Blé biologique
Variété et rotation pour améliorer la teneur en protéines
Une étude menée par des chercheurs de l’Inra met en lumière l’importance du choix de la variété semée et de la rotation (notamment de la culture précédente) pour améliorer la teneur en protéines du blé biologique afin de mieux répondre aux exigences de qualité de la filière.
Les cultures biologiques sont moins performantes en termes de rendement que les cultures dites « conventionnelles ». Au moment où le marché des produits biologiques se développe en Europe, il est important d’améliorer les performances quantitatives et qualitatives des cultures en agriculture biologique.
Certaines variétés de blé destinées à la panification sont sélectionnées pour leur teneur en protéines plus élevée. Les meuniers utilisent en effet des blés dont la teneur en protéines des grains est supérieure à 10,5% de la matière sèche. Le prix payé par les transformateurs aux producteurs dépend désormais fréquemment du contenu en protéines.
Cependant, le blé d’hiver cultivé en agriculture biologique se caractérise par une grande variabilité de sa teneur en protéines d’une année à l’autre ou d’une parcelle à l’autre. Afin de réduire ces variations, il est nécessaire d’identifier les facteurs explicatifs les plus importants et ceux sur lesquels il est possible d’agir.
Jusqu’à présent, aucune étude n’avait été menée sur l’importance relative de chacun de ces facteurs. Les travaux présentés dans cette publication comblent cette lacune. Une étude de terrain a été conduite sur 51 parcelles agricoles de blé d’hiver biologique dans le sud-est de la France. Ces parcelles ont été choisies de manière à couvrir une gamme très large de systèmes de culture.
Le diagnostic agronomique montre que le facteur prépondérant est le type de variété choisie. Il existe en effet une grande variabilité de la teneur en protéines obtenue entre des variétés de Blé Panifiable Supérieur (dites BPS) et des variétés de Blé Améliorant de Force (dites BAF), à haute teneur en protéines.
Vient ensuite l’indice de nutrition azotée au moment de la floraison, c’est-à-dire l’état azoté de la culture, qui a un effet positif sur la teneur en protéines du grain. Cet effet était déjà connu mais l’étude a permis d’analyser l’origine de sa variabilité. Il dépend essentiellement de la culture précédente. Par contre, il dépend peu de la fourniture d’azote sous forme d’apports organiques pendant le cycle de culture.
Fourniture d'azote primordiale
Cette étude montre l’importance de la dynamique de la fourniture d’azote en culture de blé biologique, plus encore qu’en culture conventionnelle. En effet, l’azote lié aux apports organiques n’est pas toujours rapidement disponible pour la culture et son utilisation est plus difficile à optimiser. Par contre, en cas de légumineuse comme culture précédente (par exemple la luzerne), la culture de blé couvrirait mieux ses besoins grâce à l’azote présent dans le sol issu de la minéralisation des racines et nodosités de la légumineuse. La rotation des cultures est donc un élément important pour gérer la fourniture d’azote. Les mauvaises herbes arrivent en troisième position : leur densité au moment de la floraison pourrait jouer un rôle positif sur le taux de protéines. Du fait de la présence en nombre de mauvaises herbes qui résistent au désherbage mécanique, les rendements sont plus faibles, ce qui pourrait expliquer la plus forte teneur en protéines du blé, par effet de concentration. Leur quantité doit cependant être contrôlée pour éviter de nuire au rendement, en jouant notamment sur la rotation, en alternant cultures de printemps et cultures d’hiver. Les pratiques de faux-semis et/ou de semis précoce peuvent permettre également de réduire le stock semencier d’une année à l’autre dans ce type de systèmes. D’autres facteurs d’ordre climatique interviennent (températures, stress hydrique,..) dans une moindre mesure et sans que l’on puisse agir sur eux. Ces travaux mettent en lumière que la teneur en protéines du grain de blé, en agriculture biologique, pourrait être accrue en utilisant des variétés améliorées, de meilleures techniques de gestion de la fertilisation, des légumineuses comme précédents culturaux et en recherchant les semis précoces.Référence : Marion Casagrande¹, Christophe David², Muriel Valantin-Morison¹, David Makowski¹ and Marie-Hélène Jeuffroy¹ Factors limiting the grain protein content of organic winter wheat in south-eastern France: a mixed-model approach, Agron. Sustain. Dev. 29 (2009) 565-574. 1INRA, UMR211 INRA/AgroParisTech, 78850 Thiverval-Grignon, France 2Université Lyon, ISARA-Lyon, 23 Rue Jean Baldassini, 69364 Lyon Cedex 07, France
Fourniture d'azote primordiale
Cette étude montre l’importance de la dynamique de la fourniture d’azote en culture de blé biologique, plus encore qu’en culture conventionnelle. En effet, l’azote lié aux apports organiques n’est pas toujours rapidement disponible pour la culture et son utilisation est plus difficile à optimiser. Par contre, en cas de légumineuse comme culture précédente (par exemple la luzerne), la culture de blé couvrirait mieux ses besoins grâce à l’azote présent dans le sol issu de la minéralisation des racines et nodosités de la légumineuse. La rotation des cultures est donc un élément important pour gérer la fourniture d’azote. Les mauvaises herbes arrivent en troisième position : leur densité au moment de la floraison pourrait jouer un rôle positif sur le taux de protéines. Du fait de la présence en nombre de mauvaises herbes qui résistent au désherbage mécanique, les rendements sont plus faibles, ce qui pourrait expliquer la plus forte teneur en protéines du blé, par effet de concentration. Leur quantité doit cependant être contrôlée pour éviter de nuire au rendement, en jouant notamment sur la rotation, en alternant cultures de printemps et cultures d’hiver. Les pratiques de faux-semis et/ou de semis précoce peuvent permettre également de réduire le stock semencier d’une année à l’autre dans ce type de systèmes. D’autres facteurs d’ordre climatique interviennent (températures, stress hydrique,..) dans une moindre mesure et sans que l’on puisse agir sur eux. Ces travaux mettent en lumière que la teneur en protéines du grain de blé, en agriculture biologique, pourrait être accrue en utilisant des variétés améliorées, de meilleures techniques de gestion de la fertilisation, des légumineuses comme précédents culturaux et en recherchant les semis précoces.Référence : Marion Casagrande¹, Christophe David², Muriel Valantin-Morison¹, David Makowski¹ and Marie-Hélène Jeuffroy¹ Factors limiting the grain protein content of organic winter wheat in south-eastern France: a mixed-model approach, Agron. Sustain. Dev. 29 (2009) 565-574. 1INRA, UMR211 INRA/AgroParisTech, 78850 Thiverval-Grignon, France 2Université Lyon, ISARA-Lyon, 23 Rue Jean Baldassini, 69364 Lyon Cedex 07, France