Tassement des sols
Une menace encore mal appréhendée
Les connaissances sur le tassement des sols, un phénomène qui peut altérer la production agricole et forestière, restent parcellaires. Si une cartographie des risques de tassement est en cours en France, les outils méthodologiques font encore défaut. Un colloque organisé en février dernier par l’Inra a permis de faire le point.
Développer des indicateurs, établir une cartographie, mettre en place des outils opérationnels… Le monde de l’agronomie et des sciences du sol est en plein travail. Le sol reste en effet un grand inconnu, tout comme les altérations dont il peut souffrir. Michel Martin, ingénieur chez Arvalis, reconnaît que les connaissances font encore défaut pour formuler des recommandations claires et précises aux agriculteurs pour lutter contre le tassement du sol dans les parcelles. Vaut-il mieux privilégier le passage des engins sur un parcours bien délimité - et provoquer un tassement certes sévère mais localisé - ou au contraire favoriser un passage général sur la parcelle ? A cette question, Michel Martin avoue ne pas avoir de réponse.
Risque maximum en période de récolte
Les connaissances restent, de fait, encore relativement générales. « Pour les grandes cultures, les opérations de récolte sont les phases de risque maximum (en termes de tassement, NDLR), notamment en cultures d’automne (betteraves…) et en cultures industrielles irriguées. Mais il existe des marges de progrès en réduisant les déplacements des engins dans les parcelles », explique l’ingénieur d’Arvalis. Méthodes de diagnostic rapide et prévision des risques sont deux attentes fortes des professionnels. Selon l’Inra, des simulations effectuées pour deux régions de grandes cultures ont montré que le tassement aboutissait à une diminution de la marge brute des principales cultures d’environ 10 %.
La forêt aussi
Constat également inquiétant du côté de la forêt. « Depuis 40 ans, la masse des machines qui interviennent en forêt augmente régulièrement », explique Didier Pischedda (Office national des forêts). Or, un engin porteur de bois peut peser jusqu’à 40 tonnes lorsqu’il est en charge… « Sur le temps de vie d’un peuplement forestier, les surfaces circulées - c’est-à-dire tassées - peuvent couvrir jusqu’à 100 % de la surface forestière », ajoute le responsable de l’ONF. Autre facteur aggravant, la logique des flux tendus qui amène les forestiers à aller chercher le bois en forêt au gré des commandes et indépendamment du taux d’humidité du sol et du climat.
En attente de données
Or, comme le rappelle Guy Richard (Inra-Orléans), « les passages successifs d’engins en conditions humides engendrent surtout des processus de compression et de cisaillement qui aboutissent à une diminution de la porosité structurale ». « En réduisant les capacités d’aération et d’infiltration, en limitant l’enracinement des cultures, le tassement affecte la plupart des fonctions agronomiques et environnementales des sols », qu’ils soient agricoles ou forestiers. Tout comme pour l’agriculture, le monde forestier est en attente de données sur l’étendue du phénomène et l’élaboration d’outils méthodologiques. De nombreuses questions restent en suspens quant au lien, par exemple, entre le tassement et le dépérissement des arbres. Comment prévoir le taux d’humidité sans être physiquement présent dans chaque parcelle en coupe ? Quels sont les effets à long terme du tassement ? Autant de questions pour l’heure sans réponse. Or, il y a urgence. « Quelque 20 millions de m3 de bois doivent être mobilisés d’ici 2020 en bois-énergie » pour répondre aux objectifs de développement des énergies renouvelables, rappelle Didier Pischedda. A ses yeux, « il est grand temps d’avoir des données objectives ! » « Oui, le tassement des sols est un risque important de par ses conséquences et du fait de la lenteur de la remédiation naturelle », confirme Marion Bardy, au nom du ministère de l’Ecologie. « Mais, il existe beaucoup de perspectives en termes de prévention. D’ici peu, des outils seront disponibles », conclut-elle, optimiste.
Risque maximum en période de récolte
Les connaissances restent, de fait, encore relativement générales. « Pour les grandes cultures, les opérations de récolte sont les phases de risque maximum (en termes de tassement, NDLR), notamment en cultures d’automne (betteraves…) et en cultures industrielles irriguées. Mais il existe des marges de progrès en réduisant les déplacements des engins dans les parcelles », explique l’ingénieur d’Arvalis. Méthodes de diagnostic rapide et prévision des risques sont deux attentes fortes des professionnels. Selon l’Inra, des simulations effectuées pour deux régions de grandes cultures ont montré que le tassement aboutissait à une diminution de la marge brute des principales cultures d’environ 10 %.
La forêt aussi
Constat également inquiétant du côté de la forêt. « Depuis 40 ans, la masse des machines qui interviennent en forêt augmente régulièrement », explique Didier Pischedda (Office national des forêts). Or, un engin porteur de bois peut peser jusqu’à 40 tonnes lorsqu’il est en charge… « Sur le temps de vie d’un peuplement forestier, les surfaces circulées - c’est-à-dire tassées - peuvent couvrir jusqu’à 100 % de la surface forestière », ajoute le responsable de l’ONF. Autre facteur aggravant, la logique des flux tendus qui amène les forestiers à aller chercher le bois en forêt au gré des commandes et indépendamment du taux d’humidité du sol et du climat.
En attente de données
Or, comme le rappelle Guy Richard (Inra-Orléans), « les passages successifs d’engins en conditions humides engendrent surtout des processus de compression et de cisaillement qui aboutissent à une diminution de la porosité structurale ». « En réduisant les capacités d’aération et d’infiltration, en limitant l’enracinement des cultures, le tassement affecte la plupart des fonctions agronomiques et environnementales des sols », qu’ils soient agricoles ou forestiers. Tout comme pour l’agriculture, le monde forestier est en attente de données sur l’étendue du phénomène et l’élaboration d’outils méthodologiques. De nombreuses questions restent en suspens quant au lien, par exemple, entre le tassement et le dépérissement des arbres. Comment prévoir le taux d’humidité sans être physiquement présent dans chaque parcelle en coupe ? Quels sont les effets à long terme du tassement ? Autant de questions pour l’heure sans réponse. Or, il y a urgence. « Quelque 20 millions de m3 de bois doivent être mobilisés d’ici 2020 en bois-énergie » pour répondre aux objectifs de développement des énergies renouvelables, rappelle Didier Pischedda. A ses yeux, « il est grand temps d’avoir des données objectives ! » « Oui, le tassement des sols est un risque important de par ses conséquences et du fait de la lenteur de la remédiation naturelle », confirme Marion Bardy, au nom du ministère de l’Ecologie. « Mais, il existe beaucoup de perspectives en termes de prévention. D’ici peu, des outils seront disponibles », conclut-elle, optimiste.