La FNB rassemble contre le Mercosur
La Fédération nationale bovine (FNB) a organisé le 9 juillet à Paris, une manifestation contre le Mercosur à deux pas de l’ambassade du Brésil. Les éleveurs de viande bovine craignent toujours une scission de l’accord de libre échange qui ouvrirait la porte à une ratification.
Plusieurs dizaines d’agriculteurs venus de la région parisienne et des régions d’élevage se sont rassemblées, de manière pacifique et conviviale, en fin de matinée, le 9 juillet sur la place de la Reine Astrid dans le 16e arrondissement de Paris, à quelques encablures de l’ambassade du Brésil, à l’appel de la FNB. C’est de manière tout aussi symbolique que les organisateurs ont fait venir deux vaches charolaises de la Nièvre qui ont pu profiter du cadre ombragé de cette place parisienne. De nombreux orateurs se sont succédé à la tribune improvisée par quelques palettes derrière laquelle un calicot affichait un cinglant et explicité « Non aux accords UE / Mercosur » (cf. photos).
« Passage en force »
La FNB a eu vent d’une possible accélération du processus de ratification de l’accord et son président, Patrick Bénézit, a clairement dit « qu’il valait mieux prendre les devants […] car on craint un passage en force ». Aujourd’hui, la Commission européenne est tentée de scinder l’accord du Mercosur en deux. Dans ce cas, seule une majorité qualifiée suffit et non l’unanimité des pays membres. Cette majorité doit représenter au moins 55 % des États membres (soit au moins 15 pays) qui représentent eux-mêmes au moins 65 % de la population de l’UE à 27. Si minorité de blocage, il doit y avoir, alors celle-ci doit rassembler au moins quatre pays représentant plus de 35 % de la population. C’est pourquoi la FNB soutenue par la FNSEA, les Jeunes agriculteurs, les députés, sénateurs et le ministère de l’Agriculture, milite pour un accord global mixte qui contienne des éléments comme l’environnement, une des pierres d’achoppement du traité, en particulier sur le volet déforestation. Dans ce cas, la procédure de ratification exige qu’après la négociation par la Commission et l’accord du Conseil des chefs d’État et de Gouvernement, le texte soit approuvé par le Parlement européen. Il est ensuite transmis aux États membres qui peuvent le ratifier de deux manières : soit par les deux chambres (si le système parlementaire est bicaméral comme en France) soit par voie référendaire. La FNB, la FNSEA, JA et nombre d’organisations agricoles souhaitent ouvertement cette voie. Et surtout que le « Président de la République puisse opposer son droit de veto » avant même le passage devant le Parlement européen, plaide la FNB.
« Droit de véto »
Mais le syndicat des éleveurs s’inquiète des tergiversations du président de la République. En effet, lors de sa visite au Brésil le 6 juin dernier, il s’était déclaré, dans un entretien à une chaîne de télévision locale, « être prêt à accepter la signature de l’accord cette année ». En attendant de connaître l’issue de cet accord, les députés et sénateurs sont venus soutenir l’action de la FNB. Parmi eux, on reconnaissait les députés Dominique Potier (PS, Meurthe-et-Moselle), Julien Dive (LR, Oise), Stella Dupont (NI, Maine-et-Loire), le sénateur François Menonville, coauteur de la loi Duplomb. Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau et son secrétaire général, Hervé Lapie, étaient également présents, aux côtés d’autres acteurs des filières concernées, la CGB et la CFA notamment*. Arnaud Rousseau a rappelé les règles de « loyauté qui doivent régir et gouverner le commerce international […] L’Europe doit faire respecter ses contraintes comme les autres le font à notre égard », a-t-il soutenu, remerciant qu’une « très grande partie de la Nation soit mobilisée pour s’opposer à cet accord. Pour moi, depuis le début, c’est non au Mercosur sans ambiguïté », a-t-il martelé, demander à Emmanuel Macron d’activer son droit de veto. La FNSEA est toujours en attente d’un rendez-vous avec le chef de l’État sur ce dossier. La manifestation s’est terminée autour d’un bon barbecue de viande française.