Accès au contenu
Couverts associés au colza

Une innovation technique en expérimentation

Les premiers résultats des essais Cetiom - obtenus dans le Berry - sur les couverts associés au colza sont encourageants. Ils ont permis d’identifier les intérêts et les limites de cette technique. Cependant, l’extrapolation des premiers résultats à d’autres contextes régionaux reste à faire.
1933--colza_-associe-a_de_la-lentille-jung.jpg
Le choix du couvert se réfléchit selon ses objectifs et le contexte parcellaire. Cette innovation a été mise en œuvre en Champagne berrichonne pour répondre spécifiquement à un défaut de croissance et de potentiel du colza. Les couverts associés couplés au semis direct s’annonçaient comme une piste pertinente pour apporter de l’azote au colza (couverts associés de légumineuses), limiter la levée des géraniums (semis direct), voire améliorer la structure du sol (le système racinaire du couvert palliant l’absence de travail du sol).
L’expérimentation d’un couvert associé au colza doit se faire suite à un diagnostic agronomique de sa parcelle et être couplée éventuellement avec d’autres solutions agronomiques si nécessaires (techniques culturales simplifiées, précédents au colza…). Il faut alors se doter de moyens pour vérifier les gains attendus (ne pas semer la totalité de la parcelle, comparer les pesées de colza à floraison, comparer les rendements, comparer la flore adventice plus précisément…), car les résultats obtenus dans le Berry restent des performances liées à ce contexte pédoclimatique.
Les choix d’un couvert varieront en fonction d’attentes vis-à-vis d’azote, de lutte contre les adventices et/ou de restructuration du sol. Des essais sont prévus pour voir l’impact des couverts sur les insectes. Enfin, les semences doivent être facilement disponibles dans l’exploitation ou dans la région pour réduire les coûts.

Profiter de l’azote du couvert gelé



Pour un bénéfice plus important vis-à-vis de la nutrition azotée, il faut privilégier les légumineuses dans l’association. Ces légumineuses doivent alors être gélives pour se dégrader, minéraliser et apporter un complément d’azote au colza au printemps. En cas de non gel, dans nos essais, nous avons remarqué que les couverts concurrencent la croissance du colza au printemps. Pour éviter le recours à un herbicide supplémentaire pour éliminer le couvert, il faut être vigilant sur leur seuil de "gélivité" dans la région.
Dans les premiers essais du Cétiom dans le Berry, on obtient une absorption supplémentaire à l’automne de 25 unités d’azote que l’on retrouve à floraison dans le colza. Le bénéfice de cette technique pour compléter la fertilisation azotée n’est pas systématique pour tous les couverts. Il faut choisir régionalement un couvert de légumineuse qui se développe rapidement à l’automne pour fixer rapidement de l’azote sans tout fois gêner le développement du colza.

Augmenter la compétition avec les adventices



Augmenter la compétition vis-à-vis des adventices est un autre objectif des couverts. Pour cela, on choisira un couvert couvrant rapidement, sans pour autant pénaliser l’implantation du colza. Dans les essais du Cetiom, la lutte contre le géranium très problématique utilise une double innovation. L’absence de travail du sol (semis direct) pour limiter la levée des géraniums et le couvert associé qui parfois diminue leur croissance parait un bon compromis pour obtenir un colza non pénalisé par ces adventices. En tout état de cause cette solution ne peut être que complémentaire du désherbage chimique allégé (pour ne pas détruire le couvert) ou mécanique mais peut permettre de limiter la pression adventice dicotylédone.

Des effets sur la structure du sol



Autre avantage remarqué des couverts associés dans les essais du Cétiom en semis direct : amélioration de la structure du sol. Des mesures au pénétromètre complété de profils racinaires ont été réalisées. Le couvert associé montre un impact positif sur la structure du sol. L’amélioration de cette structure par le système racinaire des couverts testés permet une meilleure croissance du pivot du colza et améliore son alimentation racinaire. Dans l’attente d’un bénéfice sur la structure du sol, il faut être attentif au système racinaire du couvert associé dans le choix de celui-ci.

Les premiers enseignements pratiques



Avant de tenter cette innovation, il est impératif de prendre quelques précautions et de choisir un couvert adapté à son contexte et ses objectifs (azote, structure, compétition avec les adventices). Il ne faut pas se lancer sur une surface importante en colza dès la première année. Pour limiter les échecs, il est plutôt conseillé de tester au préalable plusieurs couverts sur de petites surfaces. L’objectif est de vérifier les aspects gélif, non concurrentiel, poussant, pivotant et couvrant de l’espèce associée. Les densités de semis des associations sont également à adapter selon le contexte parcellaire et les objectifs visés (azote, structure, étouffement des mauvaises herbes…). On privilégiera plusieurs espèces dans le couvert pour répondre à plusieurs objectifs, pour s’assurer de la présence d’un couvert même en cas de non levée de certaines graines, pour limiter la stratification dans la caisse du semoir. L’implantation du colza et du couvert se fait simultanément et doit s’anticiper légèrement de 4-5 jours.
Des essais régionaux sont prévus au sein des stations expérimentales du Cétiom pour valider régionalement cette innovation et les éventuels gains qu’on peut en attendre.


Pus d'infos


Retrouvez l’avancée des travaux du Cétiom et de ses partenaires sur les couverts associés sur le site internet de l’institut (www.cetiom.fr) dans une nouvelle rubrique "Techniques innovantes".



De quoi parle-t-on ?


Quelques associations et densités de semis testées par le Cetiom (données à titre indicatif) :

Lentilles fourragères ou alimentaires (20 à 30 kg/ha)

Gesse (15 kg/ha) + Fenugrec (10 kg/ha) + Lentille (10 kg/ha)

Féveroles (50 à 70 kg/ha)

Pois fourrager (45 kg/ha)




Images