérée par l’actuel épisode lié au covid-19.

Par Régis Gaillard
Une embellie avant un futur très incertain
Lors de la présentation effectuée par CER France (ici le président départemental Vincent Landrot), force est de constater que la bonne santé financière de la filière demeure très dépendante du contexte international.

Chez les coopérateurs, comme en 2018, les résultats attendus en 2019 sont dopés par les volumes conséquents et leur très bonne valorisation pour les millésimes en cours de règlement. En parallèle, une très bonne adéquation des charges permet d’espérer pour 2019 un EBE de près de 110.000 € en moyenne comme en 2018.
2019 est également une année marquée par une reprise notable des investissements pour partie autofinancés, dégradant dès lors les trésoreries. Les annuités progressent raisonnablement pour atteindre 38.000 € en moyenne. Le taux d’endettement se stabilise à près de 45 % sur les dernières campagnes. À noter que cette reprise des investissements impacte le niveau de capital des exploitations encore et toujours à la hausse, ce qui interpelle forcément par rapport à leur transmissibilité. Malgré l’envolée de l’EBE en 2018 et en 2019, le résultat par UTAF reste stable entre 2018 et 2019, autour de 58.000 € par UTAF. Cela s’explique par l’augmentation des amortissements. Il convient toutefois d’adopter une attitude prudente pour 2020 et 2021 car les faibles volumes récoltés en 2019 entreront dans l’équation.
La tendance amorcée l’an passé se conforte. Ainsi, 43 % des exploitations ont un revenu supérieur à 60.000 € par UTAF quand elles étaient 22 % en 2016. Une forte dispersion des revenus demeure mais la part des exploitations aux revenus les plus faibles (moins de 20.000 € par UTAF) diminue depuis deux ans.

Un résultat par UTAF élevé

Chez les viticulteurs commercialisant au négoce ou en bouteilles, les résultats 2019 sont attendus à la hausse de façon plus marquée. L’effet volume de la vendange 2018 se faisant sentir plus rapidement au travers des ventes en vrac ou des hausses des stocks, cela devrait permettre d’obtenir un résultat 2019 de 64.000 € par UTAF. Là encore, une vague d’investissements s’observe sur les deux dernières campagnes, ce qui impacte annuités et trésoreries. Cependant, les viticulteurs commercialisant en vrac ou en bouteille disposent globalement de réserves de trésorerie correctes pour aborder les années à venir, sous réserve de continuer à maîtriser leur taux d’endettement.
Ces réserves de trésorerie seront bien utiles pour passer le cap des années 2020 et 2021. Le faible volume de la vendange 2019 devrait conduire à une baisse des résultats. À voir de quelle façon sera compensée cette baisse : indemnités d’assurance pour les exploitations en ayant souscrit une, réintégration de VCI des campagnes précédentes, évolution des prix à la bouteille, développement d’activité de négoce en parallèle…

Plus généralement, les aléas climatiques rencontrés ces dernières années doivent conduire les viticulteurs à rechercher une sécurisation de leur niveau de produit et ce, dans un contexte de conjoncture mondiale bousculée (Brexit, États-Unis…) et de pression sociétale grandissante. Il convient de noter que 42 % des domaines décrochent un revenu supérieur à 60.000 € par UTAF. Par contre, la part des exploitations ayant un revenu inférieur à 20.000 € par UTAF est trois fois plus importante que chez les coopérateurs.

Quid de l’impact du covid-19 ?

Le contexte, s’il a été favorable en 2019, a été marqué par des annonces importantes : nouvelles lois sur les ZNT riverains, perspectives de nouvelles taxes américaines, Brexit… Dès lors, il est difficile de se projeter à moyen terme. Il y a la nécessite d’anticiper en trésorerie la gestion des prélèvements obligatoires qui resteront élevés dans les années à venir alors que la disponibilité en trésorerie sera réduite. Une analyse qui ne tenait pas compte des conséquences aussi brutales qu’inattendues de la pandémie mondiale liée au covid-19.