Une offre tendue
représentants de FranceAgriMer ont fait le point sur la moisson
française de céréales en 2011 et la campagne de commercialisation
2011/2012. Celle-ci devrait se terminer sur des niveaux de stocks
particulièrement bas en France en raison de niveaux d'utilisation et
d'exportation soutenus face à des disponibilités françaises plutôt en
baisse.
Le blé prend des parts de marché au maïs
La collecte prévisionnelle est en baisse en blé tendre par rapport à l'an dernier en raison d'une hausse attendue des utilisations à la ferme de 1 Mt. De plus, pour le moment, le blé est la culture la plus compétitive pour l'alimentation animale, que ce soit en autoconsommation ou chez les fabricants. C'est pourquoi Xavier Rousselin a estimé qu'en France une hausse de 30 % des incorporations de blé en alimentation animale devrait être observée cette année, les volumes passant de 4,3 Mt à 5,6 Mt. Ces utilisations se faisant au détriment du maïs et de l'orge, cultures nettement moins compétitives cette année. En revanche, les expéditions françaises de blé tendre vers l'Union européenne sont attendues en légère baisse à 6,38 Mt, contre 6,681 Mt en 2010/2011. Cette tendance est liée, selon lui, au retour de l'Allemagne sur les marchés nord-européens. Vers les pays tiers, les exportations de blé tendre tomberaient à 8 Mt, contre 12,9 Mt sur la campagne précédente. Les réductions touchant principalement les destinations comme l'Egypte ou le Yemen. Enfin le stock de report prévisionnel s'établirait à 2,258 Mt, en baisse de 22,9 % par rapport à la campagne précédente, ce qui constitue un bilan blé serré. « L'export de 1,5 Mt fin août vers l'Algérie montre que les exportations se portent bien avec une demande bien présente », a commenté Xavier Rousselin.
Un maïs français compétitif à l'exportation
En maïs, la production en grain est attendue à 14 Mt. Les utilisations se replieraient en amidonnerie, avec une hausse attendue des utilisations de blé. Les fabricants d'aliments du bétail n'utiliseraient cette année que 2,9 Mt, en baisse de 16 % par rapport à la dernière campagne. En revanche, les exportations françaises vers l'Union européenne progresseraient en raison d'importations de maïs brésiliens et argentins très limitées sur 2011/2012, les prix n'étant pas compétitifs. De plus une forte demande du nord de l'Europe, mais aussi de la péninsule ibérique, devrait tirer les exportations de maïs français, a souligné Xavier Rousselin. Selon lui, l'Ukraine, malgré une forte progression de sa production de maïs grâce aux OGM, ne sera pas forcément un concurrent sur le marché européen car la qualité de sa production ne convient pas à ce débouché pour le moment. Globalement on devrait assister à une hausse des exportations de maïs depuis l'Union européenne, qui est plus compétitive que les productions américaines d'après Xavier Rousselin. Selon lui, les expéditions françaises vers pays tiers atteindraient les 350.000 t, notamment vers l'Algérie qui a déjà acheté 100.000 t le 12 septembre dernier. Les stocks de report en maïs toucheraient les 1,936 Mt. « Un niveau parmi les plus faibles depuis bien longtemps en raison d'un marché tendu par des prix élevés », a souligné Xavier Rousselin.
Des baisses de productions et de stocks en orge et en blé dur
En orge, la production française avoisine les 8,9 Mt, en baisse de 12 % par rapport à la récolte 2010, principalement suite aux fortes baisses de production sur les variétés de printemps ayant souffert de la sécheresse. Si les utilisations intérieures doivent rester stables, les expéditions françaises vers l'Union européenne pourraient baisser de 18 % à 3,6 Mt en raison d'une bonne récolte en Espagne a expliqué Xavier Rousselin. Vers les pays tiers, les estimations montrent que 700.000 t pourraient être exportées, une baisse de 40 % liée au retour de l'Ukraine qui devrait alimenter le bassin méditerranéen.
Le stock de report atteindrait un niveau « minimum » de 780.000 t, en baisse de 45 % par rapport à 2010/2011. Enfin, la production de blé dur atteindrait les 2,023 Mt, en baisse de 20 % par rapport à 2010/2011 en raison d'une baisse des rendements et des surfaces. Avec des utilisations intérieures inchangées à 500.000 t, Xavier Rousselin a estimé un surplus exportable de 1,7 Mt, dont 650.000 t à destination de l'Union européenne et 850.000 t vers les pays tiers. A la fin de la campagne 2011/2012 le stock de report français en blé dur devrait être très faible à 65.000 t.
Stockage : un plan silos de 5 Mt de nouvelles capacités
FranceAgriMer a annoncé, le 13 septembre, soutenir la proposition de la filière céréales de lancer un plan silos de 5 Mt de nouvelles capacités de stockage, soit 10% des capacités détenues par les organismes stockeurs, dont 2,5 Mt à court terme. 170 projets ont été identifiés dans 96 coopératives, pour une capacité de stockage de 2,6 Mt à construire. Mais deux principaux freins bloquent ces projets : le foncier d’une part, puisque les zones de sécurité exigées supposent des emprises foncières importantes ; et la réglementation sur les risques industriels, d’autre part, mal adaptée aux silos et dont les délais d’instruction des dossiers sont jugés trop longs. FranceAgriMer qui ne peut soutenir financièrement ces projets indique en revanche vouloir travailler à adapter la réglementation sur les risques industriels, en permettant la construction de silos en zones agricoles et en rapprochant la réglementation française des exigences européennes. Les financements pourraient provenir de l’Union européenne et d’investisseurs (Sofiprotéol, Unigrains). La filière estime ce plan indispensable pour accompagner la hausse de la collecte et améliorer le fonctionnement du marché par un étalement des livraisons, une meilleure capacité à répondre aux besoins de stockage public et la prise en compte de l’importance croissante des exportations. Au cours des dix dernières années, la capacité de stockage de grains en France a diminué de 3 Mt alors que la collecte annuelle moyenne augmentait de 6 Mt.